Prologue. 1/2

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Je n'avais jamais pensé qu'un jour je devrais écrire un éloge funèbre. J'avais déjà songé au triste jour où je perdrais mes parents, je l'avais même bêtement espérer une fois alors que j'étais très en colère. Pour une petite histoire en plus. Mais je n'aurais jamais pensé enterrer la plus belle des histoires d'amour à 21 ans.

    Devant mon miroir, je regardais ce matin là une personne que je haïssais. Hélas ce reflet m'appartenait et même si j'avais pu m'en séparer je ne l'aurais pas fait. J'étais Mia Evergreen, j'avais 21 ans et mon âme sœur venait de mourir. Mes cheveux roux habituellement brillant et souple ne constituaient aujourd'hui qu'un chignon décousu et terne. Mon visage pâle et ordinairement bombé s'était crevé et avait ancré deux immenses cernes noires sous mes yeux. Les vestiges de mes larmes me brûlaient encore la peau tandis que mes lèvres craquelées dissimulaient les fissures plus profondes de mon corps qui s'étaient amorcées en moi et qui ne tarderai pas à me déchirer toute entière.

    Je me tenais devant ce miroir, debout, bête, stupide, immobile et vidée, sans savoir si j'aurais le courage de respirer plus longtemps. La serviette qui m'entourait et couvrait ma nudité me rendait honteuse. Elle n'aurait jamais acceptée que je me cache. Je la défaisait alors, comme un dernier hommage et me retrouvais nu face à mon image. Je n'avais pas le droit de me détester.

    Sur mon lit, ma mère avait déposée une robe noire, sobre. Une de celles que je détestais et qui rappelait ô combien la vie pouvait être triste. Je la prit dans les mains et la contempla sans goût. Je détestais le noir. Après l'avoir mise dans la poubelle, J'ouvrais mon grand placard blanc, probablement le seul élément sans couleur dans ma chambre, et partie en quête d'un vêtement qui serait digne d'elle.

    J'avais trouvé. J'avais trouvé une longue robe aux tâches pastels multicolore et à pompons de laine, elle était fluide et m'arrivait aux chevilles. Je l'assortie d'un collier de fleurs bleues et d'un bandeau de cheveux également multicolore qui faisait ressortir mes cheveux roux et mes yeux verts. Elle aurait adoré. J'étais habillé de la même façon le jour où nous nous sommes rencontrées. C'était à un festival de musique du genre hippie rock et également un de mes meilleurs souvenirs.

    Ma mère toqua timidement à la porte et passa la tête par l'embrasure. C'était une femme adorable. Une grande brune aux cheveux très courts et aux immenses billes noisettes. J'avais le même nez en trompette qu'elle est la même bouche épaisse. Elle fut surprise de me voir ainsi affublée et de voir la robe noire dans la corbeille à papier. Cependant elle ne dit rien et respecta mon deuil.

    — Ma puce... Joseph est arrivé, si tu veux tu peux descendre, ou je peux lui demander de monter, c'est comme tu veux. Fit-elle gêné.

    — Non, non, je vais descendre. Merci maman.

    En descendant l'escalier, je le vis, Joseph. Pourquoi tout avait toujours été aussi compliqué ? Je m'en voulais tellement que les larmes me montèrent une fois de plus dès que son regard croisa le miens et il me prit immédiatement dans ses bras. Ce qui me fit un bien fou. Je pouvais enfin m'abandonner et toute la tension que mes muscles avaient accumulés depuis ces trois derniers jours se relâcha. Il était revenu. Il ne m'avait pas abandonné. Ses yeux verts mousse plongèrent dans les miens et je fus soulagé de le voir ici, avec moi. Nous entretenions une histoire des plus compliquées.

*FR* Les étoiles de CassandraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant