Aïkida ne bougeait plus, son cerveau en ébullition, son cœur battant la chamade. Pourquoi il y a tant d'images de dragons ? Elle se rappela alors qu'Emelï lui avait fait part de sa découverte et pensait que c'était une collection. Mais la jeune fille savait que son père avait horreur des collectionneurs. Les sourcils froncés, elle observa les représentations de ces créatures magiques. C'était effrayant.
Elle prit un livre qui était ouvert et regarda le sous-titre : COMMENT DOMPTER UN DRAGON ? La Fille Gelée se recula sur le tabouret et faillit en tomber, horrifiée. Son cœur pulsait dans ses oreilles, et les mains tremblantes, elle continua sa fouille. Elle ne trouva que des documents concernant les dragons et leur mode de vie. La Fille Gelée trouva également une carte de leur Royaume. Le Royaume Ikara. Aïkida repéra le village Oribana, ainsi que les Montagnes, qui étaient la frontière Est du territoire.
Nul n'était admis dans les Montagnes. Des légendes racontaient, qu'il fut un temps, des créatures diaboliques qui crachaient du feu avaient régné sur les montagnes. Les seuls fous ayant essayé d'atteindre celles-ci n'en sont jamais revenus. Aïkida et sa famille habitaient à la lisière de la forêt, au pied des Montagnes. Et pourtant, ces dernières étaient entourées sur cette carte. Lomiòn avait laissé un mot sur les reliefs rocheux : Vallée des Dragonniers.
Pourquoi ?! Aïkida posa sa tête entre ses mains, horrifiée. Elle qui avait cherché des réponses, se retrouvait au final avec plus de questions qu'au départ. Pourquoi était-il obsédé par ces créatures imaginaires ? La jeune fille se rappela soudain le récit de Caranth.
Était-ce possible ?
Le lendemain, le soleil tapait contre la peau des duellistes et les oiseaux se posaient pour observer leurs gestes. Aïkida esquiva le coup de bâton avec agilité et se retourna rapidement pour frapper son entraîneur dans les côtes. Mais ce dernier parât le coup avec souplesse et s'éloigna de son élève pour reprendre ses distances. La jeune fille cria alors, et sauta en assénant un puissant coup de pied à la mâchoire de Suron qui tomba à la renverse. Elle courut à une vitesse incroyable pour le rejoindre et se plaça rapidement derrière lui pour poser le bâton de combat sur sa gorge, mimant une épée prête à le tuer.
Essoufflé, son entraîneur la félicita en souriant :
— Bien joué, j'avoue que je ne m'y attendais pas.
Aïkida relâcha son emprise, tout sourire.
Mais tout à coup, Suron lui attrapa le bras et la fit basculer par-dessus son épaule. La jeune fille se retrouva étalée de tout son long sur le sol, sans défense. L'homme sourit et ajouta :
— Règle numéro 1 : toujours rester sur ses gardes ! L'aurais-tu déjà oublié ?
Ils se mirent tous deux à rire tandis qu'Aïkida se relevait.
— Demain nous essayerons de le faire avec de vraies armes. Tu fais beaucoup de progrès Aïkida, je suis fier de toi. Et je suis sûr que ton père le serait aussi s'il te voyait.
— C'est pour lui que je fais ça, déclara-t-elle. J'ai promis de protéger Elea et Emelï. Si les gardes de l'empereur frappent à la porte, je leur botterais les fesses ! s'esclaffa la jeune fille en feignant de donner des coups de poings à son professeur.
— Ça je n'en doute pas ! rit Suron. Mais c'est bien beau de vouloir apprendre toutes les techniques de combat mademoiselle, mais c'est encore mieux de les maîtriser ! Aller, va devant les cibles, tu manques d'entrainement aux couteaux.
Aïkida obtempéra avec joie en prenant six couteaux rangés dans une caisse. Elle se plaça ensuite à une dizaine de mètres d'un mannequin de bois et attendit les instructions.
— Vise le cœur. Et surtout, ne te précipite pas.
Suivant son conseil, la Fille Gelée inspira profondément et se positionna. Après avoir placé correctement ses mains afin de viser la cible, elle lança l'arme blanche avec force. Le couteau siffla dans l'air en tournoyant sur lui-même pour finalement atteindre le mannequin à la tête.
— Ne te décourage pas, réessaye un peu plus bas, conseilla Suron.
Aïkida retenta et toucha le rein. Fermant les yeux et se concentrant à nouveau elle lança un troisième couteau. Ce dernier atteignit bel et bien la poitrine, mais toujours pas le cœur.
— Nous nous entraînerons plus régulièrement au couteau, annonça le professeur. Tout est une question de pratique ! Maintenant, prend les trois autres restants.
La jeune fille obéit tandis que Suron installait deux autres mannequins.
— Tu te souviens comment on fait ?
L'élève acquiesça et se positionna. Elle respira un bon coup, visualisa les mannequins, et lança les trois couteaux d'un même geste. Deux d'entre eux atteignirent leur cible tandis que l'autre ne fit qu'effleurer le bois.
— Ce n'est pas si mal mademoiselle, dit-il en souriant. Aller, aide moi à ranger. C'est fini pour aujourd'hui.
Ils replacèrent les mannequins après avoir retiré les couteaux, le petit terrain de Suron était idéal pour s'entraîner au combat.
Ils s'enlacèrent amicalement pour se dire au revoir après avoir décidé de ce qu'ils feraient le lendemain. Aïkida monta ensuite sur son cheval et s'en alla au galop, cheveux au vent.
Son entrainement quotidien lui faisait du bien, mais ce jour-là, elle était nerveuse Son visage était crispé et ses muscles se tendirent au fur et à mesure que Mad s'approchait d'Oribana.
Elle se rendit en vitesse au village et eut du mal à se repérer pour trouver la boutique. Quand elle était venue la veille, il faisait nuit, et les repères étaient différents. La jeune fille reconnue néanmoins la ruelle et s'y engagea à toute allure, se fichant de faire fuir les passants. Une charrette était arrêtée devant le magasin et elle descendit de cheval. La Fille Gelée, inquiète, ne prit pas le temps de s'annoncer et entra en trombe.
Elle courut vers les escaliers et arriva dans la chambre de Caranth. Raphael et un médecin étaient penchés au-dessus du lit. Le vieux marchand leva la tête à son arrivée, et son expression changea en la voyant. Elle ne devint que pitié et tristesse.
— Non ! hoqueta la jeune fille en se précipitant vers Caranth.
Le médecin se décala pour lui laisser la place et lui annonça d'une voix grave :
— Je suis désolée mademoiselle, il est parti.
Aïkida porta sa main à sa bouche, horrifiée. Cet homme qu'elle connaissait à peine avait été son seul espoir d'obtenir des réponses.
Et ses chances de comprendre la vie qu'avait menéeson père venait de s'envoler avec lui.
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La Fille Gelée
FantasyAïkida, ou la fille aux cheveux blancs que tout le monde redoute chacun à sa manière. Surnommée « la Fille Gelée », elle découvre un secret dont elle est loin d'imaginer les conséquences. Des conséquences lourdes et irrémédiables. Obligée de quitter...