La Fille Gelée

Dos au soleil, face à l'aventure

        Le jeune homme sourit et, bien qu'il ne voulût pas le montrer, la Fille Gelée perçu du soulagement dans son regard.

        Le dragonnier empoigna fermement son poignard, et sans prévenir, attrapa la main d'Aïkida et lui entailla violemment la paume. La jeune fille cria de surprise tandis qu'elle giflait Tarek de sa main valide.

— Non mais ça ne va pas !?

Le jeune homme afficha un sourire espiègle et haussa les épaules en répondant :

— C'est la procédure. Remonte ta manche.

— Tu aurais pu prévenir ! Ou alors je l'aurais fait toute seule ! répliqua-t-elle en retroussant le tissu noir et en enlevant son brassard de cuir.

— Tu n'aurais pas fait aussi bien que moi. Maintenant, il faut que tu répètes après moi : Per sanguinem constringo sanguine. Per sanguinem constringo scientiam meam. Per sanguinem constringo meum. Sanguine ego dividitur. Sanguine.

Reprenant son sérieux, non sans jeter un regard noir à Tarek, Aïkida répéta l'incantation avec application.

        Le jeune brun observait le sang couler de la main de la jeune fille et ajouta :

— Maintenant, tu mets la gourmette dans ton sang et tu serres le poing en te concentrant sur le bijou.

La Fille Gelée acquiesça d'un signe de tête et prit la gourmette de sa main valide.

        Tremblante, elle la déposa au creux de sa paume ensanglanté en échappant un soupir et une grimace de douleur. Au fur et à mesure que le sang recouvrait le bijou, la douleur augmentait sensiblement.

Tarek croisa les bras et ajouta avec un sourire sournois :

— Ah oui, j'avais oublié un léger détail. Ça fait un peu mal.

Les yeux de la jeune fille s'agrandirent soudainement, fixant le jeune homme avec effroi :

— Quoi ?! Tu n'es pas sérieux quand tu...

Soudain, elle hurla.

        La gourmette s'était mise à fumer tandis qu'une lumière blanche s'échappait des veines de la jeune fille. Cette dernière avait l'impression que tout son sang s'était transformé en acide, brûlant les moindres particules de son corps. Son avant-bras ainsi que sa main étaient fissurés, comme s'ils n'étaient que de vulgaires morceaux de pierre, se brisant au gré des forces extérieures. Ils avaient triplé de volume et de poids, prenant une dangereuse consistance rocheuse. Le sang s'écoulait avec abondance tandis que la douleur était indescriptible.

        Tarek, redevenu sérieux, étudiait les réactions physiques de la Fille Gelée. Il s'aperçut que les yeux de cette dernière avaient virés au violet sombre avant de se révulser. Aïkida avait l'impression que ses dents allaient se casser tant elle serrait les mâchoires de douleur, n'ayant plus la force de crier sa souffrance alors que de violents spasmes secouaient ses membres.