Programmation d'un départ

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         Le Haut-Dragonnier soupira et indiqua au garde de le laisser entrer. Scar arriva en furie. Il avait les poings serrés, et tant ses ongles étaient longs, ils lui transperçaient la peau des mains laissant un filet de sang s'en échapper. Ses yeux jetaient des éclairs et une ombre avait voilé son visage.

        Mais au lieu de laisser éclater sa fureur, le Roi de Vicini ravala sa rage et se contînt, affichant finalement un sourire cynique, reflétant la noirceur de sa haine. Il s'approcha lentement de la Fille Gelée, tendit une main vers son visage et tenta de lui caresser les cheveux. Mais Aïkida se recula et esquiva sa main moite de quelques centimètres. Elle eut cependant le temps d'apercevoir une sorte de petit tatouage en forme de corbeau sur son majeur droit. Leeroy et Tarek, quant à eux, se placèrent rentre le Roi de Vicini et la Fille Gelée, le forçant à reculer. Le regard de ce dernier se durcit.

        Il fit claquer sa langue et déclara d'un ton ferme :

— Aïkida, on ne peut pas se fier aux elfes. Tu dois refuser ce mariage et venir avec moi.

Nàmo le coupa :

— Comment es-tu au courant ?

— Ce n'est pas bien compliqué d'écouter aux portes, cher ami. Tes gardes ne sont pas très efficaces.

Le regard de la jeune fille redevînt glacial et elle rétorqua :

— Je préfèrerai me marier à un troll plutôt que d'allier le Royaume de Vicini à la Vallée.

Suite à cet affront, tous les membres présents dans la salle retinrent leur respiration et les deux jeunes dragonniers se tendirent.

        Scar avait haussé un sourcil, étonné par le culot de la jeune fille, et sourit de toutes ses dents, jaunes et non alignées. Aïkida se demanda à cet instant comment autant de laideur pouvait être réunie en un seul être.

— Les elfes ne sont des humains sur aucun plan. Autant dans leur physique que dans leur façon de penser et de procéder. Ils peuvent être sensibles, et sans cœur la minute d'après. Tu ne les connais pas, tu ne sauras pas comment réagir en face d'un des leurs. Ils sont puissants, tant dans la maîtrise des armes que dans celle de la magie. Leurs pouvoirs sont différents des humains, tu ne pourras pas lutter contre eux s'il y a un problème.

Aïkida se mit à rire nerveusement et demanda sèchement :

— Vous êtes en train de me dire que je ferais mieux de me marier avec vous parce que j'aurais plus de chance de vous vaincre s'il y a un problème ? Je ne comprends pas votre mode de fonctionnement à vous non plus. Ou plutôt, celui du Masque Noir, car vous êtes son complice n'est-ce pas ?

À ses mots, Scar s'avança brusquement vers la Fille Gelée, l'air menaçant, une main levée, prête à frapper. Mais Leeroy réagit au quart de tour et attrapa fermement le poignet du Roi de Vicini. Tarek et Aïkida, quant à eux, avaient tous deux dégainés leur dague.

— Ça suffit ! s'exclama Nàmo, furieux. Aïkida, tu n'es pas autorisée à insulter un Roi, quel qu'il soit ! Et toi Scar, contrôle-toi si tu veux avoir une chance qu'elle accepte ton mariage !

La jeune fille lui adressa à lui aussi un regard noir, et sortit des appartements du Haut-Dragonnier sans demander son reste.

        

        Lorsqu'elle franchit les grandes portes de bois, elle s'arrêta près d'un des gardes, et demanda d'un ton sec :

— Où se trouvent les appartements de Suron ?

L'homme haussa un sourcil.

— Je vous demande pardon ?

— Un homme avec une barbe blanche vient de partir, où se trouvent ses appartements je vous prie ? redemanda-t-elle en soupirant.

— Mais... vous n'êtes pas autorisée à....

Aïkida fronça les sourcils et annonça froidement :

— Il vaudrait mieux me le dire, de toute façon je le trouverai. Autant éviter de perdre du temps non ?

Le garde se frotta la nuque, gêné, puis indiqua :

— Dans la tour ouest il me semble, je ne sais pas à quel niveau.

— Merci.

Et Aïkida partit à la recherche de son maître d'armes.


        Nàmo soupira et se gratta la barbe, contrarié.

— Comment tu peux me faire ça, à moi ? s'exclama Scar. On se faisait confiance non ? Un inconnu arrive, propose une idée qui comme par magie à l'air d'être géniale, et toi tu tombes directement dans le panneau ? Je te croyais plus rusé, mon cher ami.

Le Haut Dragonnier fronça les sourcils, comme s'il se rendait compte de quelque chose :

— Il est vrai que maintenant que tu le dis, ce Suron sait beaucoup de choses. Beaucoup trop même.

— Si Aïkida l'a amené ici, c'est pour lui sauver la vie, déclara Leeroy. Il est hors de question de le tuer, elle lui fait confiance. Comme il a pu nous le démontrer, Suron peut nous être d'une grande aide.

— Nàmo, interrompit le roi de Vicini. Si tu autorises le mariage Elfe, je m'en vais, et je ne te porterai aucune aide durant les combats. Notre amitié disparaitra.

Le Haut-Dragonnier fronça les sourcils et demanda :

— Scar, laisse-nous quelques minutes, je vais y réfléchir.

— Il n'y a aucune raison que je parte si eux, restent ! répliqua-t-il en haussant le ton et en montrant les dragonniers du doigt.

— Scar, dehors, ordonna Nàmo d'un ton sec.

Le roi de Vicini serra les poings ainsi que la mâchoire, mais tourna les talons et sortit sans dire un mot.

        Une fois que les grandes portes de bois se refermèrent, Leeroy leva ses paumes de main vers le ciel et prononça des paroles inaudibles. Une lumière blanche jaillit de ses mains et une immense bulle se forma peu à peu autour des trois dragonniers.

         Lorsqu'ils furent bien sûrs que le sort de secret soit scellé et que personne ne puisse les espionner, Leeroy prit la parole :

— Si ses humeurs sont toujours aussi changeantes, s'allier avec lui pourrait être une erreur fatale.

— Je suis d'accord, déclara Tarek. Les elfes seront bien plus coopératifs et nous seront d'une plus grande aide au combat. Si Aïkida part ce soir, elle y sera largement à temps avant la première bataille.

— Et si les elfes refusent ? demanda sombrement le Haut-Dragonnier.

Le regard de Tarek s'assombrit et il répondit d'une voix grave :

— Alors nous devrons nous rendre nous même chez le Masque Noir et en finir une bonne fois pour toute.

Une ambiance sombre tomba sur les trois hommes et Tarek enchaîna d'une voix grave :

— Leeroy, tu pars ce soir avec Aïkida. Ne vous arrêtez que lorsque c'est vraiment nécessaire, ne perdez pas de temps là-bas.

Le jeune blond arqua un sourcil et demanda :

— Tu ne viens pas avec nous ?

Mais Nàmo avait compris, ce fut lui qui répondit à la place du jeune brun :

— Non, Suron lui apprendra les techniques de combat elfique.

Les dragonniers hochèrent la tête, et une fois que Leeroy eut annulé le sort de confidentialité, ils se retirèrent. Avant de franchir les portes, Leeroy lança au Haut-Dragonnier :

— Méfiez-vous de Scar, Nàmo.

Et les deux jeunes partirent chacun de leur côté.

La Fille GeléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant