Partie 2 : "Deux étoiles broyant du noir"

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"Allo...c'est moi... je sais qu'il est tard, mais je souhaite quand même te laisser ce message, sans savoir si tu l'écoutera."

La voix qui tremble, comme si je cherchais les mots que je me suis entraîné à lui dire. La pression est si grande, je me suis piégé en me perdant dans l'écriture d'un texte qu'elle ne voudra pas relire. Eh oui, j'écris encore au lieu de dormir, comme on crie à défaut de se faire rire. Et non ces paroles n'ont pas comme prétention de nous rendre nos sourires, mais elles m'offrent une solution pour nous autoriser à se fuir. Pardon, si au final je n'arrive pas à bien résumer notre histoire. J'ai bien peur de devoir dépeindre au creux d'un néant blanc, deux étoiles broyant du noir.

Tout a commencé avec une lettre d'amour. J'ai tendance à penser qu'elle est la raison pour laquelle ma vision s'est ternie. Nous s'est terminé et il n'y aura aucun retour. Peu de chance en effet qu'un pardon arrange tout cette fois-ci. Jusqu'ici c'est l'amour qui nous a maintenus, mais j'ai bien peur que les dialogues de sourds, ne sont que trop souvent survenus. S'exprimer sans s'écouter c'est s'aimer sans s'accepter. L'amour n'empêche donc pas qu'on puisse se détester. Maintenant on est forcé d'accepter cette situation, même si on ne s'y résout pas. En étant incapable de contrer notre propre satisfaction, c'est notre déception qu'on alimentera.

J'ai appris que quand tout va bien, c'est que rien ne va, et que le plus gros soucis, c'est quand on ne sait pas qu'il y en a. Face à face compliquée, ça ressemblait plus à un cache-cache qui ne finit jamais. On a fini par vivre chacun dans un monde que tout sépare, à l'intérieur desquelles nos échanges se faisaient de plus en plus rares. J'ai eu cette impression d'être tombé amoureux d'une fille que la vie semblait avoir digérée. La fille qui animait mon cœur, vacille dans un monde anonyme qui me l'a arraché. Superficiel devenaient nos pensées, sur la ficelle on apprenait à danser. Dans le ciel s'effaçait notre complicité, et c'est seulement en distanciel, qu'on réapprenait à s'aimer. J'invente ce qu'il ne s'est pas créé, je vis ce qu'il ne s'est pas passé, je souris en voyant ce qui m'aurait rendu heureux, mais je pleure en imaginant à nouveau nos adieux. Pourtant notre relation ne faisait que s'effriter, à l'image de la peinture attaquée par l'humidité. Le mur lui aussi il a fini par s'effondrer. Il a emporté la pièce à défaut de la porter. Il s'est allongé sur tout ce qu'on a pu s'apporter, le mal comme le bien, il a enfin arrêté de tout supporter.

Elle jouait un rôle pour continuer de me séduire. Comme si je n'avais pas remarqué qu'elle avait peur derrière son sourire. Peur de l'abandon comme à son habitude. Est-elle aller jusqu'à coucher avec amertume ? Priait-elle chaque fois pour que ça se termine ? Mon amour était-il un poids dont elle serait la victime ? Dans chacune de ses nuits, ce cauchemar où je vais voir ailleurs. Même son inconscient souille ces chances d'éprouver du bonheur. J'en viens à m'écœurer moi-même, je ne peux croire avoir créé en elle une once de mal-être. Pourtant j'ai cette impression que c'est bien réel, que contre ma volonté j'ai "violé" celle que j'aime. Une faute dans cette confiance que je n'ai pas su alimenter. Un autre que moi saura-t-il décrocher ce qu'en elle je n'ai pu inspirer ? Lié l'un à l'autre par l'habitude et consumé par la routine, nier ces mots serait comme dire qu'aucun de nous deux n'est responsable de notre déprime.

Je n'ai pas su ce qu'il se passait dans sa tête, il faut dire que j'en suis toujours à découvrir ce qu'il se passe dans la mienne. Vivre pour deux est un défi qu'il faut que j'admette, c'est une difficulté qui transforme trop facilement l'amour en peine. Tant de choses à se dire pour ne pas en avoir parlé. On a réduit, de nous-même, notre volonté à s'aimer. Je ne m'exprime que très peu désormais. J'écris plus que je ne parlerais jamais. Par peur ou par désespoir, mais dans ce cas-là vaut mieux accepter d'être seul que d'essayer en vainc, d'alimenter l'espoir.

"Vous avez un nouveau message, reçu hier soir à 1h...Le message vient d'être supprimé..."

Morceaux D'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant