HaileyChaque nuit, lorsque je m'allonge dans mon lit, le sommeil devient une porte vers un tourbillon de souvenirs douloureux. Ce ne sont pas seulement des images qui défilent, ce sont des éclats de mon passé qui me hantent, s'insinuant dans chaque fibre de mon esprit. Les souvenirs des derniers jours de ma mère à l'hôpital défilent comme un vieux film en noir et blanc, usé par le temps. Des visages passent, ceux des médecins et des infirmières, figés dans des expressions que je ne peux effacer, leurs regards remplis de pitié et de résignation. Chaque détail de cette scène obsédante est gravé en moi, comme un dessin au fusain, intensifié par le contraste du noir et du blanc, du silence et de l'angoisse.
L'accident. Celui qui a précipité ma mère dans un coma dont elle ne s'est jamais réveillée. Ce souvenir est une blessure, une plaie que je ne peux refermer. Je revois les instants qui ont tout changé : le crissement strident des pneus, le fracas des éclats de verre sur l'asphalte, et surtout... la vision de son corps immobile, étendu, figé dans une immobilité glaçante. Ces images reviennent en boucle, comme une vague qui s'écrase encore et encore, toujours plus forte, toujours plus brutale. Fermer les yeux devient une épreuve, car chaque fois, c'est ce même spectacle tragique qui se rejoue, encore et encore.
Ce n'est pas seulement la perte qui me torture, mais cette culpabilité qui me ronge, implacable. Aurais-je pu changer les choses ? C'est la question qui m'assaille sans relâche. Un geste, un mot, une action, peut-être qu'un simple choix aurait suffi à réécrire ce jour fatal. La réponse m'échappe, mais le doute persiste, tel un poison lent qui se diffuse et s'installe, impossible à éradiquer.
Les heures s'étirent et mes rêves deviennent de plus en plus troublés. Parfois, ma mère m'apparaît. Elle est là, debout, son visage auréolé de lumière, mais ses yeux... ses yeux sont emplis de reproches silencieux. Elle me regarde, sans un mot, mais tout est là, dans ce regard. Elle semble me dire ce que je crains le plus : qu'elle attendait de moi quelque chose, quelque chose que je n'ai pas su donner.
D'autres fois, je me retrouve seule, errant dans des couloirs interminables, plongés dans l'obscurité. Ces couloirs forment un labyrinthe aux parois mouvantes, un monde où les issues se referment à chaque pas. J'appelle, ma voix résonne, mais personne ne répond.
⚡︎ Début du flash-back ⚡︎
Chaque jour, comme un rituel désespéré, je m'assois près du lit de ma mère. Je guette. J'attends, fixant chaque battement de ses paupières, chaque infime mouvement, priant pour un signe de vie. La lumière stérile de l'hôpital éclaire son visage, calme, presque trop serein, une sérénité qui me glace le sang. Elle semble déjà si loin de moi, comme une ombre déjà sur le point de s'éclipser vers un endroit où je ne pourrais jamais la rejoindre.
Les machines bourdonnent, insensibles à ma douleur. Le moniteur cardiaque égrène des bips réguliers, devenant peu à peu une mélodie sinistre, un compte à rebours insupportable. Et pourtant, je reste là, jour après jour, comme si ma seule présence pouvait la ramener.
Un jour, une voix douce et compatissante m'interpelle :
— Vous êtes la fille d'April Scott ?
Je sursaute, tirée brusquement de mes pensées. La gorge nouée, j'acquiesce avec peine.
— Oui, c'est moi.
Le médecin baisse les yeux, et dans ce geste, je comprends que ma vie va basculer.
— Je suis vraiment désolé... Votre mère vient de nous quitter.
Ces mots se répercutent en moi comme des coups de marteau, réduisant mes pensées en éclats. Le monde devient flou, je suis sous l'eau, aspirée dans un silence assourdissant, comme si je venais de perdre l'air dans mes poumons. Mes jambes tremblent, prêtes à céder sous le poids d'une douleur que je ne peux supporter.
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Un Tout Nouveau Départ
Teen FictionUne jeune mère récemment décédée, un père inconnu au bataillon. Hailey, 17 ans, est obligée de retourner dans sa ville natale pour vivre avec ses grands-parents qu'elle n'a pas vus depuis 13 ans. Lorsqu'elle rencontre des gens, elle se lie d'amiti...