L'aube éclaire la forêt. Une odeur semblable au muguet m'embaume, c'est le parfum des jacinthes des bois, leurs petites clochettes violettes forment un tapis sous mes pieds. Le soleil levant se réverbère sur les arbres et j'ai l'impression d'être ailleurs. Je ne suis plus dans la forêt de mon enfance que je connais par cœur. Un rayon de soleil vient me frapper en plein visage et m'éblouit. Je ferme légèrement les yeux et profite de sa douce chaleur. Je dois ressembler à l'une de mes héroïnes de conte de fées, baignée par le soleil dans ma tenue de chasse. Un pantalon vert, une tunique beige appropriée pour cette saison printanière, sans oublier mon arc, mon carquois rempli de flèches et mes trois poignards attachés à ma ceinture.
Un bruit dans les fourrés me fait revenir à moi en moins d'une seconde. Je suis aux aguets, j'espère que ce sera du gibier parce que je commence à en avoir assez de manger les légumes du potager de Lua. C'est ma petite sœur, une blonde d'un mètre soixante-dix, avec un petit nez rond légèrement retroussé, des lèvres charnues et des yeux indéfinissables, d'un violet pur, comme sorti d'un autre monde. Elle ressemble tellement à ma mère, excepté les yeux. Elle a actuellement dix-sept ans et s'est prise d'une passion pour le jardinage. Ça doit maintenant faire un an qu'elle cultive le potager qui appartenait autrefois à notre mère avant que ma petite sœur ne se l'accapare.
Le buisson bouge, mon arc est déjà sorti, je prends une flèche et tends la corde. Après cette préparation, je reste le plus immobile possible, je bloque même ma respiration. Une tête de lapin commence à sortir, je le vois renifler le sol à la recherche de son prochain repas. Je le laisse s'avancer, la patience est importante même si ce n'est pas vraiment mon fort, en chasse j'arrive à me réguler. J'attends qu'il s'engage plus franchement, dès que son corps sort entièrement, je tire un coup franc et sec. À ce moment, je ressens la magie en moi. Le monde ralentit, une fumée bleue m'entoure et suit la flèche dans son évolution. Je sais de quoi il s'agit, ce sont mes aptitudes qui se manifestent. Les aptitudes font partie de la magie dans sa forme la plus basique, c'est l'expression de ce que nous sommes. Elles se manifestent en général dans notre vingtième année, chez moi ça a commencé à dix-huit ans, je le cache à ma famille depuis. Je n'ai pas envie qu'ils s'inquiètent pour moi et je n'ai pas envie d'apprendre à l'utiliser, ce serait trop dangereux.
La flèche vient se ficher dans la tête du lapin afin d'éviter de trouer la peau ou de mettre trop de sang sur celle-ci. Cet hiver, mes parents pourront peut-être faire des moufles avec. Je vais retirer la flèche, la nettoie rapidement dans l'herbe et récupère mon butin. Je ne suis pas satisfaite. J'aurais aimé rapporter un plus gros gibier, c'est pourquoi je vais continuer de chasser encore un peu avant d'aller m'entraîner avec mon père.
J'arrive par l'arrière de la maison, du côté du potager. La maison n'est pas immense, mais bien assez grande pour vivre à cinq. Il y a quand même trois chambres et un bureau qui nous servait également de salle de jeux à l'étage. La salle de bain se trouve en bas, ce qui a longtemps était une source de frustration pour moi, je détestais devoir sortir de la chaleur apaisante de la salle de bain et monter les escaliers afin de rejoindre la chambre que je partage avec Lua.
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Le Joyau de Nostraria
FantasyDans le royaume de Nostraria, à leurs 20 ans les jeunes gens voient leurs pouvoirs se développer, alors ils doivent réaliser un service militaire de 5 années en tant que gardes royaux. Hestia est une jeune femme qui a vécu exilée avec sa famille dep...