Chapitre 24

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Je me tiens au côté du prince devant une porte à double battant de plusieurs mètres de haut. Les portes s'ouvrent et le prince pénètre dans la pièce avec toute l'assurance que lui confère son titre. Une voix annonce :

— Son Altesse Royale le prince Éros... et ... et une amie...

La voix n'est pas assurée quand il s'agit de me présenter, je ne cherche pas à reprendre qui que ce soit, j'essaie au contraire de me faire la plus petite possible. J'entends quelques chuchotements qui s'intensifient sur le passage du prince. Il y a du monde et je me demande qui sont ces personnes et ce qu'elles font ici. Ça n'a pas l'air de surprendre Éros. La salle est grandiose et vaut son nom de salle du trône. La hauteur sous plafond est de plusieurs mètres, des colonnes sont éparpillées à espaces réguliers le long d'un tapis rouge qui mène au trône. Ce dernier est surélevé sur une estrade en bois. Le trône est entièrement fait d'or et dessus se tient le roi Horos bien droit. Je ne l'avais jamais vu. Rares sont les personnes à n'avoir jamais aperçu le visage du roi et de sa famille, mais nous n'avions pas de boule de cristal à la maison. Je suppose que mes parents voulaient éviter de devoir rendre des comptes à la royauté et qu'il n'y avait pas grand intérêt à écouter les discours du roi.

C'est un homme aux cheveux blancs et à l'air sévère. Il a le nez décalé sans doute une ancienne fracture et une cicatrice descend de son front vers sa joue en passant par son œil, qui est plus blanc que bleu. Cette blessure l'a manifestement rendu aveugle d'un œil, tandis que l'autre a gardé une couleur bleu glacier, comme ceux du prince. Il nous jauge. Il n'a pas l'air commode. Il porte une couronne que personnellement je trouve ostentatoire. Elle est énorme et sertie de pierres précieuses. Par contre, sa tenue lui va comme un gant, c'est un costume noir avec une chemise bordeaux en dessous. À sa droite se trouve un trône moins imposant et une femme toute frêle se tient dessus. Elle porte un diadème minuscule par rapport à la couronne du roi. Je trouve que cette femme ressemble légèrement à ma mère. Elle est blonde avec des mèches grisonnantes, des yeux bleus qui ont l'air éteints et sa peau est d'une pâleur à faire peur. L'observer me crée un certain malaise, elle a beau se tenir au côté du roi, on pourrait facilement ne pas la voir. Elle a l'air cassée et pourtant c'est la reine. Elle porte une tenue ravissante, c'est une robe assortie à la chemise du roi avec un col qui remonte dans son cou qui met en valeur son chignon haut. Elle a l'air de flotter dans cette parure comme si elle avait perdu du poids trop rapidement pour que ces couturière puissent ajuster sa robe.

Quand la reine relève la tête et voit son fils, son visage si triste s'éclaire, je remarque alors ses joues creusées. Je me demande si c'est le départ du prince qui l'a mise dans cet état, mais rapidement je me dis que c'est impossible qu'en moins d'une semaine elle ait fini comme ça. Je me demande comment un roi si fort et robuste peut laisser dépérir sa femme sans réagir. Le roi prend alors la parole :

— Regardez qui revient d'entre les morts.

Il sourit, mais ce sourire me fait froid dans le dos.

— Et il ramène un jouet avec lui.

Son regard sur moi est sans équivoque... il me prend pour un jouet ... J'ai envie de lui faire ravaler son petit sourire. Éros dit alors :

— Père, je vous présente Hestia Le Gall. Hestia, voici le roi Horos.

J'effectue une révérence avec déplaisir, c'est pourquoi je ne me baisse pas autant que le voudrait le protocole et je le regarde dans les yeux au lieu de les baisser. Le roi se permet de donner son avis :

— Oh, elle est revêche.

L'assemblée rit avec le roi. La reine, elle n'a d'yeux que pour son fils et ne fait aucun commentaire. On dirait une figurante. Éros reprend :

— Durant l'attaque, j'ai eu un contretemps qui m'a envoyé en terres Faes. Je suis navré de ne pas avoir pu rentrer plus tôt.

— Et comment es-tu arrivé en terres Faes ?

S'enquit le roi en se penchant en avant.

— Je comptais vous en parler dans votre bureau, père.

— Non, tu peux parler devant ma cour.

Éros hésite, me lance un regard en coin. Je sais ce qu'il s'apprête à dire, je le supplie du regard de se taire, le roi ajoute :

— Allons. Parle !

— J'ai appris des informations qui ne devraient pas être entendues de tous...

— Je t'ai dit de parler ouvertement, j'ai entière confiance en ces gens.

Le roi désigne l'assemblée du regard. Je remercie intérieurement Éros d'avoir essayé même si c'est clairement un échec cuisant. Je sais que dans moins d'une minute tous ces inconnus sauront qui je suis...

— La reine des Faes nous a révélé que Hestia a été bénie par leurs peuples, elle possède donc leurs pouvoirs ainsi que nos aptitudes...

Le regard du roi s'éclaire, je vois la cupidité dans son œil valide quand il se pose sur moi. Je suis plus intéressante qu'il ne l'avait imaginé.

— Dites-moi, Hestia Le Gall, d'où venez-vous ?

Le choc me frappe, il ne sait même pas qui je suis, que je suis sa prisonnière... Il doit uniquement connaître le nom de ma mère et sa seule vengeance est de la faire souffrir. Il se fiche des conséquences, qui sont mon frère, ma sœur et moi. Mon cœur s'emplit de hargne pour lui. Je n'ai qu'une envie c'est de lui rappeler le souvenir de ma mère et voir comment il va réagir. Je veux le provoquer alors je prends la parole.

— Je suis Hestia Le Gall, fille d'Isidor Le Gall et de Maïa Visseau.

La cour retient son souffle. Je vois le visage du roi se décomposer. Des souvenirs datant de trente ans émergent dans son esprit. J'ai fait mouche et j'en suis ravie. J'arbore un petit sourire. Le roi devient rouge de colère, il doit chercher une punition adaptée à l'offense que je viens de lui faire, en public de surcroît. Il se recompose une face calme associée d'un sourire hideux. Cette attitude ne m'inspire rien. Il prend une voix mielleuse :

— Eh bien, Hestia Le Gall, je suis ravi de t'avoir comme atout à présent...

Il me rappelle ma condition, que je ne suis qu'une chose pour lui, un atout dont il peut se servir selon son bon vouloir. Il me rappelle implicitement que je ne suis rien face à lui. Il poursuit :

- ... et je prends soin de mes atouts, vous allez donc vivre au palais à présent afin que je puisse avoir un œil sur vous.

J'aimerais lui répondre que c'est le cas de le dire. Ce serait clairement de l'insubordination... Heureusement Éros intervient :

— Je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure option.

— Au contraire, c'est une idée lumineuse, nous pourrons nous entretenir dans mon bureau de temps en temps Hestia afin d'évaluer vos capacités...

Quand j'entends cette phrase, un vertige s'empare de moi, j'essaie de garder l'équilibre. Je ne sais pas quoi regarder, mon regard virevolte dans la salle sans pouvoir se poser. Je vais devoir vivre ici à la merci d'un roi sadique et de son fils qui me rappelle constamment que j'ai été rejeté. C'est impossible. Je sais ce que signifie l'entretien dans le bureau, les murs se referment sur moi. Qu'est-ce qu'il entend par vivre au palais ? Compte-t-il m'enfermer dans un cachot ? J'entends Éros crier « NON ». Le roi le congédie en prétextant une déshydratation qui lui fait perdre la tête, des gardes l'emmènent hors de la salle. Je me retrouve seule sur ce tapis rouge face à un monstre tout-puissant et le monstre me sourit de toutes ses dents.



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Je sais, j'avais prévu de publier le lundi, mais c'est un échec. 😅 Je suis désolée, je vais essayer de m'y tenir dès a présent. 😉

J'espère que vous avez apprécié rencontrer le roi Horos en même temps que notre chère Hestia.

Le Joyau de NostrariaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant