Chapitre 18

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Nous suivons le prince Heikas dans la forêt. Cependant, j'ai l'impression que quelque chose cloche, que nous tournons en rond, c'est comme si la même parcelle de forêt se répéter en boucle. J'ai vraiment envie de le dire à Éros, mais je ne veux pas informer les Faes qui nous escortent. Soudain, je me rappelle avoir eu l'impression qu'Éros pouvait communiquer avec un des gardes par télépathie. Je tente alors le tout pour le tout et répète en boucle son nom dans ma tête en espérant l'atteindre, ce qui est un peu idiot étant donné que je ne l'ai jamais fait et que je ne sais pas utiliser mes aptitudes en règle générale. Pourtant au moment où je compte m'arrêter parce que je me sens ridicule, Éros regarde par-dessus son épaule comme si un moucheron le dérangeait. Heikas prend la parole sans nous regarder :

- Vous vous épuisez en vain Hestia.

Éros me toise dans une question muette et je hausse les épaules innocemment. Heikas reprend :

- Je ressens les assauts inefficaces de votre pouvoir, vous ne savez pas le canaliser comme il faut. Mais puisque vous êtes repérée, exprimez à haute voix votre inquiétude.

Pour le coup, je me sens encore plus idiote. Éros me regarde en haussant un sourcil étonné que j'ai pu essayer d'utiliser mes aptitudes. Personnellement, je suis surprise que notre guide l'ait senti, mais je me décide à parler :

- Eh bien, j'ai l'impression que nous tournons en rond, c'est déjà la troisième fois que je vois cet arbre.

- Oh, je dois avouer que vous êtes impressionnante, peu de personnes peuvent se vanter de percer à jour une de nos illusions. Vous avez l'impression de tourner en rond parce que je crée une illusion qui vous empêche de voir la forêt telle qu'elle est. Nous ne souhaitions pas que le reste du monde connaisse la position exacte de nos habitats.

- D'accord, mais comment pourrons-nous partir ? Demande Éros.

- Si vous êtes autorisés à quitter notre lieu de vie, vous serez raccompagnée par des sentinelles à la frontière de nos terres.

Ce qui veut dire qu'il y a un risque que nous ne ressortions jamais de cette forêt. Cette pensée ne me plait pas du tout. Je rajoute :

- Et si nous ne sommes pas autorisés à quitter les lieux ?

Heikas et Éros prononcent alors au même moment :

- Vous serez morts.

- Nous serons morts.

Cette déclaration me plait encore moins que la précédente. Heikas me lance un regard par-dessus son épaule et me dit :

- Mais la reine risque d'être compliante pour vous. Elle vous attend depuis un moment.

Je reste perplexe face à cette affirmation. Je ne comprends pas comment ni pourquoi la reine m'attendrait. Inconsciemment, je lance un regard à Éros, il est impassible, je remarque juste ses poings serrés.

Au bout d'un certain temps, le petit groupe se stoppe. Le prince des Faes lève le bras dans un geste circulaire et l'illusion est levée. Je ne savais pas à quoi m'attendre, mais je suis ébahie. Une arche en pierre de plusieurs dizaines de mètres représentant deux elfes tenant un globe transparent duquel émane une lueur violette s'élève au-dessus de nous. Cette arche délimite le village du reste de la forêt. Les habitats des Faes sont peu ordinaires, certains sont construits en hauteur autour des arbres, d'autres sont dans les arbres, des ponts en bois permettent aux Faes de se déplacer d'un logement à l'autre facilement. Des filets d'eau s'écoulent des arbres et retombent dans des ruisseaux. J'aperçois une créature ressemblant à un lutin pencher une cruche et la remplir à l'un de ses filets d'eau. À plusieurs mètres au-dessus de toute cette effervescence se trouve un château placé en haut d'une colline, des cascades qui s'en échappent pour atterrir dans un étang. Dans ce dernier, je vois plusieurs femmes plantureuses à la peau bleue s'y baigner. Heikas surprend mon regard et me dit :

Le Joyau de NostrariaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant