Chapitre 14

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Éros ne me fait pas passer par le chemin que je prends habituellement, on part complètement à l'opposé, vers le palais. Je dois donc entièrement m'en remettre à son sens de l'orientation et sa connaissance du terrain. Il passe par des sentiers qui serpentent entre les arbres, ceux que les animaux utilisent pour se déplacer. Il se meut avec une fluidité impressionnante. J'aperçois la lisière de la forêt, Éros ralentit et me dit :

- Si nous croisons Anna-Livia, évitez de la provoquer comme la dernière fois et faites-vous aussi petite que possible.

Je pense qu'il se moque de moi pendant une seconde, mais son regard est sérieux. Alors je hausse les sourcils et lui réponds :

- Mais ce n'est pas moi qui l'ai provoqué.

- Ça m'est égal, je ne voudrais pas que vous soyez blessée.

Je plisse les yeux. Il pense qu'elle est capable de me blesser. Soit il me sous-estime, soit je sous-estime complètement cette Anna-Livia.

- Espérons ne pas la croiser alors. Mais si c'était le cas, ce serait pour elle que vous devriez vous inquiéter.

Face à ma pique, il souffle bruyamment. Il parait agacé et j'en suis assez fière. Il tourne les talons et reprend sa route jusqu'au palais. En sortant de la forêt, nous débouchons derrière les points d'eau qui se succèdent en cascades. De plus près, ils sont encore plus beaux que dans mes souvenirs, je remarque que des nénuphars y prolifèrent et le fond semble lumineux, je me demande ce qui s'y trouve. J'ai ralenti pour mieux profiter de la vision des jardins de jour, ils sont stupéfiants. C'est une explosion de verdure et de fleurs. Je pourrais m'y promener des jours entiers sans me lasser. Le prince me rappelle à l'ordre.

- Hestia, ne me quittez pas d'une semelle, je ne voudrais pas vous perdre dans le palais, ce serait ... Fâcheux.

Je le rattrape en quelques foulées. Nous avançons vers le palais, après avoir grimpé les marches,Éros pousse un des battants de l'immense double porte de l'entrée. Rien que le hall d'entrée est incroyable et immense. Mes yeux ne se savent pas où se poser.Les murs sont blancs, des moulures longent le plafond et deux colonnes encadrent une porte en face. Du lierre pousse le long des colonnes et sur certains pans de murs. Le sol est en marbre et au milieu une étoile à seize branches y est dessinée. Je tourne sur moi-même pour profiter du spectacle qui m'ébahit. Le prince me regarde faire sans émettre de commentaire. Nous traversons le hall et empruntons la porte face à celle de l'entrée. Je ne pensais pas pouvoir être plus émerveillé qu'à cet instant, mais je me suis trompée parce que la deuxième pièce dans laquelle nous arrivons est époustouflante. C'est une antichambre immense, elle doit bien faire trois fois la taille du hall. La hauteur sous plafond doit être de cinq à six mètres. Je me sens microscopique. Face à nous trône un escalier en colimaçon en pierre qui rejoint un balcon intérieur, qui doit permettre d'accéder aux pièces de l'étage supérieur. Cet escalier est encastré dans un renfoncement courbé recouvert de vitres permettant à la lumière d'entrer.Mais l'élément principal de cette pièce est le dôme qui se trouve au-dessus de nous d'où pend un lustre considérable fait de milliers de pierres blanches. Ce dôme me rappelle la vision que j'ai eue avec Éros. En effet, j'étais dans une salle de bal surmontée de fenêtres similaires. Le plafond a lui aussi la forme d'un dôme et il est recouvert d'une fresque qui dépeint des centaines de créatures plus belles les unes que les autres, mais je n'ai pas le temps de la parcourir plus longtemps, car Éros est déjà en train de se diriger vers un couloir à gauche.

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Le Joyau de NostrariaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant