Chapitre 23

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L'arrivée est beaucoup moins violente que la première fois, c'est comme si j'avais emprunté une porte. Une fois sortie, je lâche instantanément la main d'Éros et la ramène vers mon cœur tenu par l'autre. Lui, il regarde sa main toujours tendue dans laquelle il manque la mienne. Il commence :

- Hestia, je pense que...

Je le coupe :

- Je pense que nous devrions retrouver le palais. Par où doit-on aller ?

Il regarde derrière nous puis le ciel et m'indique une direction. Nous sommes en forêt comme nous avait prévenu Amalia. Le portail est caché entre deux arbres et un épais mur de végétation. Je photographie visuellement cet endroit pour le retrouver si j'en ai besoin. Je fais signe à Éros d'avancer parce qu'il m'observe. Il essaie pourtant de parler à nouveau alors que tout ce que je souhaite c'est éviter toutes discussions avec lui.

- Nous devrions peut-être...

Je le coupe encore :

- Nous ne devrions rien du tout. Tout a été dit, il me semble.

Je suis en colère, je veux arriver rapidement au palais et que nous partions chacun de notre côté, donc je commence à avancer. Il me tire le bras et me décale légèrement sur la gauche en me disant :

- C'est dans ce sens que nous devons aller.

Cette reprise m'agace au plus haut point, mais je n'avais pas écouté durant le "cours" d'Amalia. Je pars dans la direction qu'il m'indique d'un pas rageur. Il rajoute :

- Je ne pense pas que tout ait été dit.

Je me retourne abruptement, il ne s'attendait pas à ça et a un mouvement de recul. Je lui dis alors en le regardant dans les yeux :

- Que voulez-vous me dire de plus alors ? Que vous m'avez rejeté pour la bonne cause ?

J'avance petit à petit en le forçant à reculer sous mon regard meurtrier. Si j'en avais été capable, je pense qu'il aurait pris feu sur le champ. Je continue :

- Vous voulez peut-être me dire que je ne n'ai pas offert mon premier baiser a un homme qui s'en contrefiche ? Qu'au final ce que je ressens n'a pas d'importance ? Qu'est -ce que vous avez dit après déjà ?

J'ai un petit moment de réflexion, je vois qu'il commence à ouvrir la bouche pour répondre, alors je reprends en disant :

- AH OUI, je me souviens, vous avez dit que ce n'était pas votre intention, mais quelle était votre intention ? Le but était de me faire un bouche-à-bouche parce que j'avais l'air de m'étouffer ?

Il me dévisage sans rien dire les yeux écarquillés. Il a l'air d'hésiter donc j'éclaircis la situation :

- Ça y est j'ai fini ma tirade. Allez-y, qu'avez-vous à dire de plus, ô grand Prince ?

C'est évidemment du sarcasme, je ne suis pas d'humeur à être gentille ou respectueuse. Il reprend contenance pour enfin prendre la parole :

- C'était votre premier baiser ?

Je souffle bruyamment et conclus cette conversation par un simple :

- C'est tout ce que vous avez retenu...

Je me retourne et me remets à marcher dans la direction du palais. Mon seul but et à présent de rentrer dans ma prison et ne plus jamais voir Éros. Je sais que c'est impossible, mais je souhaite du moins l'éviter au maximum.


Une fois, la colère passée un profond sentiment de tristesse s'empare de moi sur la route. Je sais que j'aurais dû le laisser parler, mais je suis incapable d'écouter ce qu'il a à me dire. Je sens dans mon dos son regard me picoter la nuque. Je préfère lui annoncer la couleur :

Le Joyau de NostrariaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant