Chapitre 33

3.2K 214 12
                                    

La chambre d'Éros est spacieuse et agréable à vivre. Elle est séparée en plusieurs espaces distincts, un coin chambre qui est surélevé de quelques centimètres par rapport au reste de la pièce et un autre qui comprend un salon et un bureau. Je laisse mon regard inspecter cette chambre. Les murs sont faits de boiseries, mais les meubles s'accordent dans des tons bleus. Je remarque un piano dans un coin. Je me surprends alors à me demander s'il en joue vraiment ou si l'instrument sert juste de décoration. Je continue d'examiner le moindre recoin à la recherche d'informations sur le prince. Il va se placer sur l'un des canapés en posant son talon droit sur son genou gauche dans une position détendue, puis me regarde. Au lieu de le rejoindre comme il a l'air de s'y attendre, je marche lentement dans la pièce. Je suis attirée par une touche lumineuse que je ne pouvais pas voir en entrant étant donné qu'elle était sur le mur où se tient la porte. À présent au milieu de la chambre, je vois très bien le magnifique tableau qui se trouve là. Il paraît si coloré dans la neutralité du bleu de la pièce. C'est une reproduction des jardins du palais au printemps, les fleurs s'épanouissent et dardent le tableau de leurs couleurs vives. Cette œuvre me fait penser à la première fois que j'ai vu les jardins du palais. Je repense alors au baiser que le prince avait échangé avec Anna-Livia et de nombreuses questions se bousculent dans mon esprit concernant leur relation que je n'ai pas vraiment pris le temps de comprendre. Je demande alors :

— Tu ne veux pas épouser Anna-Livia ?

Le tutoiement me paraît étanger dans ma bouche tout en me laissant un goût nouveau sur ma langue. Je ne regarde pas mon interlocuteur, mon regard scrute toujours le tableau. J'entends sa bouche s'ouvrir puis se refermer. Serait-ce une hésitation ?

— Je pensais avoir été clair. Non, je n'en ressens pas l'envie.

— Mais pourquoi ?

— Je ne l'aime pas de cette manière.

— Mais elle t'aime de cette manière, je pense.

— En effet..., mais où veux-tu en venir ?

Je balaie sa question de la main.

— Tu étais prêt à l'épouser alors que tu ne l'aimes pas de cette manière parce qu'elle a été élevée pour le rôle de princesse puis de reine. Pourquoi ne reste-t-elle pas la meilleure solution maintenant que tu as le choix ?

Je l'entends se lever, mais aucun pas. Il est donc debout à côté du canapé.

— Eh bien parce que ce n'est pas mon choix, quand je devrais me marier je préférerais ressentir plus que de l'amitié pour ma compagne.

— Hmmm.

— Pourquoi ces questions ?

— À vrai dire, je ne sais pas... c'est assez difficile d'imaginer qu'elle puisse laisser quelqu'un indifférent.

Je l'entends se déplacer.

— Tu es jalouse ?

— Non !

Cette exclamation est sortie trop fort et trop rapidement pour paraître honnête. Parce qu'il a vu juste, je suis jalouse de cette fille. Je ne sais même pas de quoi puisqu'elle n'est plus sa fiancée. Je reprends avec plus de calme :

— Non, j'essaie juste de comprendre votre relation.

— Oh... eh bien, ses parents sont décédés quand elle était jeune, elle est donc venue habiter ici, car c'était de bons amis de ma mère puis nous sommes devenus amis a notre tour, c'est même devenu ma meilleure amie.

Je viens de tilter, je suis jalouse d'elle parce qu'elle a une relation privilégiée avec Éros. Je sais que je ne devrais pas m'aventurer sur ce terrain, ces pensées ne m'apporteront rien, mais je ne peux m'en empêcher. J'entends ces pas se rapprocher petit à petit. Je continue de détailler le tableau. J'observe des hortensias qui ont été peints en pleine floraison.

Le Joyau de NostrariaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant