Le Joyau de Nostraria

Chapitre 39

Les jours suivants, je les passe à lire dans la bibliothèque, avec Alora ou dans le bureau du roi afin d'apprendre à gérer mes aptitudes. Je me débrouille de mieux en mieux. Quand je vois Alora nous nous promenons, prenons le thé ou nous nous prélassons au soleil. Je l'aime vraiment bien, je pense que dans d'autres conditions nous aurions pu devenir de grandes amies, mais je compte fuir le palais dans quelques jours et je ne pourrais sans doute pas la revoir avant un certain temps. Quand je pense à mon départ, je ne peux m'empêcher d'être nostalgique, je me suis fait des amis dans cette prison dorée et je sais qu'ils vont tous me manquer.

J'ai pu voir Léandre, mais notre rencontre a été brève et surveillée par plusieurs gardes, il a quand même réussi à me glisser de faire attention à moi et ne pas faire d'esclandre comme je sais si bien m'y prendre...

J'ai également pu voir Eryk plusieurs fois, nous n'avons pas reparlé du plan, mais il m'a fait part de son avis sur ma relation avec le prince... qu'il désapprouve. Je lui ai encore une fois dit de ne pas s'inquiéter que tout était sous contrôle alors que ce n'est pas tout à fait vrai. À chaque fois que je vois le prince, j'ai l'impression de tomber à nouveau sous son charme. Je le trouve magnifique et sa présence m'empêche de réfléchir correctement.

J'ai également appris que le prince du peuple Fae, Heikas, a décidé de reculer son entrevue au palais de Nostraria parce qu'il a jugé que ce n'était pas le bon moment. Je me demande si la reine des Faes a anticipé ma fuite, elle qui voit tout et sait tout. À vrai dire, ça m'est égal tant qu'elle n'en parle pas au roi Horos ou à Éros. Savoir que je laisse le prince seul face à son père m'angoisse un peu, je crains que Horos décide de s'en prendre à son fils après mon départ.

❋

À mon réveil l'appréhension me guette, je sais que ce soir ma vie va basculer à nouveau du tout au tout. C'est le dernier jour que le couple royal de Pleydor passe au palais, donc Alora m'a demandé de réserver ma journée pour elle, ce que j'ai fait avec plaisir. Aujourd'hui, je décide de mettre une de mes tenues habituelles, pantalons et tunique. Pas de robe, j'en porterais déjà une ce soir. Durant la semaine qui vient de s'écouler, Alora est devenue ma confidente, je lui ai révélé une grande partie de ma vie, elle connaît Lua et Léandre sans les avoir rencontrés. Elle m'a également parlé de sa famille, ses parents sont décédés il y a quelques années et elle a dû monter sur le trône malgré le fait qu'elle ait cinq frères plus jeunes. Son père a fait en sorte qu'il n'y ait pas de discrimination envers les femmes et que peu importe le sexe de l'ainé, il puisse monter sur le trône. Donc Alora est devenue reine à ses vingt et un ans. Mais elle connaît Chris depuis bien plus longtemps, apparemment elle a eu le coup de foudre à dix ans. Il était le fils des amis les plus proches de ses parents. Et depuis cette époque, ils se tournaient autour jusqu'à leurs dix-sept ans ou Chris lui a enfin avoué son amour. Quand elle m'a raconté cette histoire, j'ai trouvé ça adorable que deux enfants aient pu comprendre ce qu'ils ressentaient.

Je dois retrouver Alora dans le hall, mais je ne sais pas ce qu'elle a prévu pour nous aujourd'hui. Pressée de savoir ce que nous allons faire de plus que les jours précédents, je m'empresse de sortir de ma chambre une fois prête. Aujourd'hui, je n'ai pas pris mon épée, uniquement mes poignards. C'est Anatole qui s'occupe de ma surveillance et j'en suis contente, je l'apprécie. Etrangement je lui fais confiance. Il est gentil et toujours partant pour me suivre quand je veux faire du tir à l'arc, m'entrainer ou autre. Le seul problème c'est qu'aucun garde n'accepte de partir en forêt avec moi. Ça commence à faire tellement longtemps que je ne me suis pas enfoncée profondément dans les bois, c'est l'une des choses qui me manque le plus, pouvoir profiter du silence apaisant de la nature et de sa beauté. Bien entendu, je comprends que personne ne veuille partir en forêt avec une combattante qui est censée être prisonnière de ce palais, ce serait risqué. Je me console en me disant que la forêt, je la verrais constamment à partir de ce soir.