Le Joyau de Nostraria

Chapitre 12

Dans le courant de l'après-midi, je pars à la recherche de mon frère. Je le trouve dans la cour centrale en train de s'entrainer au combat à mains nues contre un mannequin. Il porte un tee-shirt près du corps qui laisse apparaitre chacun de ses muscles. En m'avançant vers lui, je remarque qu'une foule de femmes s'est amassée autour de lui. Elles feignent toutes des occupations, mais je vois clair dans leurs manèges, elles sont là pour se rincer l'œil. J'en vois une qui prend tout son temps pour refaire son lacet, une autre qui regarde sa lame sans la voir, d'autres qui parlent en petits groupes en se servant de leurs mains comme éventail. En passant, j'en entends même une dire qu'elle aimerait être le tee-shirt de mon frère. Je lui glisse donc à l'oreille :

- Tu as une foule de fans, ma parole.

Léandre regarde autour de lui sans comprendre. Il ne voit même pas que toutes ces femmes s'intéressent à lui, c'est mignon.

- Quoi ? ... Hestia, tant que tu es là, est-ce que tu veux t'entrainer avec moi ? Je dois travailler mes esquives.

- Laisse tomber. Et évidemment, je me ferais une joie de te frapper. J'espère que tu n'es pas rouillé parce que je me suis améliorée.

- C'est ça petite, tu ne m'arrives pas à la cheville.

On rigole, je pose mes armes pour ne pas nous blesser et place des bandes autour de mes points pour ne pas me faire trop mal. Je lui fais un signe de tête pour lui faire comprendre que je vais entamer la session d'entrainement, il me répond par un hochement à son tour. Je commence doucement, je vise la tête sans aller trop vite. Il n'a aucun mal à esquiver mes attaques alors j'augmente la cadence petit à petit. Je me rends vite compte qu'il est beaucoup plus rapide que dans mes souvenirs, ce qui me pousse à accélérer le rythme à nouveau. Je commence à faire des enchainements où j'alterne tête, foie, menton. Je n'ai pas encore réussi à le toucher une fois, ce qui me frustre. Je décris des cercles autour de lui en cherchant un point faible. Léandre me dit :

- Oh, je sens que ça va devenir intéressant, je connais ce regard.

Je me rapproche subtilement, décoche un coup de poing en direction de sa mâchoire qu'il évite de justesse. Il se replace et me lance un sourire narquois. Je fais un saut vers la droite et frappe au niveau de son estomac, il recule précipitamment et prend plus de temps pour se remettre droit. Je l'ai déstabilisé, ce qui me procure une satisfaction, mais de courte durée. J'étends ma jambe et rase le sol pour le faucher, il anticipe et saute. J'ai raté mon coup, ça me déçoit, je lui dis :

- Depuis quand sais-tu éviter cet enchainement ? C'était ma botte secrète.

- C'est faux, je connais ta botte sec...

Je viens de lui assener un coup de pied circulaire. Il le prend en plein dans la joue, titube, j'en profite pour sauter vers lui. Il me rattrape au vol, on roule sur le sol. Il se retrouve au-dessus de moi, un genou sur ma gorge et annonce :

- C'est ça ta botte secrète.

En effet, le coup de pied circulaire est mon mouvement préféré, je m'entrainais des heures à le lancer toujours plus vite et toujours plus haut. Il me croit vaincu, mais je n'ai pas dit mon dernier mot, je réalise un mouvement de bassin et balance mes jambes vers sa nuque, je l'attrape et baisse les jambes. Je vois ses yeux s'écarquiller, sa tête bascule vers le sol coincée entre mes jambes, j'attrape son bras et le maintien dans son dos. Il est bloqué, nous le savons tous les deux, il frappe deux fois le sol et je le lâche. On se relève en rigolant. Il dit :

- Pas mal pour une débutante, mais je t'ai laissé gagner.

- Je n'en doute pas, comme toujours.

Je ris encore plus. Léandre regarde autour de nous. Une foule de personnes s'est amassée pour regarder notre combat, je comprends rapidement que je me suis encore donnée en spectacle. Mon frère me tape l'épaule et me fait signe de le suivre, il prend sa veste et je récupère mes armes. Il m'emmène dans le bâtiment des gardes royaux. Ce bâtiment est plus beau que celui des nouvelles recrues, le hall est énorme et accueille un escalier majestueux qui donne sur des vitraux. Léandre me précède dans un couloir à droite, il toque à une porte pour signifier sa présence et entre. Je m'attendais à voir quelqu'un, mais il n'y a personne. Mon frère me dit :