Chapitre 13

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Après le départ de Léandre, les jours passèrent lentement. Ils se répétaient inlassablement. Je me levais avant l'aube, m'entrainais puis je passais la journée à lire ou à voir Lukas et le soir j'avais un nouvel entrainement avec Éros. Je commençais à me dire qu'il n'était pas si horrible, mais il a totalement changé de comportement. Il est devenu froid et distant, pas de sourire en coin ou de trait d'humour. Il restait droit comme un "I" pendant les entrainements, j'enchainais les différentes techniques de combat contre un mannequin et il m'observait en plissant les yeux et trouvais toujours une remarque à me faire. Je n'ai eu le droit à un compliment qu'une fois et c'était parce que j'avais évité un bâton qu'il m'avait lancé, soi-disant pour tester mes réflexes. J'en suis venue à détester mes séances quotidiennes d'entrainement.

J'ai également pensé à demander à Cléo où se trouvait la bibliothèque pour chercher une signification à la vision que j'avais eue, sans lui révéler la raison de ma demande. Je lui ai expliqué que je voulais trouver de nouvelles lectures parce que ma bibliothèque personnelle commençait à s'épuiser, ce qui n'était pas un mensonge. Elle m'a expliqué qu'il y en avait une dans le bâtiment des gardes confirmés, mais qu'elle n'était pas accessible aux nouvelles recrues et que de toute façon il n'y avait que des volumes sur l'art de la guerre ou l'histoire de Nostraria. Je me suis quand même risquée à demander s'il y avait des registres sur les aptitudes. Elle m'a répondu qu'il y avait peut-être quelques livres qui en parlaient, mais que le plus gros des connaissances était répertorié dans le palais. Le souci c'est qu'on ne peut pas y pénétrer sans autorisation.

Je suis retournée me promener en forêt plusieurs fois sans jamais revoir le loup ou un monstre.J'y ai découvert une clairière qui donne sur un étang, avec le temps qui commence à se réchauffer, je pris cette découverte pour une bénédiction. L'ambiance y est paisible, on peut entendre le chant des oiseaux, le coassement des grenouilles. J'adore me poser dans l'herbe à l'ombre des arbres et profiter de cette tranquillité si rare sur le camp.


Aujourd'hui, la journée est plus chaude d'habitude c'est pourquoi après le repas de midi je me précipite vers l'étang, mon coin secret. Quand j'arrive je fais comme à mon habitude, je m'assois dans l'herbe, me défais de toutes mes armes et commence à lire. C'est une romance qui parle d'un amour passionnel ou l'homme fort vient sauver la jeune femme. Ces histoires ont toujours fait rêver Lua, mais personnellement je les trouve illusoires et je pense qu'une femme doit savoir se débrouiller seule. Rapidement, ma lecture est interrompue par la chaleur malgré l'ombre que me prodigue l'énorme chêne sous lequel je suis installée. J'hésite à me baigner dans l'étang. J'observe la surface lisse face à moi. La chaleur a finalement raison de mes réticences, je me décide à y aller en me disant que je n'ai jamais vu personne depuis que j'ai trouvé cet endroit et que je n'entends pas un bruit aux alentours. Je retire alors mes vêtements et immerge d'abord mes pieds, mes mollets et le reste suit. Je suis immergée jusqu'au cou. La fraicheur de l'eau me fait du bien. Je me sens revigorée. Le soleil est haut dans le ciel et ces rayons frappent la surface transparente qui m'entoure. Les oiseaux chantent. Je plonge alors complètement, ferme les yeux et accueille la sensation des petites bulles qui passent sur mon visage pour rejoindre la surface. Quand l'air me manque, je remonte doucement. Je plaque mes cheveux contre ma tête, inspire profondément et ouvre les yeux. J'ai la sensation étrange que quelque chose a changé, mais je ne vois rien de différent, le soleil brille toujours, la température extérieure est la même que précédemment. Je remarque quand même un changement, les oiseaux ont arrêté de chanter. Inconsciemment, je m'inquiète, mes armes sont trop loin pour que je les attrape sans me faire repérer. Je ne sais pas quoi faire, soit rester dans l'eau et glisser vers les roseaux pour me protéger d'une quelconque présence ou me ruer vers mes affaires, enfiler en vitesse ma tenue et me placer en position défensive. Je décide que la deuxième option prendrait trop de temps et me laisserait à découvert trop longtemps, alors que l'eau masque mon odeur. Si c'est un animal qui passe par ici, je serai épargnée. Je nage lentement sans bruit vers les roseaux et patiente. Tous mes sens sont aux aguets, la chasseuse en moi s'est réveillée. Soudain, un effluve de lavande me parvient. J'essaie de visualiser où j'ai pu voir de la lavande pousser dans les alentours, mais ne me rappelle pas en avoir vu. J'observe l'eau pour m'assurer qu'aucune menace ne pourrait venir de l'étang quand j'entends :

Le Joyau de NostrariaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant