Le Joyau de Nostraria

Chapitre 38

Pour voir Alora, je ne sais pas comment m'habiller, je ne pense pas qu'une tenue de combat soit adaptée pour prendre le thé. Pourtant je ne peux pas me résoudre à sortir sans mes armes, inconsciemment je ne me sens pas en sécurité ici. Je n'ai jamais pris autant de temps pour choisir une tenue, je reste devant ma penderie durant de très longues minutes. Finalement, le choix se porte sur une robe fluide, marquée à la taille sur laquelle je pourrais porter ma ceinture sans que ça fasse bizarre. De petites marguerite s'épanouissent sur le tissu bleu ciel. La robe m'arrive à mi-mollet et a une fente qui remonte jusqu'à mon genou, ce qui me permettra d'avoir une plus grande liberté de mouvement. Elle a des manches courtes bouffantes. Je place ma ceinture en cuir sur mes hanches et y range mes poignards, ainsi que mon épée. Je laisse mon arc et ma dague à rouelle dans ma chambre. J'éprouve un doute à l'idée d'emmener mes armes en me disant que ce serait peut-être offensant de venir avec. J'y réfléchis longuement avant de décider que ça fait partie de moi et que je n'ai pas à changer pour le plaisir de qui que ce soit. C'est donc dans ma jolie tenue et armée que je pars prendre le thé en compagnie de la reine de Pleydor.

❋

Je laisse le garde me guider vers les jardins parce que je ne sais pas où aller étant donné la vaste étendue de verdure qui entoure le palais. Nous empruntons le chemin pour aller dans les jardins arrière. Après avoir passé quelques arbres, je vois enfin une petite table ronde bien garnie ainsi que deux chaises. Alora est déjà installée. La table comporte un set pour le thé, composé d'une théière, de quatre tasses, il y a également un assortiment de gâteaux et des fruits, fraise, myrtilles, framboises et cerises. Je m'avance vers Alora et la salue :

— Bonjour, est-ce que je dois vous faire une révérence ?

— Bonjour. Ooooh, Éros vous l'a dit... mais non surtout pas.

Elle tourne la tête vers moi et je surprends son regard dévié sur mes armes. Je m'assois en face d'elle. Elle reprend :

— Vous êtes venue armée ?

— Je suis toujours armée.

— Même hier ?

— Effectivement.

Elle paraît émerveillée.

— Mais comment ?

— Je portais une dague sous ma robe.

Je lis la compréhension dans son regard et une pointe de fascination.

— Vous savez donc vous en servir.

Cette affirmation est dite sur le ton interrogatif donc je hoche la tête. Elle commence à placer des tasses devant nous, une domestique se précipite pour le faire à sa place, mais elle lui dit sur un ton bienveillant :

— Je sais me servir seule, ne vous inquiétez pas, vous pouvez rentrer dans le château.

Le regard inquiet de la domestique passe de la reine Alora au château. Alora lui fait un petit geste de la main puis elle déguerpit. Elle tourne alors la tête vers mon garde et le dévisage. Je le regarde à mon tour et lui dis :

— Vous pouvez peut-être aller un peu plus loin.

Il me répond :

— Je dois vous surveiller.

— Je pense que ça devrait aller, même si vous êtes quelques mètres plus loin. Je ne compte pas m'enfuir alors que je prends le thé.

Il me regarde de haut en bas, je le dévisage à mon tour puis il décide finalement de reculer. Il se met à l'ombre d'un arbre en restant droit comme un I. Alora lui dit alors :