Temari se lève subitement pour faire face au soldat. Grand, cheveux noir, regard inexpressif, il ressemble grandement à Kuroro finalement. Lui faisant face, elle lui adresse un regard empli de tristesse tandis qu'elle entreprend un semblant de discussion : "- Soldat, je vous en prie, ne dites rien."
Le jeune homme ne daigne pas partager ne serait-ce qu'une seule expression faciale. Il ne bouge pas d'un seul millimètre avant de répondre : "- Pourquoi ferais-je cela ?
-Je vais me marier demain. Kuroro Lucifer sera sacré Roi et je ne peux plus annuler cet évènement, avoue-t-elle simplement." Mettant sa dignité de côté, la Reine vient se placer sur ses genoux, face au soldat, joignant ses mains. "- Vous connaissez Kuroro. S'il apprend cela, il pourrait réagir impulsivement, me blesser ou même pire me tuer. Sans s'en rendre compte, il rendrait son plan impossible à réaliser. Car, comment se marier avec une morte ?" Sans réaction de la part du soldat, elle reprend, prise de panique : "- Un homme m'aime, il me déclare son amour dans cette lettre. Mais qu'en avons-nous à faire ? C'est un simple habitant du royaume. Est-ce vraiment quelqu'un dont Lucifer doit se méfier ? Est-il nécessaire de le déranger pour cela ?"
Le soldat la fixe en silence, un silence si long que la jeune femme semble entendre les secondes passer les unes après les autres. C'est ainsi qu'elle reste dans cette position de soumission, ses yeux plongés dans ceux du soldat.
Temari s'imagine déjà mourir, tuée par les mains de Kuroro Lucifer. Elle s'imagine déjà, tabassée, jetée à travers sa chambre et défigurée. Elle s'imagine déjà laisser s'échapper son dernier souffle, dans une mare de sang, sur le sol de sa chambre. Temari s'imagine ne plus être et c'est exactement le contraire de ce qu'elle souhaite.
Alors qu'il tourne les talons pour quitter la pièce, la Reine se surprend à éclater en sanglots pour reprendre : "- S'il vous plaît, soldat. Ayez pitié de moi." Prise d'un élan théâtral, Temari ne saurait dire si elle joue ou si finalement, elle ose pour la première fois dévoiler ses peurs et sa tristesse à quelqu'un. "- Je ne veux pas mourir, je veux juste sauver mon peuple. J'accepterai tout ce que Kuroro me demandera, tant que nous préservons la paix." Les larmes tombent vulgairement sur le sol, tandis que le soldat s'arrête dans sa lancée.
Une dizaine de secondes passe. Ces quelques secondes semblent paraître mille ans. Alors, il lui tend la lettre, dans le plus grand des silences, avant de prononcer quelques mots : "- Faites la disparaître. Je ferai comme si elle n'avait jamais existé." Alors, Dieu existe.
Temari hoche subitement la tête, venant prendre un briquet et une coupelle en céramique pour brûler la lettre. Son cœur se pince doucement en comprenant que les mots de Shikamaru disparaissent au fur et à mesure que la lettre se réduit. Peut-être est-ce la première et dernière fois que le jeune Nara lui déclare ses sentiments, et ces sentiments elle les réduit à néant secondes après secondes.
Une fois la lettre supprimée, elle lève le regard vers le soldat qui la fixe, silencieusement, et ose demander : "- Soldat. Je vous remercie amplement. Comment vous appelez-vous ?
-Je m'appelle Saï, ma Reine, dit-il simplement." Saï, répète la jeune femme en détaillant le soldat de tout son large.
"- Vous êtes un brave soldat Saï, j'ai énormément de respect pour vous, avoue la jeune Reine en essuyant ses larmes d'un geste de main. Vous êtes humain, je le vois." Elle se lève doucement, pour venir s'asseoir sur son lit, faisant toujours face au soldat qui l'analyse tout autant qu'elle ne le fait.
Les deux adultes peinent premièrement à se faire confiance et cela se voit totalement. Ils s'échangent des regards pleins d'interrogations et d'analyses, alors que Saï répond à la reine par un simple hochement de tête. "- Depuis combien de temps êtes-vous dans l'armée ?
- J'ai été éduquée par deux parents membres des forces spéciales. J'ai grandi dans l'armée, dit-il machinalement tel un robot."
La jeune Reine comprend rapidement qu'elle ne tirera pas plus d'informations de ce soldat.
"- Je n'ai pas le droit de discuter avec vous, explique-t-il en détournant le regard. Les ordres sont les ordres. Reposez-vous, ma Reine." Ces derniers mots semblent prouver que, dans ce grand corps de soldat, il y a un petit semblant d'humanité, peut-être une once de compassion restante.
"- Je n'oublierai pas ce que vous avez fait pour moi, Saï, dit simplement Temari en souriant faiblement, suivant le soldat du regard tandis qu'il quitte sa chambre." Alors, lorsque la porte se ferme, la jeune femme se laisse tomber sur le lit, fixant le plafond en réfléchissant. C'est donc ça : risquer la mort ?
Tandis qu'elle est en pleine réflexion, elle vient alors réfléchir à demain, à son mariage. Finalement, ne se dirige-t-elle pas bêtement vers la mort en suivant ce chemin ? Se remémorant sa discussion avec Shikamaru, la jeune femme laisse libre recours à son imagination pour réfléchir à son mariage ainsi qu'à son peuple. Peut-être le jeune homme a-t-il raison ? Peut-être devrait-elle parler à son peuple, mais à quel prix ?
Alors, mettant en place sa mission en combinant les idées présentes dans son esprit, Temari voit une lueur d'espoir apparaître. Peut-être se dirigera-t-elle vers la mort, mais au moins elle n'entraînera pas son peuple dans sa chute. Prise d'un faible regain d'énergie après ces réflexions, elle est sortie de ses pensées par les gémissements de son frère benjamin, Gaara.
"- Gaara, ça va, demande-t-elle en murmurant tandis qu'elle entre dans la chambre du prince ?" Elle n'est pas surprise de retrouver la chambre comme elle l'a connu il y a quelques jours.
Seulement, cette fois-ci, le corps de son frère est presque inerte. Temari suppose qu'il dort et, n'étant pas décidée à le réveiller, elle se surprend à parler dans le vide : "- Gaara, papa me manque, se confie-t-elle en soupirant. Je ne sais pas ce que devient Kankuro, je n'ai plus de nouvelles. J'ai peur qu'il soit entre les mains de l'armée, entre de très mauvaises mains..." Ses paroles ne sont que de simples murmures, des plaintes qu'elle prononce pour se vider simplement.
Alors qu'elle s'apprête à continuer, elle est surprise de voir son frère se mouvoir pour la première fois. Il tremble littéralement, il tremble, grimace et prononce des mots littéralement incompréhensibles. Que lui prend-t-il ? Ses actions n'allant qu'en s'amplifiant, il commence à crier. Temari, totalement effrayée, tente de lui prendre les mains pour l'apaiser : "- Gaara ! Gaara, réveille-toi, c'est moi Temari !"
Seulement, le jeune prince n'a aucune réaction. La Reine se surprend à crier dans le vide, secouant son frère pour le réveiller. Est-il en manque ? Pourquoi est-il dans cet état ? Sans qu'elle ne puisse faire quelque chose, les gardes princiers entrent subitement dans la pièce, ne semblant absolument pas surpris de retrouver le petit prince dans un tel état.
Sans porter une seule attention à la Reine, ils se placent autour de Gaara. Chaque soldat vient lui tenir un membre tandis qu'un cinquième, doté d'une seringue, vient la planter dans son bras pour y administrer un liquide dont Temari n'a absolument pas connaissance. "- Tu vas pouvoir bien dormir, comme ça, vient dire un soldat en riant."
Temari écarquille les yeux, voyant son frère se calmer grâce à l'effet du liquide dans son corps. Alors, ils le droguaient désormais volontairement ? Elle ne quitte pas son frère des yeux, frère qui semble désormais dormir de façon totalement apaisée. Quand a-t-il été conscient pour la dernière fois ? Était-ce pour son couronnement ? Elle en vient presque à regretter les venues de Sasuke qui savait se montrer plus compréhensif...
"- Un prince en moins, finit par dire un soldat en riant."
C'est bien la fin. Demain, parler sera son dernier recours.
Si cela ne marche pas, ils seront tous morts.
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par intérêt - Shikamaru x Temari (partie 1)
Hayran Kurguvenez étudier les choix de la future reine de Suna ; entre le cœur et la raison, maintenir son image auprès des habitants n'est pas une simple mission, surtout lorsqu'un grincheux surdoué vient menacer son futur tout tracé.