Chapitre 31- Confusion

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Simon

J'ai déjà eu l'impression d'être un zombie, d'avancer sans but. J'ai déjà eu mal au cœur, mais pas à ce point. Je me sens comme une carapace vide, comme si un putain de détraqueur avait aspiré mon âme après le départ de Wille. C'est pire que toutes les autres fois. Pire car cette vois je ne le vois pas, il ne reviens pas. Il est enfermé dans son putain de château. La seule personne qui peut lui rendre visite c'est elle. Elle passe chaque weekend avec lui. Tous les lundis matins, je me dépêche d'arriver à l'internat afin de lui demander des nouvelles. La réponse est presque toujours la même. Il va bien, mais il besoin de temps. Il est en dépression. Pas un truc passager, pas une déprime ou un coup de blues, non, une vraie dépression. À grands renforts d'insomnies et de pensées suicidaires. Quelle merde !

Felice m'a expliqué qu'il passe son temps à étudier ou voir un psy. Et penser à moi. Elle à laissé échapper ça  il y a quelques jours. Moi, je passe mon temps à étudier, errer dans les couloirs, Maddy sur les talons et à penser à lui. J'y pense à chaque seconde. Si j'avais un doute sur mes sentiments, je n'en ai plus. Je suis définitivement amoureux de lui. Ça étonne qui ?

- Simon ?
La voix de Felice me tire de mes pensées. Elle me jette un regard inquiet, soucieux. Je vais bien !
Je ramasse mes peaux de clémentines pour me donner une contenance.
- Hum ?
- On à répétition pour la chorale. Tu sais pour demain ?
- Oh ...

Demain. Le gala de charité. Wille. Le revoir. Je suis terrorisé à cette idée. Et aussi excité. Toutes ces émotions paradoxales me rendent confus. Comme depuis le jour où je l'ai rencontré !
Je hoche la tête et me lève en suivant la fiancée de mon âme sœur vers la salle de musique. Demain arrivera bien assez vite ...

❤️❤️

- Mi Amor, es tarde, levántate, llegarás tarde a la gala de Wilhelm !
Au prénom de mon "amoureux", je sursaute. J'ouvre les yeux rapidement. J'ai l'impression de recevoir un seau d'eau glacée, je peine à respirer.
- ¿Qué?
- ¡Simon, levántate! Vas a llegar tarde al ensayo del coro, he planchado tu uniforme y...
- Ok ...  Je la coupe en poussant un grognement. Ok, je me lève...
Ma mère me regarde sortir du lit, les bras croisés sur la poitrine. Dans son regard se mêle de la compassion et de l'agacement. Je m'étires, ne pouvant réprimer un bâillement.
- Tu ne veux pas que je lave ton hoodie, tu le mets depuis des semaines ...
- Non, je la coupe froidement. Non, ne le lave pas ... S'il te plaît !

Aussitôt, je fonds en larmes. C'est la seule chose qu'il me reste de lui. La seule chose concrète. Ça et sa lettre. Je la connaît par cœur. Je connaît chaque parcelle de ce bout de papier devenu presque illisible tellement j'ai pleuré en le lisant. Quant à son hoodie, son odeur à presque disparue.

- Ok, elle me dit en caressant ma joue. Ok ... Prépare toi, d'accord ? On part dans quinze minutes ....

J'acquiese et m'éxécutes. Mes pensées ne peuvent s'empêcher de partir vers Wille. Et a un souvenir précis. L'année dernière à Santa Lucia, quand nous nous sommes retrouvés dans cette salle de classe vide. On s'étaient disputés à propos d'Alexander et de la marche à suivre. Ce jour là, il m'avait dit une phrase qui m'avait chamboulé : "tu es le seul à qui je peux vraiment parler". Je ne sais pas pourquoi je repense à ça maintenant. J'ai toujours cru que c'était vrai, mais en ce moment, on ne fait que se mentir. Lui comme moi. Est ce que ça veut dire que l'on ne s'aiment plus ? Est ce que ça signifie que l'ont ne peut plus se faire confiance ? Ou alors, comme je le pense, que nous essayons tellement de nous protéger que nous nous perdons ?

Une fois habillé et coiffé, je me diriges vers la voiture de ma mère. Elle m'y attends déjà. Le trajet est plus silencieux et lourd qu'un tombeau. Je n'ai pas envie de parler et elle n'ose pas rompre le silence. Elle se contente de me jeter des regards inquiets en coin. Je lui souris une ou deux fois, l'air de dire "je vais bien, ne t'en fais pas".  Après m'avoir lancé un rapide aurevoir, je descends de la voiture et je me retrouve seul à Hillerska. Une soudaine envie de vomir me submerge. Je dois respirer profondément pour refouler cette envie. Et celle de faire demi-tour. J'ai presque plus peur d'entrer là-dedans qu'après la sextape. J'suis vraiment pas bien !

All the people are fake - Young Royals Où les histoires vivent. Découvrez maintenant