Chapitre 6 - Autour de ton cou

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Simon

Imaginer Wille et Felice à poils, dans un lit me dégoûte.  Cette énième prise de bec me dégoûte. J'en ai le goût du vomi dans la bouche. Je dois prendre sur moi pour ne pas me vider dans un coin. Respire Simon ... Inspirer ... Expirer...
J'ai encore quitté un cours précipitamment. Si ça continue, je vais me faire virer.  Je prends vaguement la décision de ne pas faire d'esclandres les prochains jours. Je le vois à chaque minute de ces putains d'heures de cours, grrr ...
Alors que mes pensés imaginent un Wille entrain d'embrasser une Felice nue dans son lit, je me dirige vers le lac. Je n'ai pas trop la force pour l'entraînement d'aviron, mais cela calmera mes nerfs.
Loin devant moi, près du ponton,  j'entends August discuter avec quelqu'un. Une fille. Ils ont l'air de se disputer. Piqué par la curiosité,je me rapproche et je me cache derrière un arbre. C'est Sara. Il l'a toise de toute sa hauteur, un doigt accusateur pointé vers son visage. Un élan de haine me parcoure. Je vais le tuer !
- J'ai gardé ton secret, et pourtant, je ne suis toujours pas résidente à Hillerska.
Je m'arrête net. Choqué par les propos de ma sœur. Sa voix, son expression faciale, tout ça, ça ne lui ressemble pas.
- Wilhelm est quand même au courant, lui crache August en pointant à nouveau son doigt fin sur elle. Ça ne tiens plus. Il me déteste !
Sara ricane d'un air supérieur. Elle attrape la joue d'August et rapproche son visage du sien. Elle va l'embrasser là ?
- Ce n'est pas moi qui lui ai dit, c'est Felice. Elle à tout découvert. Mais si tu veux, je peux tout raconter à mon frère ? Il sera ravi d'apprendre que c'est toi qui a foutu sa vie en l'air et qui l'a séparé de son stupide prince à la con.
Je suis à nouveau pris de nausées. Les hauts de cœur me plie en deux. Je ne peux plus luter. Une seconde après, je suis à genoux, entrain de me vider. Je vomis tellement qu'il ne reste bientôt que de la bile. Je suis épuisé, un mal de crâne me torpille. Je me relève et reste là, près du lac à observer les reflets dorés du soleil dans l'eau.
C'est August qui a fait fuiter la vidéo et Sara le savait. Felice le sais. Wilhelm aussi et il n'a rien dit. Il ne m'a rien dit. Je me sens trahi. Par toutes les personnes que j'aime. Putain !
Il est presque l'heure, je me décide à rentrer chez moi, tant pis pour l'aviron.
En repartant vers le manoir, je tombe sur Wilhelm, Henri et Walter. Mon ex petit ami sourit à ses amis. Il a l'air heureux. Il porte son sweat Ralph Lauren bleu marine et un short blanc. Comme le jour où il m'a dit qu'il voulait être avec moi finalement. Putain de souvenir à la con !
Quand il me voit, il cherche mes yeux. Je détourne le regard. Dégage de là !
- On se rejoint aux vestiaires, Wille ? On doit ...
Henri ne finit pas sa phrase. Il continue sa route, entraînant un Walter confus avec lui. Wilhelm remets ses cheveux en arrière. Il me fixe. Ok ...
- Ça va Simon ?
Sa voix est douce. On dirait que les dernières heures, les derniers jours n'ont jamais existé. Si seulement !
- Oui, pourquoi ?
Ma voix se brise. Il me touche l'épaule. Aussitôt la chaleur me revient. Notre intimité nous enveloppe. Putain mais pourquoi il me fait cet effet là ?
- Tu mens très mal. Dis-moi tout.
Je le regarde, il est beau. Ses yeux noisettes cherche le moindre indice sur mon visage, ses cheveux miel dans une brise légère. J'imprime cette image mentale de lui pour plus tard. Je suis triste, pas vraiment en colère contre lui de lui pour m'avoir caché la vérité. Je suis juste déçu. Je pensais que je comptais, qu'il m'aimais. Mais je t'aime, moi ...
- Je sais que c'est August pour la vidéo, je lui balance acide. Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?
Il soupire. Il a l'air las. Il me caresse doucement l'épaule à nouveau, je le laisse faire. J'en ai besoin. J'ai tellement besoin de toi ...
- Je ne sais pas, m'avoue t-il au bout d'un long moment. C'était trop tard, tu étais déjà tellement impacté par tout ça, par ma faute. Je voulais t'épargner tout ça.
Je hausse les épaules. Je ne sais pas quoi dire. Nous nous fixons encore un long moment, ses mains sur mes épaules. C'est un silence confortable mais nos cœurs battent à l'unisson. J'ai enfin assez d'oxygène pour respirer...
- Pourquoi il est encore là ? Ta mère n'était pas au courant non plus ?
- Si elle le savait depuis le début, m'avoue t'il des trémolos dans la voix. Mais elle l'a quand même couvert, pour protéger son fichu héritage.
- Putain, je la déteste, je m'écris en donnant un coup de poing imaginaire.
Wille sourit tristement puis me serre dans ses bras, ses bras autour de mon cou. Ses bras me tenant si fort que cela me coupe la respiration. Toute la chaleur qui m'avait quitté est revenue. Enfin, dans tes bras mon Wille !
- Moi aussi, car à cause d'elle ...  je t'ai perdu.
Il relâche nôtre étreinte, remets une de mes boucles derrière mon oreille et s'en va, sans dire un mot. Wille reviens !
- Wille, attends ... Attends !
Je lui coure après sur une dizaine de mètres.
- Wille ... S'il te plaît !
Il se retourne brutalement, ce qui à pour effet de me faire piler devant lui. Nous sommes face à face, ses yeux perdus cherchant un peu de répit.
- Simon, je t'en supplie, ne fais pas ça, me supplie t-il en joignant ses mains. Ne fais pas ça, par pitié. Aucun de nous ne mérite ça.
Je le regarde sans comprendre. Autour de nous, Malin nous surveille, elle est un peu plus loin, près des vestiaires. La nuit commence à tomber. Le ciel de nappe d'orange, de rose, de mauve. Je jette un œil mon beau prince. Il se ronge les ongles.
- Explique- moi, je lui demande. S'il te plaît ...
L'homme que j'aime pousse un soupir résigné. Je sens que ce qu'il s'apprête à me dire n'est pas joyeux. Je sens déjà mon cœur se serrer.
- Simon, je t'aime comme un dingue. Je t'aime tellement que j'en crève, mais je ne peux pas être celui que tu voudrais que je sois. Je peux pas ... Tu mérites quelqu'un qui n'a pas peur de te donner la main en public, qui t'appelle son "petit-ami"et qui ne te demande pas de te cacher. Et moi, ça je peux pas ... Pas pour l'instant, je ...
Au bord des larmes, je me précipite dans ses bras. Cette fois, c'est moi qui le serre fort. Il ne résiste pas. Je l'embrasse avec ferveur, goulûment. Il me rends mon baiser. Il a les yeux clos, ses cheveux viennent caresser mes joues rosient par le désir.
- On doit arrêter ça, Simon, il murmure tout en décollant son corps du mien. On doit vraiment arrêter de se faire du mal. On doit se quitter, définitivement. On doit avancer ....
Ma main qui tenait encore la sienne, retombe lourdement sur ma hanche. Wille se remets à ronger son pouce. Il à l'air dévasté. Je le suis. Je sais qu'il à raison. Mais je ne peux pas me résoudre à le quitter.
- Une dernière nuit, donne moi une dernière nuit. Hors du temps, hors de la souffrance, hors des conventions. Juste toi et moi ...
- Simon ...
Il ne dit rien de plus que mon prénom. Il me prends par la main et m'emmène vers sa chambre en silence. Malin nous suis de loin. Je pense à nos baisers fiévreux, à Felice dans son lit, à notre rancoeur, à notre amour maudit, à tout un tas de choses. Mais la seule qui m'importe, c'est de retrouver pleinement les bras de Wille. Mon beau Wille !

❤️❤️

Arrivés devant sa chambre, il me lâche la main. Il me regarde gêné. Il se ronge à nouveau un ongle.
- Tu vas me dire un truc pas cool ?
- Ouais ... Non, c'est pas ça. C'est juste que je dois dire un truc à ...
L'image de Felice s'impose en moi. Je la vois très bien débarqué dans une heure ou deux, en petite tenue, afin de s'envoyer en l'air avec Wilhelm. Putain !
- Tu dois parler à Felice ? Je lui demande abruptement. Tu sors avec elle ?
Ça ne me regarde pas, au fond je le sais, mais j'ai envie de savoir. Je crève d'envie de le savoir.
- Quoi ? Non, évidemment que non! Pas du tout !
Il à l'air sincère mais j'ai l'impression qu'il ne me dit pas tout. Je décide de chercher la vérité. On se le doit bien. Je ne pourrais jamais coucher avec un homme en couple. Même si c'est Wilhelm. Surtout si c'est lui. Même s'il s'avérait que sa petite amie est Felice. Beurk !
- Dis-moi toute la vérité, Wille. Je te veux en entier ou pas du tout. Je ne veux être ni un secret ni un amant.
Wille remets ses cheveux en arrière et me fait signe d'entrer dans sa chambre. Le couloir était vide. À cette heure-ci, les autres sont en études, entrain de faire du sport ou de traîner entre potes. Mais c'est un peu plus rassurant de parler dans sa chambre. C'est comme un cocon.
- T'as des états d'âmes toi maintenant ?
Les mots de Wille me transperce le cœur. Ils sont tellement insultants, rabaissants. Ni une ni deux, je pivote sur la droite et me dirige vers la sortie. Wille, me rattrape par le bras et me ramène vers lui, comme tellement de fois auparavant
- Je ne voulais pas dire ça, s'exclame t-il avec urgence. Excuse-moi ! Je ..  restes, ne pars pas, s'il te plaît ... Je te dirais tout. Tout ce que tu veux entendre, pourvu que tu restes près de moi.
Je hoche la tête et je me pose sur le lit. Il me suis, un peu plus calme.
- Il se passe quoi avec Felice ?
- Elle à dormi ici les deux dernières nuits.  Je l'ai laissé dormir ici car j'avais besoin. Ça fait des semaines que je n'avais pas dormi. Elle m'a juste caressé les cheveux... Je ...
Ses explications n'ont pas de sens pour moi, mais pour lui, si. Alors je ne dis rien. Je le laisse parler. Il a l'air en transe. Ses yeux sont dans le vague. Ils ne fixent pas un point particulier. Calme-toi Wille !
- Wille ? Je le questionne doucement. Tu vas bien ?
- Hier soir, j'ai déconner. J'étais tellement mal. Tellement en mal de toi, tellement ... vide, que j'ai essayé de comblé ce manque avec elle. Mais c'était horrible, j'avais l'impression de te tromper. Je sentais mon cœur se déchiré ... J'en brûlait. C'était pour t'oublier, mais je peux pas. Tout ce que je voulais c'était toi. Pardon, Simon, pardon ...
Il pleure. Ses larmes font des rouleaux sur ses joues. Soudain, on dirait un enfant, plus un jeune homme. J'essuie ses larmes avec ma manche. Il plante ses prunelles noisettes et humides dans les miennes. Une décharge m'électrise. Me traverse de la tête aux pieds. Oh et puis merde!
- Je suis là, Wille.
- Après tu vas repartir, tu vas m'abandonner comme tout le monde, je serai encore seul !!
Ses mots me blessent. Je ne l'ai jamais abandonné. C'est lui qui m'a forcé à le faire. C'est lui qui a piétiné mon coeur. C'est lui qui as voulu faire de moi un secret. Ça ne change rien à ce qu'il y à entre nous, on est toujours nous ...
Je me rappelle de ses mots, comme s'il venait de les prononcer. C'est dur...
Mais ce soir, je mets tout ça de côté. J'ai besoin de Wille. J'ai besoin de toi, mon Wille ...
- Je suis là maintenant. C'est pas le plus important ?
Une lueur brille dans ses yeux. Il me sourit. Tout ce qui à été dit avant, n'a plus d'importance. On se concentre sur l'instant présent. Quand ses lèvres effleurent les miennes, j'oublie tout.
- Fais moi l'amour, fais moi sentir vivant.

All the people are fake - Young Royals Où les histoires vivent. Découvrez maintenant