Chapitre 37 - Angoissé

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Wilhelm

L'attente est insupportable. Les secondes s'égrènent au son du tic tac de l'horloge de la salle d'attente et des pas de mon mère dans le couloir. Mon téléphone n'a plus de batterie. Je ne peux même pas appeler Simon. Je dois bien dire que c'est la seule personne à qui j'aimerais parler. Et écouter. Il avait l'air tellement peiné, tellement blessé. Je reste fort pour lui, mais j'aimerais m'effondrer. Tout me prends de plein fouet : le coma de maman, le retour de Liam et Simon qui semble garder en lui des traumatismes bien enfouis. Tout s'effondre comme un château de cartes autour de moi et je ne songe qu'à en faire de même. Mais pour une fois, j'ai la force nécessaire pour ne pas totalement sombrer. Enfin je crois...

Assis, le dos bien droit et les yeux clos, j'évite de plonger dans le tourbillon des pensées qui s'échouent sur les côtes de mon esprit. Tic tac, tic tac ...
Un léger mal de tête me saisit. Mon cœur explose sans cesse dans ma cage thoracique. Des nausées me prennent aux tripes. J'ai l'impression de chuter dans les abîmes du monde. De replonger dans les sensations que je voulais tant faire taire par le passé. Je donnerais tout pour qu'à nouveau mon cœur ne ressente plus autant, que tout s'engourdisse, ralentisse, que tout s'éteigne même.

- Wille ?

La voix de Malin me parvient difficilement, comme si elle émergeait d'un brouillard épais et cotonneux. J'ouvre doucement les yeux. La lumière crue et froide des néons me brûle la rétine. Autour de moi, tout se remet en place : la froideur de la salle d'attente, l'odeur aseptisée et glaçante de l'hôpital, l'ambiance tendue qui émane de chaque personne. Tic tac, tic tac ...

- Wille ?

Cette fois, Malin me secoue énergiquement. Elle accroche son regard au mien. Je lui hurle de l'intérieur que tout va bien. Que j'aimerais que tout aille bien. Elle pose sa main sur mon épaule, la serre rapidement, puis m'adresse un sourire bancal. Ce geste m'encre encore un peu plus à la réalité.

- Ton père pense que tu devrait rentrer à l'internat. Vous ne pouvez rien faire pour le moment et ... Tu as besoin de te reposer. Et Simon ...
- Non, je dis, la coupant sèchement et en me levant pour lui faire face. Non ! Je veux rester là ! Si je pars,elle va ... Si je pars, elle va mourir, Malin ! Je dois rester là ! Si je reste tout ira bien, si je reste...

Ma phrase s'évanouit dans mes sanglots. Je suis incapable de dire autre chose, de faire autre chose que pleurer. C'est mon cœur et mon corps qui explosent, je ne contrôle plus rien. Je tombe presque sur Malin. Elle me tiens à bout de bras, ma tête posée sur son épaule, je la serre comme si elle était une bouée au milieu d'un océan agité. L'océan agité de ma vie, de mes pensées, de mes sentiments.

- Wille, écoute-moi. Je sais que c'est difficile pour toi, mais je te jure que quand ta mère se réveillera ... et elle le fera ! Elle a la tête dure ! Elle aura besoin de toi, en forme. Elle aura besoin de toutes tes forces ... Pour ça, tu dois rentrer te reposer et retrouver Simon. Tu as besoin de Simon ...

Elle me relâche, essuie mes larmes avec un mouchoir puis caresse ma joue. Simon ...

J'ai tellement besoin de lui que j'en ai mal. Mon cœur fait des ratés, il bat trop fort parfois. J'ai le mal de lui. Sans lui, je ne fonctionne pas comme un être humain normal. Je peine à respirer, à réfléchir. Quand je suis loin de lui, j'ai l'impression d'être une coquille vide et inutile. Mais savoir que je vais le retrouver me permets d'avancer, d'attendre le jour d'après, de passer la nuit quand tout va mal. Et ce soir, ça va mal ...

- Non, tu ne comprends pas Malin ... C'est de ma faute si elle est là ... Je l'ai tellement déçu ... Elle déteste tellement ce que je suis ! Elle... Elle... Je lui ai brisé le coeur ! Tellement fort qu'elle a failli en mourir ...

All the people are fake - Young Royals Où les histoires vivent. Découvrez maintenant