Chapitre 4 - Jeux dangereux

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Simon

J'ai poussé Wilhelm tellement fort qu'il est tombé. Il s'est littéralement éclaté le poignet sur les marches. Je devrais me réjouir, mais je ne peux pas. Maintenant je m'en veux. J'ai vu son regard hagard et désespéré quand je lui ai dit d'aller se faire foutre. Il doit me détester. Il devrait me détester. Si ça pouvait être le cas, ça serait tellement mieux. Peut être que c'est le cas. Peut-être que sa déclaration d'avant les vacances n'est plus vraie. À cette idée, j'ai le cœur qui se fissure. Il à l'air proche de Felice. Il avait même un sourire aux lèvres en arrivant en classe. C'est peut être mieux comme ça. C'est plus simple. Pour lui. Pour moi, je ne sais pas. Moi, je passe au second plan ...
- Simon, attends moi ? S'il te plaît ?
C'est Henri. Il me sourit et attends que je  lui réponde. Je lève les yeux au ciel et m'arrête aussitôt. Qu'est ce que tu veux, espèce de sale gosse ?!
- Tu voulais me dire quelque chose ?
- Heu, ouais ... Sa voix est tendue, hésitante. Je voulais te dire que j'étais désolé pour l'histoire de la ... Avec Alexander et tout ça. C'est August qui voulait te faire porter le chapeau ... Mais Wille, il à tout fait pour te protéger. Il ...
- Ok, et c'est quoi le rapport avec toi ?
Ma voix est froide et agacé. Mais je n'ai pas envie de parler de Wille. À croire que tout ramènes à lui. Évidemment que oui!
Henri hausse les épaules, en silence. Il crois que je peux lire dans son esprit ou quoi ?
- Je t'ai mal jugé, finit-il par dire. Je me suis trop laissé embobiner par August. C'est un sacré connard. Tu viens ?
- Venir où ?
- En cours d'anglais ?!
Je ne dis rien, je me contente de le suivre. En revenant ici, je m'attendais à des injures, des critiques, des regards dégoûtés et seulement ça. Mais des personnes m'apportent leurs soutien. Ça fait chaud au cœur. Je me sens presque accepté. Presque. Je serai toujours " The Swedish Prince Boyfriend".  Celui qui suce le Prince, celui qui dévergonde l'espoir de la nation pour les élèves de cette école et leurs bourges de parents. Pff, on est plus rien l'un pour l'autre.
En classe, je m'asseoit près de Maddy. Elle porte une robe rouge à pompoms noir avec des bottes de motards et un superbe eye liner graphique. Elle me sourit franchement et me demande comment je vais. Notre conversation est interrompu par Felice et sa petite bande : Stella, Frederika et évidemment, Sara. Ma sœur porte encore ces horribles barrettes dorées et toise tous les élèves comme si ils étaient ses sujets. Elles s'assoient à notre gauche. D'autres élèves arrivent. Enfin, encore bon dernier, arrive Wilhelm. Il porte un bandage à sa main droite. Je lui jette un regard en biais. Aussitôt nos prunelles s'attrapent. Son visage delicat est tendu, mais moins fatigué. Il s'asseoit à ma droite, à côté de Walter. Son voisin de table accapare son attention, alors il détourne son regard de moi. Je me sens froid tout à coup. Pourquoi ??
- Hi everyone, tell me what are the financial and economic issues of Sweden with the EU?
Felice lève déjà la main. Elle assomme la classe avec son argumentation. Saoulé, je joue frénétiquement avec mon stylo. En le relançant un peu fort, il tombe sur la table de Wille. Aussitôt nos prunelles retombent dans la contemplation de l'autre. Il faut un raclement de gorge du professeur et une secousse de Maddy pour revenir à la réalité. Tout le monde nous fixe. Sara à l'air dégouté et Felice semble furieuse. Les autres nous lancent des regards étonnés. Qu'est ce que... Quoi ?
Maddy me tape avec force pour me sortir de ma transe. Je secoue la tête comme pour me sortir de ce moment hors du temps. Wille dégage ses cheveux de son visage. Le professeur repart dans ses explications soporifiques. Felice me lance un regard venimeux.
- Tu peux me rendre mon stylo? Je demande à Wille de la voix la plus neutre possible. S'il te plaît ?
Il acquiesce. Nos doigts se frôlent. La décharge électrique me saisit à nouveau. À nous voir, les mains tendues l'un vers l'autre, je repense à cette balade en  scooter à Bjärstad. C'était presque comme un premier date. Il avait fuit l'entraînement d'aviron pour me rejoindre, nous étions au match de foot de Rosh. C'était pas la chose la plus incroyable du monde mais il était là, beau sous les rayons de lune, son écharpe autour du cou. Je me souviens avoir lutter dur pour ne pas l'embrasser dès qu'il était descendu du bus.
- Wille... Psttt, l'appelle Felice de l'autre bout de la classe. Wille tu veux qu'on se voit ce soir ?
La colère me monte aux joues. Elle me brûle de l'intérieur. Elle me consume. Je serre les poings. Fort, très fort. Tellement que j'en ai presque le souffle coupé. Respire Simon ... Respire ...
- Non, pourquoi ? lui demande le prince en fronçant les sourcils. J'ai aviron de toute façon ...
Felice se rembrunit puis sourit à nouveau quand elle voit le bandage au poignet de son ami.
- Tu ne pourras pas t'entraîner avec ton poignet, Min älskling !
Je casse mon crayon de rage et me lève, sans demander l'autorisation. Je lance un regard brûlant de rage à Felice puis à Wilhelm. Il me rend mon regard. Le sien est inquiet. J'ai vraiment envie de vous péter la gueule...
- Mister Eriksson, where are you going? You .. 
- Oh vous, lâchez moi, je hurle à mon prof. Je ne me sens pas bien ...
Je quitte la salle sous les regards médusés de mes camarades de classe. Je fonce au pas de course jusqu'au réfectoire. Quand j'arrive, il n'y a que le personnel en train d'installer le buffet, les assiettes, les couverts. Min älskling. Elle l'a appelé mon chéri. Elle lui donne un surnom alors que moi même, je ne l'ai jamais fait. Ce n'est pas quelque chose que j'affectionne particulièrement mais c'est mon Wille. C'est moi qui aurai dû avoir ce droit. Mon Wille.
Je me fais petit, dans un coin de la pièce, pendant que mon esprit turbine à mille à l'heure. Pour occuper le temps et calmer mes nerfs à vif, je consulte mon téléphone. Deux messages. De Wilhelm

All the people are fake - Young Royals Où les histoires vivent. Découvrez maintenant