Chapitre 40 - Et toi ?

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Simon

Depuis quelques jours, je fais des allers retours entre l'hôpital et l'école. J'ai l'impression d'être en transit dans ma propre vie. Et dans ma propre relation. Depuis que Wille à fait une rechute, nous n'avons pas vraiment reparler de nous deux. Tout s'est emballé très vite. Quand je suis avec lui, je me contente de m'allonger près de lui, de caresser ses cheveux et de l'écouter respirer alors qu'il dort. Il est si paisible, si beau que ça suffit à me rendre heureux. Mais lui l'est-il ?

- Simon, prenez lui encore deux pulls, s'il vous plaît. Et il voudrais son ordinateur portable ...

Je hoche la tête et m'acquitte de ma tâche. J'entasse quelques affaires supplémentaires, et alors que je cherches le chargeur de son ordi dans les tiroirs de sa table de chevet, je tombe sur sa boule à neige et une petite boîte rouge. Curieux, je l'ouvre : c'est une bague de fiançailles en or, ornée d'un diamant. La bague de Felice ...
Un peu perturbé par cette découverte, je fourre le chargeur, la boule à neige et l'écrin dans le sac, puis referme la porte derrière moi.

- On peut y aller, j'indique à Malin dans un soupir.
- C'est parti !

Alors qu'ont se dirigent vers le véhicule qui nous emmènera vers l'hôpital, ont tombent nez à nez avec Liam et Maddy. Un frisson de gêne et de dégoût me traverse. Maddy lance un avertissement en anglais à son frère, avant de s'avancer vers moi. Elle porte une robe longue et ses éternelles bottes de motardes. Je lui adresse un sourire que j'espère engageant. Mon regard glisse quelques secondes vers Liam. Il se tient à quelques mètres de nous, les bras le long du corps, les yeux vides.

- Simon, comment tu vas ? Et Wilhelm ?
- Il va bien, je réponds en l'enlaçant rapidement. Enfin ... aussi bien que le permette les circonstances. Il est pas mal éprouvé par le choc ... Il en a pour plusieurs de semaines d'hospitalisation ...
- Hum ... oui et toi, comment tu le vis ?

J'aimerais lui mentir et lui dire que je le gère bien. Que tout va bien, que je ne me réveille pas en pleine nuit car j'ai l'impression d'entendre le crissement des pneus avant de voir Wille s'envoler dans un silence de mort, puis retomber quelques mètres plus loin comme une poupée de chiffon, inanimé, sous une pluie battante. J'aimerais lui dire que je ne repasse pas cette scène en boucle dans ma tête, que la peur, l'inquiétude et les nuits sans sommeil ne sont pas devenues habituelles, mais je n'arrive plus à cacher quoi que ce soit. J'ai cru le voir mourir devant mes yeux ...

- Mal, je réponds en évitant de pleurer. C'est dur, je ...

Maddy me serre contre elle. Je reste là, quelques secondes. Elle me sourit avec douceur. Pour une minute, ça m'apaise. Malin s'éloigne un peu, comme pour nous donner de l'intimité.

- Si tu as besoin de parler, à n'importe quelle heure ... Nuit comme jour, appelle moi. N'hésites pas ...

Elle me câline une dernière fois puis repart, son frère dans son sillon. Il me lance un regard mauvais qui me glace le sang.

- Simon, il est temps ...

J'acquiese et la suit jusqu'à la voiture. Comme toujours, le silence est maître. Je n'ai ni la force ni l'envie de dire grand chose. J'arrive à peine à aligner deux mots ...
Tout me hante depuis ce soir-là : la chaussée humide, l'air glacial, le crissement des pneus, sa main frappant dans un miroir, Wille qui respire à peine, son visage couvert de sang, son air abattu quelques minutes avant, ses cris résonnant dans les toilettes. Tout me hante, et seul les larmes m'accompagnent.
La troisième fois. La troisième fois qu'il essaie d'échapper à la vie. La troisième fois que j'ai faillit le perdre. La troisième fois que j'ai senti mon cœur s'arrêter de battre. Henri avait raison : l'amour ne guérit pas les blessures de l'âme.

All the people are fake - Young Royals Où les histoires vivent. Découvrez maintenant