Chapitre 13 - Enfer sur terre

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Wilhelm

Je me repasse en boucle les images de moi et Simon dans les vestiaires. C'était un moment d'égarement mais un moment incroyable. À l'instant où j'ai posé mes lèvres sur les siennes, je suis littéralement revenu à la vie. Le trou béant dans mon cœur à était comblé. Comme toujours, je suis retombé pour lui. Quel merde !

Je repense à Simon, la tête rejetée en arrière, les yeux mi-clos tirant mes cheveux au moment de l'orgasme.
- Wille, m'apelle Felice en m'attrapant par le pull. Arête de rêvasser et habille-toi correctement, ta mère nous attends.
- Putain, ouais ...
J'enlève mon hoodie Hillerska et mon jogging et enfile un costume bleu foncé avec une chemise blanche. Felice m'aide à nouer mon nœud de cravate. Quand nos regards se croisent, je rougis. Elle m'embrasse doucement, comme pour me donner du courage.
- Ça va aller, Wille.

Elle me tends la main alors que je me ronge les ongles jusqu'au sang. Nous sortons en silence de la chambre et Malin nous escorte jusqu'à la berline sombre qui nous attend devant la grande porte du manoir. Le chemin jusqu'au Château se fait dans un silence relatif. Dès que je commence à avoir des symptômes d'impatience ou de stress, Felice me caresse le dessus de la main ou me glisse un baiser sur les lèvres. Elle apaise mes angoisses. Angoisses que je suis bien décidé à terrasser une à une. Devant le château, je sens mon cœur s'emballer si fort que j'en tremble.
- Shhh, Tout ira bien. Montre lui que tu es fort !
J'acquiesce d'un infime signe de tête et me dirige vers l'enfer sur terre. La Reine nous attends dans le petit salon. Elle est toujours aussi impassible, froide. Ses cheveux et sa tenue sont impeccables. Mon père lui, se trouve près d'elle, silencieux, droit. Quand je passe devant lui, il esquisse un geste vers moi et me prends dans ses bras. Surpris, je me laisse faire. Ma mère lui jette un regard de mépris. Felice, toujours derrière moi, s'accrochant à ma main, salue mes parents d'un signe de tête.

- Asseyez-vous très chers, dit Maman en indiquant le sofa fleuri face à elle.
- Que nous vaut le plaisir de vous voir, Majesté ?
La Reine nous examinent comme si nous étions des morceaux de viande avariés.
- Les rumeurs sur toi et cet ... Individu ...
- Simon, je la coupe. Il s'appelle Simon.
Elle arrête de parler pendant une dizaine de secondes, elle essaye de me faire taire du regard, mais je ne le ferai pas cette fois.
- Les rumeurs sur toi et ... Simon se font plus rares, mais il semble qu'elle soit encore tenace à Hillerska ...
- C'est parceque tout le monde à reconnu ma chambre, je la coupe à nouveau. Ils ne sont pas idiots !
- Wilhelm, tais-toi, crie ma mère en tapant du poing sur la petite table basse en bois de rose qui se trouve entre nous. Ça suffit, tu ne me parles pas sur ce ton !
- Kristina, sois raisonnable, dit mon père.
- Très bien, reprends t-elle en lissant le tissus de sa robe beige. Il faudrait faire une déclaration. Je souhaiterais que vous annonciez vos fiançailles.
- Pardon ?
Felice et moi avons parlés en même temps. Nous regardons ma mère avec des yeux ronds. C'est un cauchemar, dites moi que c'est un cauchemar ?
La reine, elle, toujours implacable, nous défie du regard. Personne ne dit rien pendant un moment.
- Il est temps d'annoncer vos fiançailles. Tu donneras l'image d'un jeune homme engagé et stable et pas d'un ...
Furieux, je me lève, contourne la table et fais face à ma mère.
- D'un quoi ? Je lui demande en hurlant. De quoi ?
Elle lève la tête afin de pouvoir me répondre, les yeux dans les yeux.
- D'un dépravé qui se bagarre et se compromet avec des hommes.
Je rigole amèrement et croise les bras sur mon torse. Mon père est sous le choc.
- Je sais que je ne suis pas Erik, mère, mais je suis le seul enfant qu'il te reste alors soit tu m'acceptes, soit ...
Les mots me manquent, l'air me manque, je ne sais pas quoi dire. La reine affiche un rictus sur son visage de marbre.
- Tu ne peux même pas me menacer correctement. C'est sûr que tu ne seras jamais Erik, j'aurais préféré que tu meurs à sa place.
Ses mots m'assaillent de plein fouet. Ils me heurtent tellement que j'en vacille. Felice me retiens de toutes ses forces, mais je ne sais pas si je vais pouvoir tenir plus longtemps. Ressaisie-toi !
- J'ai essayer de mourir, mais je ...
- Oh oui, mon fils, me coupe t-elle d'une voix glaciale. Et même cela tu ne l'as pas réussi.
Elle quitte la pièce sans me regarder ou ajouter quoi que ce soit. Cette fois, je m'effondre. L'air de mes poumons s'envolent, je suffoque presque. Je ne peux plus m'arrêter de pleurer. Quelque part, quelqu'un crie et me secoue, je suis incapable de bouger. Le monde tourne autour de moi, les couleurs se mêlent au bruit, le sol et le plafond s'inversent, les sens sont exacerbés, j'ai chaud, puis froid. La seule chose qui ne me fait pas complétement flanché, c'est la voix de Simon qui me revient dans un écho. Ressaisie-toi Wille !

Je sens que quelqu'un me tire par le bras. On me pose sur une surface molle, on m'emmitoufle dans quelque chose de chaud et épais. Ressaisie-toi !
Ma vision reviens peu à peu à la normale. Felice me fixe, inquiète. Mon père est assis à côté de moi. La lumière du jour me brûle la rétine. J'ai mal à la tête, tout tangue encore un peu. Je tousse alors que de l'air semble à nouveau dans mes poumons.

- Wille, tu ...  Sanglote mon amie. Tu ... M'as fait très peur !
- Désolé, je lui dit en essayant de sourire. Je ne ...
Mon père me prends dans ses bras, et me serre fort contre lui, m'obligeant e taire. Pour la première fois de ma vie, je sens son cœur contre le mien.
- Tu n'as pas à t'excuser, Fils ! Ta mère à été beaucoup trop loin. Toutes ces choses qu'elle t'a dit, je ... Je ne pense pas comme elle, pas du tout
Incapable de parler, je reste dans ses bras encore un peu. Mon père renifle et me fait de nouveau face. Son visage est triste.
- Tu ne seras jamais Erik, car tu es Wilhelm, et c'est très bien comme ça. Tu es la personne la plus belle, la plus forte et la  plus humaine que je connaisse. Je comprends maintenant la pression que nous t'avons imposé. Je suis désolé, fils. Tellement désolé ...
- Papa, je ...
Je ne peux retenir davantage mes larmes. Mon père me suit, Felice nous rejoint. Quel spectacle ...
- Ne t'excuse jamais de qui tu es, de ce que tu fais ... de qui tu aimes, Wille. Ta mère ... Idéalise Erik. Mais il était loin d'être parfait, il avait des défauts comme tout le monde. Simplement, il était plus comme "elle", plus protocolaire, plus ancienne école ... alors elle lui passait plus de choses. Mais toi aussi, tu es capable !
Mon père essuie ses larmes avec le coin de mon plaid. C'est la deuxième fois que je le vois pleurer de ma vie. La première c'est quand Erik est décédé.
- Merci papa, mais je ne sais pas ce que je dois faire ... Erik savait toujours lui.
- Erik ne savais pas toujours, corrige mon père. Il écoutait ta mère. Mais le plus souvent il écoutait son cœur. Fais comme lui, écoute ton cœur ...
- Et pour mère ? Et cette déclaration ?
- Ne la laisse pas te faire disparaitre, Wille. Ne la laisse pas gommer ce qui fait de toi, toi. Pour le reste, on verra plus tard.

❤️❤️

Je me souviens à peine du trajet entre ici et le château. Je n'ai fait que repasser le cours des évènements de la journée en boucle, encore et encore. Réjouissant !
- Malin, Felice, j'aimerais lui parler seul ...
Mes deux compagnes acceptent d'un signe de tête. Je sors de la voiture et me dirige vers la stèle d'Erik. Je n'ai jamais eu le courage de revenir ici depuis son enterrement. Mais là, je sens que c'est le moment. Je m'asseoit sous l'arbre aux feuilles mortes qui jouxte sa tombe. C'est un endroit paisible sous le ciel, la lune et les étoiles. Un bel endroit pour y passer l'éternité !

- Erik ... Je suis désolé de ne pas être venu plus tôt pour te voir, te parler. Mais j'avais peur ... je me sentais tellement coupable d'être celui qui reste. Le remplaçant, mais celui dont personne ne veut alors ... je t'ai laissé seul. Tu sais, c'est horrible ici sans toi, tellement horrible que j'ai eu envie de te rejoindre. Mais j'ai pas réussi ... je me dis que finalement, c'est toi qui m'a fait revenir. Car toi, toi tu sais ... tu as vu quelque chose en moi, que personne d'autre n'a vu. Je l'ai compris maintenant. Sauf Simon... lui aussi, il m'a vu, comme je suis. Je l'aime tu sais. Vraiment très fort. Plus que tout, même. C'est lui m'a sauvé quand j'étais perdu. Vous êtes mes repères dans la nuit, mes phares dans la tempête ... Je pense qu'il te plairait ...
J'ai essayé d'être comme toi, mais j'ai compris que je pouvais pas, car il fallait que je sois moi. Papa m'a dit que tu doutais doutais souvent, toi aussi. Que parfois, tu ne savais pas quoi faire non plus, alors tu cherchais la réponse dans ton cœur. Tu me manques, Erik. Je vais essayer d'être à la hauteur de ce que tu as toujours vu en moi. Aurevoir ...

Je dépose une rose sur la tombe d'Erik, je pleure un long moment, puis quand il commence à faire froid et que le ciel se nuance de rose et d'orange, je me presse vers la voiture. Felice s'est endormi, Malin pianote sur son téléphone. Nous repartons vers Hillerska. Je me sens plus en paix ce soir que ces seize dernière année.

❤️❤️

Je suis allongé dans mon lit, Felice dans l'autre. On ne parle pas, on ne dort pas. On est juste là. Je tripote ma boule à neige nerveusement. Felice soupire. Elle va vouloir parler !
- Tu ne veux pas parler de ce matin ? Ou de ta mère ? Tu es sûr que tu vas bien ?
- Non, je ne veux pas parler, je lui réponds déterminé. Mais je veux que tu m'aides, Felice.
Elle se relève un peu afin de voir mon visage. Je luis souris sincèrement.
- Tu veux que je t'aide à quoi ?
- Aides moi à démarrer une révolution ...

All the people are fake - Young Royals Où les histoires vivent. Découvrez maintenant