Le fantasme et la bête.

Chapitre 3 : Chez lui.

Lorsque je reviens à moi, je flotte agréablement...

La brume dans ma tête est plus légère, moins douloureuse. Je me sens presque sereine, jusqu'à ce qu'un clapotis ne me fasse réellement émerger: je me crispe, réalisant que je suis dans l'eau, au contact je dirais nue, que je suis dans une baignoire, dans sa baignoire !

Il est là, juste à côté de ma tête, qu'il soutient dans sa main tandis qu'il me fait flotter dans l'eau ; je peux le deviner du coin de l'œil, assis probablement sur un tabouret, je peux sentir son regard brûler ma peau exposée.

Dans un mouvement de pudeur (un peu tard), je ramène mes bras sur ma poitrine et croise mes jambes. Je pousse un gémissement de soulagement en trouvant le tissu de mon soutien-gorge sous mes doigts. Je ne suis pas nue. Je lève la tête pour le regarder, et ce qu'il lit dans mes yeux le pousse à me rassurer :

- Chhhhhut... Tout va bien... Tu t'es évanouie. Tu t'es levée trop vite, pardonne-moi, je ne pouvais pas te laisser dans cet état. Je ne t'ai pas touchée, je te promets, enfin... Juste pour te porter quoi. Et tes vêtements pour te déshabiller...

Sa voix s'étrangle légèrement sur ces derniers mots. Il poursuit :

- Je ne voulais pas tremper tes sous-vêtements, mais comme ton soutien-gorge était maculé de sang, et que je me disais que c'était le meilleur moyen pour te faire revenir à toi, j'ai préféré te baigner avec que de te laisser comme ça ou te les enlever.

Il rosit. La baraque de muscles rosit...

Je le regarde intensément dans les yeux, cherchant à situer cet homme... À deviner qui il peut bien être réellement. Bon samaritain, harceleur en puissance ou psychopathe potentiel ?

Mais me sentant nue comme un ver, exposée, totalement exposée, et tellement fatiguée, paumée, je ferme les yeux pour me recentrer.

Que faire ?...

Rien ne me vient, et mon impuissance commence sérieusement à m'exaspérer !

L'homme descend de son tabouret pour s'accroupir devant la baignoire. Il se place le plus face à mon visage possible, comme pour me montrer qu'il ne regarde pas mon corps.

Sa main soutenant toujours ma tête, il plonge l'autre dans l'eau pour en ramener sur mes tempes. Il arrose délicatement ma chevelure.

Je ferme les yeux, et me laisse faire.

J'ai comme la sensation de me laisser bercer. C'est agréable. Calme. Reposant. Presque... Rassurant.

Ça n'a aucun sens !! Gronde ma voix intérieure.

Mais je décide de l'ignorer. Je profite. Je souffle. Je respire. Enfin.

Je sais à son souffle qu'il sourit. Je l'entends, je le sens sourire. Je reste immobile. Je ne veux rien montrer. Rien montrer de mon émoi, et encore moins de cette impression de bien être que je ressens.

L'homme fait glisser ma tête de sa paume à son avant-bras, attrape du shampoing avec l'autre main, sort celle qui me soutenait au-dessus de l'eau, y place la bouteille et verse du shampoing dans sa main libre.

Il commence à me shampouiner doucement. Je garde les yeux fermés, profitant de chacun de ses gestes.

Je m'abandonne. Quasi nue, dans l'eau, aux mains d'un inconnu.

Oui, mais un inconnu qui m'a sauvé la vie !

Il est si doux, quand il nettoie l'endroit de ma blessure. Ça pique un peu, mais cet étrange et puissant sentiment de sécurité prend place en moi.