Le trajet se fait en silence. Un silence lourd, pesant.
Arrivés à l'hôtel, Will se rend à l’accueil pour obtenir une chambre supplémentaire.
Ce sera celle de l'autre côté de la mienne...
Je ne vois pas la réaction de Will, qui fait face au réceptionniste, mais je vois du coin de l’œil Attila sourire. Je le sens, à sa respiration, à l'énergie qu'il dégage, je ne sais pas exactement, mais c'est net pour moi. Cependant je ne lève pas mon regard vers lui. Je ne veux pas lui donner cette satisfaction, et je ne sais d'ailleurs pas non plus comment je suis censée réagir. Cette journée commence à être longue...
Nous nous quittons sur le pas de nos chambres, et je vais m'asseoir sur mon lit.
Je me retrouve là, à fixer le sol un moment, essayant de mettre un peu d'ordre dans les rebondissements du jour.
Fourbue, fatiguée tant par mes gros services au travail que par l'intensité des émotions que j'ai ressenties, je me traîne finalement de l'autre côté du lit, pour enfiler un pyjama.
J'ôte mon t-shirt et mon soutien-gorge en même temps après avoir dégrafé celui-ci d'une main, enfile un t-shirt large, puis m'allonge pour enlever mon pantalon en soulevant les fesses, et enfile un caleçon. Je me glisse enfin sous les draps, et ferme les yeux.
Mon corps n'a pas le temps de se relâcher que j'entends discrètement frapper à la porte.
Putain non...
Pas maintenant, pas ce soir. Qui que ce soit, je ne me sens pas du tout capable d'une discussion à l’heure qu'il est.
J'attends, immobile, espérant m'être trompée, espérant que ce n'est pas à ma porte qu'on toque.
Mais c'est bien à ma porte...
Je me lève, faisant vraiment un effort, et vais ouvrir.
C'est Will.
Ses yeux sont noirs...
Je ne les ai jamais vus comme ça. Je ne l'ai jamais vu comme ça.
Il a un air grave, préoccupé, ses sourcils sont froncés, sa mâchoire serrée, son corps entier est tendu.
Et merde... je me sens tellement épuisée, et toute cette énergie qu'il dégage pompe déjà le peu qu'il me reste de la mienne rien qu'à la voir...
J'essaie de ne pas avoir l'air trop abattu, et esquisse un sourire comme je peux.
Je sens bien que ce n'est pas convainquant, mais Will ne me regarde pas. Il est entré dans la pièce, et tourne comme un lion en cage le long du lit...
Je le regarde faire une minute, trop fatiguée pour savoir comment attaquer la chose, ou pour être capable de subtilité : j'attends juste qu'il crache ce qu'il a à cracher.
Il finit par s'immobiliser, face à moi, mais ne me regarde toujours pas.
Je dois avouer que ça a le don de me réveiller. Franchement, ça pue.
Mon esprit commence à appréhender, mon corps se tend.
- Will ?
Je vois qu'il cherche comment répondre, ou à formuler quelque chose, mais il reste là, me faisant face sans affronter mon regard.
Il finit par lever les yeux, mais les rebaisse en pinçant sa bouche.
Je m'impatiente, mais m'efforce de garder un ton agréable :
- Accouche...
Il me regarde à nouveau, et cette fois sa bouche s'entrouvre :
- Mmm... Je... balbutie-t-il. Cette fois il a toute mon attention.
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Le fantasme et la bête.
RomanceLorsque Tessa se retrouve témoin à abattre, elle n'imagine pas à quel point cette semaine sera intense. Entre danger et émotions brutes, comment réagira-t-elle face aux deux prétendants que la vie lui apporte ? Son héro est-il sain d'esprit ? Son fa...