Chapitre 14 : Mission au restaurant.

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Will et moi nous retrouvons en bas pour le petit-déjeuner.

Prenant place à une table avec de quoi nous nourrir copieusement, il me scrute, le front plissé, et demande :

- Stressée ?

- À peine !! dis-je la bouche à moitié pleine de croissant, levant les yeux vers le ciel.

Il me fait un petit sourire embarrassé, puis prend une voix chaude et douce :

- Nous avons choisi de mener l'opération pendant le week-end pour limiter les risques.

Je l'interromps, mon visage se reculant tandis que mes yeux deviennent ronds :

- Limiter les risques en mettant des types dangereux et déterminés au beau milieu d'une foule ?!

Will tente de contenir un soupir, trahit par ses yeux qui se ferment dans un clignement appuyé tandis que ses épaules s'affaissent légèrement.

- Le but est de limiter les risques que les agresseurs passent directement à l'action, retenus, justement, par la présence de trop nombreuses personnes. De nous laisser le temps, enfin surtout à Attila et toi, de le ou les repérer pendant qu'ils te cherchent à l'intérieur.

Je fixe les aliments devant moi sans répondre. J'essaie de me convaincre de ce qu'il dit, de me persuader que tout va bien se passer.

Il poursuit :

- Attila sera dedans. Il joue son rôle de client, peu importe qu'il soit là au service de midi comme à celui du soir, de toutes façons, une fois que les agresseurs vous verront il n'y aura plus qu'à les coincer.

Je reste silencieuse, et tente de lui faire un petit sourire apaisé. J'ai juste envie de penser à autre chose. J'ai surtout envie de ne penser à rien du tout, en fait.

- Prête ? Me demande-t-il.

- Prête, m'entends-je prononcer alors que chaque cellule de mon être dit le contraire et voudrait se cacher dans un trou.

Après avoir copieusement mangé, nous nous rendons chez Attila pour faire le même point avec lui.

Will nous équipe de micros, nous donne les positions que son partenaire et lui vont tenir. Il nous explique que celui-ci est déjà sur place, en train de sécuriser autant que possible les environs.

Attila, lui, ne négocie qu'un point : Will a prévu qu'il arrive après moi, puisque je prends mon service avant d'ouvrir le restaurant à la clientèle. Mais l'homme refuse catégoriquement de me laisser seule une seconde.

Le regard de Will s'assombrit, ses sourcils se froncent, mâchoire et poings se serrent, mais c'est avec calme et maîtrise qu'il répond que pas un instant je ne serai seule, puisque son équipier et lui seront à me surveiller.

- Oui, mais de loin, répond Attila.

Will souffle de ses naseaux dilatés, puis émet un grognement avant d'accepter l'idée :

- De toute manière, ces types vous ont vus ensemble, et puisque tu étais là pour la défendre lors de la première agression... Je suppose qu'il peut être tout à fait naturel que tu continues à vouloir la protéger.

Nous nous mettons donc en route tous les trois.

Will nous dépose à une rue de la sandwicherie, nous laissant le regagner à pied.

Attila et moi marchons en silence. Puis, au moment où le restaurant est à notre portée visuelle, je sens son bras se glisser autour de ma taille et me rapprocher de lui. Il me jette un petit regard en coin désolé et esquisse un sourire qui se veut probablement rassurant, mais semble plutôt contrit.

Le fantasme et la bête.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant