Chapitre 7 : Chez moi.

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J'attends que nous nous soyons mis en route pour décréter qu'il est plus sage de passer d'abord voir la police. Avant d'aller chez moi.

Attila souffle, et je poursuis en argumentant que je préfère me libérer l'esprit de ça tout de suite. L'homme approuve d'un grognement.

Prenant conscience de la place que prend soudainement monsieur chippendale dans ma vie, je me sens un peu soulagée à l'idée de retrouver Will, et à travers lui un œil un peu objectif sur la situation. J'ai quand même un mal considérable à organiser mentalement les incidents de cette dernière journée.

La main d'Attila frôle mon bras pour attraper la mienne, mais je ramène mon bras devant moi pour me gratter l'épaule.

Je me sens de plus en plus confuse. J'ai besoin de m'éloigner un peu de lui, j'ai l'impression que son contact grippe mes neurones...

Il continue à marcher sans tenter de me toucher. Tout se bouscule toujours dans ma tête, et encore une fois, je ne vois pas vraiment le trajet que je fais en mode automatique.

Quand nous arrivons au poste, je sens mon cœur s'emballer à l'idée de voir Will, qui, je dois bien l'avouer, me fait autant fondre rien qu'à le regarder qu'à l'époque.

Je me déclare officiellement cas désespéré. C'est vraiment n'importe quoi dans ma tête.

Nous nous annonçons à l'accueil, et allons au bureau de Will.

Il nous accueille avec un large sourire, qui s'estompe vite tandis qu'Attila et moi relatons notre passage au restaurant.

Attila explique comment il a reconnu un des agresseurs, qui passait devant le restaurant en vélo, sans regarder devant lui, préférant scruter l'intérieur du magasin, sans aucun doute pour me chercher.

Il raconte que l'homme l'a vu lui courir après, et a pédalé comme un fou pour le semer.

Le visage de Will est grave :

- Cette fois-ci, vous n'y couperez pas : je vous mets sous protection policière.

Il hésite, puis demande sur un drôle de ton, en se grattant l'arrière du crâne :

- Vous... Vous n'êtes pas ensemble ?... Si ?

Je regarde brièvement Attila, juste le temps d'entrevoir qu'il me jette un regard plein d'appréhension, ou peut-être d'espoir, et comme je secoue doucement la tête pour dire non, je l'entends contenir un souffle fort avec le nez.

- Vous Mademoiselle, précise Will ; quant à vous Monsieur, étant donné que ces types n'ont que votre visage pour vous retrouver, je vous demanderai naturellement de faire profil bas jusqu'à ce qu'on les identifie, mais ils ne devraient pas être en mesure de vous retrouver – à moins que vous ne soyez célèbre dans votre domaine ? Il ajoute cette dernière question en essayant d'avoir l'air le moins condescendant possible, en y ajoutant un sourire sincère, et non moqueur.

Attila grogne carrément à voix haute. Il semble fulminer.

Je le regarde, levant inconsciemment un sourcil, me demandant ce qui peut bien le chagriner à me savoir protégée. Personnellement, savoir que j'ai deux Golgoths à mes trousses me rend très nerveuse.

Attila croise mon regard ébaubi, et baisse le sien sur ses chaussures. Ses épaules s'affaissent un peu.

Je regarde Will, et explique que j'ai besoin de repasser chez moi, prendre de quoi me changer.

- Pas de problème, répond-il, je vais vous escorter.

Attila souffle à nouveau, levant maintenant les yeux au ciel, mais tente de se contenir, et décide avec fermeté qu'il nous accompagne.

Le fantasme et la bête.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant