Fly Me Away [Top Gun]

Chapitre 12 : Une peur bleue

Comme chacun des pilotes restés à la base pour suivre la progression du reste de l'équipe, Bradley pu suivre en direct ce qui arrivait à Vénus. Mais contrairement aux autres, qui n'avaient pas compris pourquoi dès le premier éclair, Estelle s'était mise à voler ainsi, Bradley avait clairement saisi et compris. Après tout, la jeune femme n'avait quasiment aucun secret pour lui. Il la connaissait bien, et il savait exactement d'où lui venait son traumatisme, et sa peur phobique des orages. 

C'est pourquoi, sous le regard éberlué des autres pilotes, il avait immédiatement contacté Maverick. 

"- Fais-la revenir à la base ! Fais-les revenir tous les trois ! avait-il ordonné.

Pete s'était exécuté. Bien sûr, s'il y avait bien une autre personne qui avait compris ce qu'il se passait, c'était bien lui. Mais Estelle n'avait pas entendue. Et chacun céda à la panique en voyant son avion qui tournoyait à une vitesse folle vers le sol. Bradley, se fichant éperdument du règlement, pris alors sur lui de contacter directement son amie d'enfance. Lui et Pete hurlèrent dans leurs oreillettes, mais Estelle ne répondit pas.

Dans son cockpit, la pilote déjà en panique était à présent totalement angoissée et affolée. Elle tenta de redresser le manche, elle tira dessus de toutes ses forces, mais rien n'y fit. Elle éteignit un à un les moteurs, puis les redémarra manuellement. Rien. Elle essaya ensuite tout ce qu'elle avait appris - et dont elle arrivait à se souvenir. Elle redémarra les batteries ; elle entreprit aussi de mettre les manettes de gaz sur butées arrière ; elle éteignit complètement les batteries : rien ne fonctionnait. Elle se rapprochait toujours dangereusement du sol. Tous les boutons étaient éteints, et elle n'entendait plus rien du monde extérieur. 

De leur côté, les autres pilotes, y compris Yale et Harvard, revenus à la nase, entendaient tout. Maverick était encore en vol, malgré les ordres de la tour de contrôle lui ayant ordonné de rentrer, sans délais. Il s'en fichait éperdument. Il ne pouvait pas la laisser toute seule. 

- Oh mon Dieu, oh mon Dieu, paniquait Estelle dans son cockpit. 

- Ejection ! s'époumonait Pete en espérant qu'elle l'entende. Estelle, éjection !

- OK, éjection, éjection ! décida Estelle en tentant de reprendre ses esprits. 

Elle sursautait à chaque coup de tonnerre, respirant fort dans son casque, lâchant des sanglots incontrôlés par moments. Elle tira sur les poignées, mais elles refusèrent de fonctionner. Elle grogna sous l'effort, pleura, jura. 

- Allez, putain ! Allez ! 

- Va la chercher, Mav !" cria Bradley à l'intention de son instructeur, aussi paniqué que lui. 

Mais dans son propre avion, Pete ne pouvait rien faire. Il entendait sa fille, mais elle ne l'entendait pas. Elle jura encore, lâcha un dernier sanglot, puis la connexion se coupa brutalement. A la base, au sol, l'électricité sauta, laissant les pilotes dans l'obscurité et le silence. Puis la lumière revint. Mais pas la connexion avec Vénus. Bradley était toujours debout, devant cet ordinateur, son oreillette à la main. Il entendait Maverick s'égosiller dans l'oreillette. Et là, Bradley prit conscience du sentiment que devait avoir ressenti son instructeur lors de l'accident qui avait tué son père. 

Pire encore. A ce moment, Bradley se sentit affreusement coupable. Il savait que s'il arrivait quelque chose à Estelle - ce qu'il pouvait à grand peine envisager - ça serait de sa faute. Et qu'il ne pourrait jamais, jamais se défaire de ce sentiment de culpabilité. Le même sentiment qui enserrait déjà la poitrine de Pete. 

Estelle avait finalement réussi à tirer sur les poignées d'éjection, mais avec le vent, la pluie et l'orage, son parachute ne s'ouvrit pas correctement. Elle chutait beaucoup trop vite, et ne pouvait rien faire. Son siège contenait un second parachute, un parachute de secours, mais elle ne parvint pas à l'ouvrir. La panique la gagna à nouveau en voyant les arbres se rapprocher d'elle à une vitesse phénoménale. Elle se les prit de plein fouet. Sa chute à travers les arbres lui parut durer une éternité. Elle tomba à travers les feuilles, les branches, et son corps entiers fut brinquebalé comme si elle n'était qu'une vulgaire poupée. Sa tête prit des coups plusieurs fois, dont un assez violent à la base de la nuque. Estelle perdit connaissance avant même de toucher le sol.