Elle ne se souvenait plus comment elle était arrivée là. Ava avait posé sa main sur son bras et tout se mélangeait dans sa tête. L'environnement s'était mis à tourner violemment, l'air s'était fait brusquement rare et elle avait eu l'impression de passer sous un camion. En quelques secondes, une brusque lumière l'avait envahi, suivie d'une forte odeur de pin.
Elle se trouvait bel et bien au cœur d'une forêt. Quelques cabanes de bois se dressaient le long d'un petit chemin de terre. Des guirlandes lumineuses éclairaient le chemin donnant un air féerique à cet endroit. Des femmes et hommes, enveloppés dans de larges capes sombres à grand capuchon, vaquaient à leurs affaires, un panier en osier à leur bras. Certains levaient des sortes de baguettes de bois au manche argent vers les arbres et ceux-ci s'animaient, répondant à leurs gestes. Une onde familière régnait dans cet endroit. Quelque chose au fond de Will répondait à ce qu'elle voyait. Elle ne s'était jamais sentie aussi bien. Comme si elle se sentait enfin entière et à sa place.
Les gens autour d'elle l'observaient avec curiosité, se penchaient vers leurs voisins pour murmurer quelque chose.
Ava la conduisit vers une grande bâtisse de bois. On aurait dit qu'elle avait été construite dans l'arbre même, un immense chêne au large tronc. À l'intérieur, tout était plus grand. Immense même.
C'était un bureau des plus élégants. Une énorme bibliothèque trônait à sa gauche, un globe doré brillait dans un coin, et un large tapis moelleux se tenait au sol. Il y avait un bureau, massif, avec certainement des tonnes de tiroirs. Puis, assis sur le fauteuil, se tenait un jeune homme pensif. Il était plus vieux qu'elle, c'était certain. Une barbe de quelques jours recouvrait sa peau délicate, des cheveux blond foncé descendaient le long de sa nuque et entouraient son visage, et son regard brun était aussi chaud et réconfortant qu'un feu crépitant en hiver. Il portait des vêtements de ville élégants et clairs.
— Bonsoir, Edward, salua Ava.
Leur arrivée le tira de ses pensées. Il porta son regard sur Will et la détailla de la tête aux pieds. Ava s'entretint brièvement avec lui.
— Une sorcière née de parents hugr ? Cela n'est pas arrivé depuis des siècles ! s'exclama Edward.
— J'aimerais que tu désignes Willow comme mon apprentie.
Will ne sursauta pas. Elle ne se souvenait pas avoir prononcé son nom, mais cela lui était égal. Rien n'était réel. Elle était encore dans son hallucination. Son attitude n'échappa pas à Charles.
— Clozapine, Prozac, Diazépam. Ça en fait des comprimés pour une si jeune fille.
Il tenait des flacons entre les mains. Will fouilla ses poches, mais il s'agissait forcément des siens.
— Quand les avez-vous... ?
— Elle pense qu'elle est dans une hallucination.
Il lui jeta les flacons qu'elle attrapa au vol. D'un geste rapide, il lui saisit un poignet, remonta sa manche et l'entailla d'une lame sortie de nulle part. La douleur lui glaça le sang. Dans toutes ses hallucinations, elle n'avait jamais ressenti la moindre douleur. Elle faisait du mal aux autres, elle brisait des vitres ou cassait des objets. Mais elle était toujours indemne. Elle n'avait aucune coupure.
Elle ouvrit des yeux écarquillés devant son propre sang coulant le long de son poignet. Charles hocha la tête, satisfait.
— Était-ce vraiment nécessaire ? soupira Edward.
— Là, au moins, elle est attentive.
Ava ne broncha pas. Will continuait de fixer son sang goutter sur le parquet. quel point cela avait été réel ? Depuis quand l'hallucination s'était dissipée ?
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Les sorcières de Blackstone
ParanormalMagie, Rituels, Meurtres Découvrez le vrai visage de la sorcellerie ! Willow Lewis, dix-sept ans, ne rêve que d'une chose : que les évènements étranges et incontrôlables dont on l'accuse cessent. Le jour où elle emménage à Blackstone dans l'État du...