La nuit bien avancée et les lourds nuages permirent à l'individu de passer comme une ombre entre les couloirs du château. Il marcha vite et silencieusement dans l'allée, guettant chaque bruit suspect. À cette heure-ci, il ne devrait y avoir personne...
Il arpenta les couloirs, éclairés seulement de quelques torches, quand des bruits de pas retentirent. Il se cacha vivement dans l'angle d'un mur et pria la Déesse pour qu'ils passent leur chemin. Les traqueurs murmuraient, enveloppés dans leur cape sombre, le pentacle bordé d'un cercle épinglé sur leur poitrine. Les voix s'élevèrent à mesure qu'ils avançaient vers lui. Il posa la main sur sa baguette, tendu. Les voix devinrent de plus en plus fortes. Les deux traqueurs passèrent à l'angle, mais poursuivirent droit devant sans croiser le sorcier caché dans l'ombre. Il resta immobile un long moment avant de souffler et de se remettre en route.
Il trouva enfin la pièce qu'il cherchait depuis un temps qui lui paraissait interminable. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas mis les pieds au château du Conseil, les plans étaient un peu brumeux dans sa tête. Il brisa aisément les sorts de protection et s'engouffra dans le bureau avant de fermer délicatement la porte en bois derrière lui. Il sortit une pierre de quartz de sa poche, gravée de la rune du soleil.
— Sowilo, murmura-t-il.
Le quartz s'illumina doucement entre ses mains. Il observa le bureau qui se tenait devant lui, entouré d'une rangée incalculable de dossiers et de parchemins vieillis. Il s'approcha d'une étagère, l'air assuré. De son cristal illuminé, il parcourut les différents dossiers. Il savait ce qu'il cherchait.
D'un geste vif, il retira deux dossiers de taille raisonnable de l'étalage et les déposa sur le bureau poussiéreux. Il posa le quartz de lumière et ouvrit le premier dossier. Les parchemins étaient couverts d'une écriture fine et gribouillée. Il parcourut les écritures à la hâte, le cœur battant. Les photos de sorciers et sorcières défilaient, les yeux fous, toutes barrées d'une large croix rouge. Une ample page d'écriture relatait les circonstances de la traque et la mise à mort finale des sorciers recherchés. Une colombe écarlate passant dans un cercle rouge signait chaque rapport. Il tourna les pages et tomba sur le dernier document.
29 août 2000,
Ma Chère Amie,
À cette date où j'écris ces quelques lignes, je ne suis plus sûr de pouvoir faire changer les choses. Mon très cher fils est encore en deuil de sa défunte épouse. Je me suis longtemps persuadé que ses agissements protégeaient le clan de Blackstone, que sa haine ne consumerait pas son cœur et le rendrait plus fort. Je me suis tant fourvoyé...
J'aimerais pouvoir lui faire entendre raison, mais je crois que sa folie a atteint un stade auquel je ne puisse plus agir. Je me fais du souci pour Charles depuis qu'Angelus l'a intégré à l'Ordre d'Exobnos. Ce garçon est si jeune...
Lors de notre dernière entrevue, vous m'aviez confié votre désarroi face au destin des maîtres de l'esprit.
Il est venu pour moi le temps de faire ce que j'aurais dû entreprendre depuis longtemps afin de réparer mes erreurs. J'espère que vous me pardonnerez un jour.
C.B.
La lettre n'avait de toute évidence pas été faite pour être envoyée si on en jugeait par l'absence de cachet postal. À moins que son expéditeur n'en ait pas eu le temps. Parfait, tout était là.
La porte du bureau s'ouvrit d'un coup. Deux traqueurs pointèrent leurs baguettes sur l'individu avant de la baisser, curieux.
— Je t'avais bien dit que j'avais entendu du bruit ! dit le premier.
VOUS LISEZ
Les sorcières de Blackstone
ParanormalMagie, Rituels, Meurtres Découvrez le vrai visage de la sorcellerie ! Willow Lewis, dix-sept ans, ne rêve que d'une chose : que les évènements étranges et incontrôlables dont on l'accuse cessent. Le jour où elle emménage à Blackstone dans l'État du...