Will regarda le manoir des Banker devant elle. Grand, il avait quelque chose d'ancien et de charmant, mais également de lugubre. Elle frissonna, le vent froid s'engouffrant dans sa robe encore trempée du rituel.
Elle se sentait vivante, pleine d'énergie, en osmose avec la nature. Toutefois, la vision de ce manoir et de son long séjour finit par atténuer légèrement ses émotions.
Edward épousseta son manteau, froissé par la téléportation. Les portails avaient été réquisitionnés pour la soirée par les traqueurs de Blackstone.
— Entrons, pressa-t-il.
La douce chaleur qui se dégageait de l'habitation provenait certainement des feux allumés dans les différentes cheminées de la maison. Le hall, entièrement en bois, témoignait d'un certain âge, comme le reste de cette demeure d'ailleurs. Un large escalier menait au premier étage. Les murs étaient décorés d'une vieille tapisserie à l'anglaise et de grands tableaux suspendus et usés par le passage du temps. Un lustre de cristal éclairait leur chemin au-dessus de leur tête.
Charles était installé sur le divan, comme à son habitude, un verre de bourbon à la main. Quand ils entrèrent dans la pièce, son regard se figea pendant une seconde sur Will. Sans se lever, il lâcha :
— Vous devriez enlever cette robe.
La bouche de Will s'ouvrit en un « o » de surprise. Elle se tourna vers Edward, offensée et rouge d'embarras.
— Charles ! fulmina Edward.
— Vous sortez d'un rituel initiatique où vous avez plongé, je vous le rappelle, dans un bain d'eau glacée. Vous devriez donc enlever cette robe. Elle ne laisse aucunement place à l'imagination.
Elle cacha brusquement sa poitrine de ses bras, lui jeta un regard noir et sortit de la pièce. Edward explosa :
— Je peux savoir ce qui t'as pris ? Tu vas aller t'excuser !
— M'excuser ? fit Charles, surpris. Pourquoi ? Elle devrait plutôt me remercier, j'ai protégé son intimité.
— Elle a dix-sept ans, Charles ! Un peu de tenue !
— Et ?
Edward ne dit rien et se contenta de le fixer avec colère. Charles comprit et éclata de rire, un rire neutre et froid.
— Tu crois que je m'intéresse à elle ?
— Je ne l'espère pas pour toi.
Il reprit son visage impassible et planta ses yeux dans les siens.
— Les femmes ne m'intéressent pas, tu devrais le savoir depuis le temps. Je n'éprouve aucun plaisir charnel en leur compagnie. Ta petite protégée ne craint rien, je ne la toucherai pas. Je n'ai pas de cœur et je m'en porte très bien.
La peine se lut sur le visage d'Edward.
— Oui, tu n'as pas de cœur. Ça, ne t'inquiète pas, je le sais depuis longtemps.
Il quitta la pièce, le pas lourd. Charles resta seul, observant son reflet dans la vitre de la fenêtre.
Il ne comprenait pas ces effluves d'émotions qui traversaient tous les gens qu'il croisait. Au fond de lui, c'était un calme plat, un vide continu que rien ne venait perturber. La seule chose qui troublait ce vide, c'était la traque. Ces sensations faisaient monter en lui une excitation des plus jouissives, et le divertissaient, rompant son éternel ennui. Il comptait bien mener celle-ci jusqu'au bout.
Quant à cette fille... Il haussa un sourcil et but une longue gorgée de bourbon. Son séjour promettait d'être long, il en avait bien peur.
Edward rejoignit Will à l'étage. Il frappa doucement à la porte de la chambre qu'il lui avait prêtée.
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Les sorcières de Blackstone
ParanormalMagie, Rituels, Meurtres Découvrez le vrai visage de la sorcellerie ! Willow Lewis, dix-sept ans, ne rêve que d'une chose : que les évènements étranges et incontrôlables dont on l'accuse cessent. Le jour où elle emménage à Blackstone dans l'État du...