Will accueillit avec bonheur la chaleur réconfortante du feu de cheminée. Mais cela n'arrivait pas à alléger son cœur, lourd de peine par toutes ces morts. Elle repensa au Chuchoteur. Est-il mort ? Est-ce que les Ombres reviendraient bientôt pour elle ? Combien de morts faudra-t-il avant que tout cela ne cesse ?
Elle chassa ses pensées morbides et essuya les larmes de ses joues. Elle était exténuée et épuisée mentalement. Ses nerfs étaient à vif et des tremblements incessants agitaient ses mains.
Charles se dirigea vers le globe terrestre où il sortit une bouteille de bourbon à moitié vide. Elle lui glissa des mains et s'écrasa sur le sol dans un fracas assourdissant. Il jura et se baissa pour ramasser les débris de verre. Will se dirigea pour l'aider lorsqu'elle remarqua une grosse tache rouge sur son costume.
— Charles, vous êtes blessé ?
Il resserra son manteau autour de lui.
— Non, ce n'est rien.
— Montrez-moi, ne faites pas l'enfant.
Elle saisit les pans de son manteau. La tache était encore fraîche et s'étendait lentement sous ses yeux. Une large déchirure laissait paraître une plaie béante et profonde le long de ses côtes.
— Vous saignez, dit-elle d'une voix tremblante.
— Ce n'est rien.
— Vous a-t-il marqué ?
— Rassurez-vous, il ne m'a pas touché.
Elle hocha lentement la tête, les lèvres pincées.
— Ça pourrait s'infecter, je vais chercher les herbes et les onguents. Ne bougez pas et asseyez-vous.
Sans attendre sa réponse, elle partit en cuisine et sortit différents bocaux d'herbes encore fraîches, des pots de mixtures graisseuses et parfumées ainsi que des bandages. Elle avait besoin de s'occuper l'esprit. Elle fit couler un large bol d'eau tiède et prit deux grands linges propres du placard. Elle apporta le tout dans le petit salon. Quand elle arriva, Charles était toujours debout, un sourcil levé, amusé.
— Je vous assure que ce n'est absolument pas nécessaire.
— Vu l'état de votre blessure, je peux vous assurer que c'est tout juste suffisant, rétorqua-t-elle.
— Will, je vous assure. Regardez par vous-même.
Elle examina la plaie, visible à travers le trou béant de la chemise. Elle s'était mise à scintiller. Lentement, des rameaux de chair se créèrent et s'unirent pour refermer la plaie. Le processus avait l'air douloureux à en juger par l'expression de Charles et la longue goulée de bourbon qu'il s'enfilait à même la bouteille. Will regardait, fascinée, la plaie se refermer sous ses yeux.
— Ma mère était une Guérisseuse, expliqua Charles. Elle nous a transmis quelques dons à mon frère et moi. La magie et sa transmission sont encore un mystère pour nos érudits. Edward et moi sommes les seuls sorciers connus à être dotés de dons hybrides.
À la place de la plaie, il ne restait plus qu'une fine cicatrice rosée et gonflée. Charles but une nouvelle gorgée de bourbon et essuya la sueur de son front. Will ne parvenait pas à se retirer l'image du Chuchoteur dans la forêt. Elle devait savoir.
— Le Chuchoteur... Est-il... ?
— Il s'est enfui.
Elle tressaillit. Le savoir en cavale lui hérissait les poils. Elle continua d'observer la cicatrice puis fondit brusquement en larmes. Elle relâcha tout le stress accumulé dans sa poitrine durant cette longue soirée. Elle se trouvait pitoyable, mais elle était incapable de s'arrêter. Charles s'approcha d'elle, saisit ses mains avant de les serrer doucement entre les siennes pour l'apaiser.
VOUS LISEZ
Les sorcières de Blackstone
ParanormalMagie, Rituels, Meurtres Découvrez le vrai visage de la sorcellerie ! Willow Lewis, dix-sept ans, ne rêve que d'une chose : que les évènements étranges et incontrôlables dont on l'accuse cessent. Le jour où elle emménage à Blackstone dans l'État du...