Chapitre 6 : Une usurpatrice

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Will se réveilla en sursaut. Le soleil était levé depuis un moment et ses rayons chauds caressaient sa peau. Elle mit un moment à comprendre où elle se trouvait. Elle reconnut les murs jaunes de sa nouvelle chambre, son grand lit sans sommier, son bureau désordonné et déjà plein de post-it. Comment était-elle arrivée ici ?

Elle rabattit la couverture et se précipita à la fenêtre. La ville de Blackstone poursuivait sa journée naturellement. Des cyclistes passaient en klaxonnant, deux vieilles dames bavardaient ensemble, une maman tenait la main à une fillette pour traverser la rue. Une journée somme toute normale.

Elle se souvint de la clairière, des sorciers, la vieille dame, les choses. Tout lui revint en un flash de plusieurs images simultanées. Elle porta la main à son cou. Pas de collier. Un accès de rage grandit en elle.

Elle enfila un pantalon et un t-shirt, saisit son manteau et sortit en trombe de sa chambre. Elle passa devant ses parents, traînant devant la télévision. Son père se redressa, surpris.

— Où vas-tu ?

— Chez le Dr Perkins.

— Un samedi ?

Elle claqua la porte derrière elle et détacha son vélo avant de filer dans les rues en pédalant à toute vitesse. Jamais elle n'avait été aussi furieuse.

Il ne lui fallut pas longtemps pour atteindre le cabinet du Dr Perkins. Elle entra dans la salle de consultation sans même prendre le temps de frapper. La porte s'ouvrit sur la psychiatre, surprise, et son patient, un homme d'une quarantaine d'années aux cernes marquées.

— Qu'est-ce que vous m'avez fait ?

Will tremblait de rage. Le Dr Perkins se leva, les paumes en l'air.

— Willow, calmez-vous. Je suis en consultation, si vous voulez je peux...

— Vous avez empiré mon état avec votre traitement ! Redonnez-moi l'ancien !

— Willow, je vous en prie, reprenez votre calme.

Le Dr Perkins tenta de l'apaiser d'une main sur l'épaule. Elle recula, les yeux furibonds.

— Ne me touchez pas !

Elle s'adressa au patient qui les observait, éberlué.

— Ne prenez pas ce qu'elle vous donne ! Cette femme vous...

Ses mots restèrent coincés dans sa gorge. Dehors, juste de l'autre côté de la rue, se tenait Charles Banker. Vêtu de son habituel manteau noir, il l'examinait avec attention. Sa tête se mit à tourner et les images de la veille affluèrent par centaines.

Elle retourna son poignet. Une entaille cicatrisée barrait sa peau.

— Je... Je dois y aller...

— Willow, vous êtes sûre que ça va ? s'enquit le Dr Perkins.

— Je dois vraiment y aller. Pardon pour le dérangement !

Elle sortit du cabinet si vite qu'elle manqua de se cogner contre le bureau du secrétariat. Une fois dehors, elle chercha l'homme des yeux, hors d'haleine.

Il était toujours là. Quand elle fut à sa hauteur, il s'éloigna. Elle le suivit en silence. Une centaine de questions se bousculaient dans sa tête à mesure qu'elle réalisait la véracité des évènements de la veille.

Lorsqu'ils rejoignirent le pont de Blackstone, il s'immobilisa enfin.

— Vous avez perdu ceci.

Il sortit le collier de sa poche. Elle le lui arracha des mains, soupçonneuse.

Les sorcières de BlackstoneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant