Chapitre 8 : Sur les traces du tueur

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— Comment vous sentez-vous aujourd'hui, Willow ?

Le cabinet du Dr Perkins sentait la rose cette fois. Il y faisait doux et les rideaux tirés laissaient passer la lueur de la fin de journée. Will tenta de contrôler le mouvement nerveux de son pied contre le parquet grinçant.

— Très bien.

— Vous ne faites plus de crises de paranoïa ?

— Ce n'était pas...

Elle se tut et reprit plus calmement.

— J'étais juste paniquée. Mais ça va mieux. Je vous remercie et je m'excuse pour la dernière fois.

Le stylo gratta le papier du carnet.

— Je comprends. C'est sûrement un effet retardé de votre changement de dosage associé à tous ces changements dans votre vie.

Elle repensa au clan de Blackstone et à l'existence du seidr.

— Oui, vous avez certainement raison.

Le stylo cessa d'écrire. Le Dr Perkins soupira et retira ses lunettes rondes pour se frotter les coins des yeux.

— J'ai joint vos parents pour discuter de votre crise passée.

Will retint son souffle. À son souvenir, ni son père ni sa mère n'avaient évoqué le sujet à la maison. L'ambiance n'avait pas été modifiée, de même que leurs relations bancales.

— Je leur ai expliqué que j'allais à nouveau modifier votre traitement afin que tout cela ne se produise plus.

En temps normal, elle aurait refusé. Elle se souvint de la douceur d'une nuit normale après le dosage du Dr Jeen et l'hécatombe de celui de Perkins. Elle aurait tout donné pour rejeter ces nouveaux médicaments.

À présent qu'elle maîtrisait la cause de ces évènements étranges, elle parvenait à les réduire à de simples lampes brisées dans le salon ou sacs déchirés à l'école. Ses cachets finissaient dans les égouts chaque fois qu'elle franchissait le seuil de la porte.

— D'accord, je comprends.

Le visage du Dr Perkins resta de marbre. Elle hocha la tête, écrivit quelques lignes sur son carnet, rédigea la nouvelle ordonnance et la lui tendit.

— Bien. Nous nous revoyons dans deux semaines donc. Pendant ce temps, si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous pouvez m'appeler sur mon portable.

— Oui, merci docteur.

Elle prit la feuille, mais le Dr Perkins la maintient entre ses doigts. Les prunelles vertes de la psychiatre plongèrent dans les siennes.

— J'insiste Willow. Vous pouvez vraiment m'appeler. Si vous avez besoin d'aide ou même juste de discuter. Qu'importe l'heure, vous pouvez m'appeler.

Cette réaction la laissa perplexe. Elle esquissa un sourire poli.

— Oui, je vous remercie docteur.

Le Dr Perkins lâcha enfin la feuille et Will se retint de partir à la hâte du cabinet. Elle sentait les yeux pesants et fixes de la psychiatre dans son dos jusqu'à ce qu'elle soit dehors.

Comme convenu, elle marcha un moment vers le centre de Blackstone avant de bifurquer vers une route moins fréquentée. Elle avança jusqu'à apercevoir une Audi noire garée sur le bas-côté. Elle sentit son cœur s'accélérer en voyant son conducteur. Elle n'était pas à l'aise.

Elle s'installa au côté passager et boucla sa ceinture. Charles lui adressa un regard plein de reproches.

— Vous en avez mis du temps.

Les sorcières de BlackstoneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant