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_𝑑𝑢𝑠𝑘_

Pacôme






Mon regard parcourait minutieusement les environ alors que mes baskets s'enfonçaient plus rapidement dans le bitume. Je voyais la nuit s'installer et les ombres se former sur les murs devenus des toiles de fortunes d'artiste en herbe ou simplement de petits morveux frustrés par la vie. Et j'en faisais partie. Une bombe de peinture traînait toujours dans mon sweat et quand l'envie nous prenait avec des potes on tatouait des murs des usines désinfectées de Brooklyn juste pour le fun. Parce qu'on n'avait rien à faire de l'art et des gens. Mes yeux repérèrent finalement un svelte gabarit juste devant un vieux bâtiment qui n'avait rien à envier à ses voisins. Le froid glacial du crépuscule s'engouffrait sauvagement dans mes vêtements tandis que ma marche se poursuivait vers le type. À peine j'arrivais près de lui que la fumée toxique de sa clope pénétra mes narines. Je gardais mes deux mains sous mon sweat en lançant quelques regards sécurisant partout autour de moi.

-T'as la came Pacôme ?

-Cinquante dollars
C'est tout ce qui sortit de ma bouche. Je m'adossais sur le mur juste derrière moi. Un pied relevé attendant sans doute que Josué m'obéisse.

-On avait dit trente cinq

Peste t'il en me regardant méchamment

-Ouais mais Dre a changé d'avis dépêche-toi.

Il Jura entre ses dents avant de me tendre discrètement le fric. Je regardais les billets verts sous tous les angles et après m'être aperçu que tout était en règle je passais la marchandise au type avant de me casser de ce quartier plus pourri que là où je créchais petit. Je ne me posais pas vraiment de question sur ce qu'il allait faire avec toute cette coc, j'avais arrêté de me poser la question depuis la première fois. Cette merde je la dealais au plus offrant, sous les ordres d'André Devis et ça s'arrêtait là. J'enfonçais bien ma capuche sur mon crâne. Aucune envie de me faire griller surtout en ce moment. À cette simple pensée mon cœur se sera. J'avais mon petit frère qui comptait sur moi et avait tout aussi besoin de moi. La seule idée de ne plus le voir me donnait l'envi de gerber. Ouais j'avais peur de le perdre. C'était à cause de lui que je faisais cette merde, je me sacrifiais pour qu'il n'ait jamais à le faire dans un futur proche où des responsabilités le tomberont dessus sans explication. Heureusement il n'aura pas à connaître la femme qui lui a servi de génitrice.

Il n'aura pas à souffrir.
Comme moi.

Je ne m'apitoie pas sur mon sort loin de là. Mais j'aime savoir qu'il n'ait pas à côtoyer l'origine même de notre malchance. Je regarde Cynthia et je me dis que je n'ai jamais eu de mère, d'amour maternelle. Le faussée qu'il y'a entre cette femme et Cynthia est dix fois plus grand que mon avenir. Rien que de voir Billy et de me voir des années avant, à son âge. Sur un trottoir une nuit d'hiver à attendre un putain de toxicomane qui vient chercher sa came et si il n'est pas content c'est de ma faute, c'est moi qui y passe et qui finit mal en point. Au lieu d'aller à l'école comme les autres enfants, je servais de couverture pour les plan foireux de Laetitia Nurse.
À la place de cahiers et livres, dans mon sac à dos j'avais de l'héroïne.
Comme je l'avais fait comprendre à Cynthia plus tôt, je suis née dedans. Dans la peur et l'oubli, la drogue et la rue. Ça ne changera sans doute jamais car me voici au crépuscule à défier les lois. j'ai ce pouvoir d'éviter cette vie à Ken.
Je traversais l'une des rues crado de ce quartier, des ombres tapissées sur les murs salles s'évadaient autour de moi. Les poubelles qui laissaient leur odeur nauséabonde sillonner les rues, ce qui attirait les chats errants mais aussi les sans-abris qui sont pour la plus part, des vétérans de guerre.
Le ciel était presque noir quand je sortis de Morrisania
Le quartier défavorisé de cette grande ville reflétait en tout point sa face cachée, l'autre côté du miroir
Là d'où je venais. Beaucoup de ces gens riches n'avaient aucune idée des malheureux qui occupaient les fondations de leur duplex luxueux. Mais cela étant beaucoup d'entre eux accablés par une éducation limitée agissaient comme les merdes qu'ils étaient après avoir compris les merdes qui les entouraient. D'ici, je pouvais voir les lumières des grands buildings briller de mille feu. Le décalage entre cette vie et la mienne me laissait toujours sur le cul mais on finissait par s'y habituer.

𝐁𝐢𝐥𝐥𝐲Où les histoires vivent. Découvrez maintenant