Ailes Mortelles - Tome 3

Chapitre 4 - Someone will love you, but someone isn't me

Je ne pouvais pas retourner au lycée. Je ne pouvais même pas rester dans cette ville. Je n'allais pas pouvoir vivre proche de Merit tout en me tenant éloigné d'elle. J'étais incapable d'endurer cela. Je devais partir, et au plus vite car il ne fallait pas que je la revoie. Ma décision était prise, mais elle seule pouvait encore me faire changer d'avis, et cela ne pouvait pas arriver. Je lui avais dit au revoir, elle était en vie, plus rien ne me retenait.

Je roulais dans la nuit en refoulant les émotions qui se bousculaient dans mon cœur. Les mains crispées sur le guidon de ma moto, je gardais mon regard rivé devant moi, me concentrant sur la route. Arrivé à l'appartement, je fus soulagé de voir que Max et Nessah dormaient. Je savais qu'ils n'apprécieraient pas mon départ : le rouquin allait gueuler, Ness serait triste, et je ne voulais pas voir cela. Je n'aimais pas les adieux, et oui, j'avais un côté lâche, mais je m'en fichais complètement. Je préférais ça plutôt que de voir la déception dans leurs yeux. J'allais tout plaquer, et pour l'instant, cela ne m'affectait absolument pas. Je n'avais jamais apprécié le lycée, et même sans bac, je trouverais bien des jobs.

Alors le plus silencieusement possible, je pris mon sac à dos et commençai à le remplir. La majorité de mes vêtements se trouvaient dans la chambre du couple, mais deux jeans et quelques t-shirts me suffisaient. J'irais en acheter des nouveaux sur place. Je rajoutai dans le sac mes affaires de toilette ainsi que quelques gâteaux pour la route. Mon cœur se mit à cogner fort dans ma poitrine. Mon regard se posa sur ma guitare dans un coin, j'eus un pincement au cœur de ne pas pouvoir l'emporter.

Je balayai ensuite des yeux l'appart qui était seulement éclairé par la lumière de la rue. Ce lieu allait me manquer, tout comme les personnes qui y vivaient. J'eus un sentiment de culpabilité en me rendant compte que je ne serais pas présent pour la grossesse de Nessah ni pour leur gosse. Je ne tiendrais même pas ma promesse de l'aider...

Me forçant à reprendre mes esprits, je saisis mon téléphone pour regarder l'itinéraire que je devais emprunter. Je prévoyais d'aller dans la ville située à cinq heures de route, je ne voulais pas prendre le train. J'avais besoin de rouler, ces heures allaient autant m'épuiser que me détendre. Cette ville était la plus grande des alentours, j'y avais quelques connaissances.

Et Merit ne me chercherait jamais là-bas.

J'enfilai ma veste par-dessus mon pull que je n'avais pas réussi à mettre dans mon sac, avant de me forcer à avaler en vitesse un yaourt. Je mourais de faim il y a quelques heures, mais maintenant mon estomac était trop noué pour pouvoir être rempli. Je laissai ensuite un mot sur le clic-clac, attrapai mon casque, et sortis silencieusement de l'appartement. Je me sentais mal de partir ainsi, sans rien dire à mon meilleur pote, mais je n'avais pas le choix. Retrouvant ma moto, je démarrai, brisant le silence de la nuit. En quelques minutes, la ville fut dans mon rétroviseur. Je ne la regardai même pas.

J'accélérai en essayant de ne pas penser à Merit.

En vain.

***

Merit

Le départ précipité d'Askel m'avait laissé un poids sur le cœur. J'étais restée sur le pas de la porte une longue minute à fixer la rue dans laquelle il venait de disparaître. Je ressentais encore la pression de ses lèvres sur les miennes et le goût de sa langue.

Une larme roula silencieusement sur ma joue. Son baiser avait rempli mon cœur avant de l'étouffer à la seconde suivante. Je me sentais à présent vide. Vide et froide.

Réagissant enfin, je montai quatre à quatre les escaliers pour m'enfermer dans ma chambre et m'effondrer sur mon lit. Il m'avait fallu du temps pour que je réalise mes sentiments envers le tatoué, et il avait fallu que je « meure » pour qu'il m'avoue les siens. Et maintenant, il comptait partir car il était « dangereux ».