Chapitre 15 - Love is a condition of the head Wanna push a button and reset

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Mon cœur tambourinait dans mes tempes et ma gorge trop serrée m'empêchait de respirer correctement. Les mains crispées autour de la barrière de la terrasse, je tentai de calmer mes émotions. J'aurais voulu m'enfuir d'ici. J'aurais voulu sauter, m'envoler, n'importe quoi qui puisse m'amener loin de cet endroit. Loin de lui. Mais j'en étais incapable. D'une part parce qu'il fallait repasser par l'intérieur pour sortir, et donc prendre le risque de croiser Askel.

Et d'autre part, parce que j'avais envie de le croiser.

Mordant ma lèvre, je me retins de donner un coup dans la grille. Comment avais-je pu croire que c'était terminé ? J'avais l'impression de trahir Colin à cause de mon cœur qui avait bondi malgré moi. La colère qui bouillonnait dans mes veines n'arrivait pas à atténuer la joie que j'avais ressentie, même après ce qu'il m'avait fait. Allait-il venir ? Une partie de moi l'espérait fortement, tandis que l'autre se révoltait. Même sans la Chose j'avais l'impression d'être scindée en deux...

Je sentis soudain une présence dans mon dos et fis volte-face. À quelques mètres devant moi, Askel me fixait. Il était trop loin pour que je puisse voir ses yeux, mais sa mâchoire semblait contractée. Aucun de nous n'articula le moindre mot durant une minute, on se regardait comme si on avait peur de la réaction de l'autre. Sauf que j'étais à bout de mon silence, et surtout à bout de cette tension.

— Va-t'en...

Ma voix se brisa et une larme réussit à s'échapper de mon œil. Je l'essuyai d'un geste rageur.

— Merit... souffla Askel en avançant d'un pas.

— Non !

Mon cri l'arrêta. Mais il avait débloqué quelque chose en moi, quelque chose qui se déversa complètement. Toute la rancune que j'avais accumulée durant cinq mois explosa, et je ne comptais pas la mettre de côté.

— Pourquoi maintenant, hein ? Pourquoi est-ce que tu reviens maintenant ?

— C'est toi qui es venue dans cette ville, fit-il remarquer.

— Crois-moi, je ne l'aurais pas fait si j'avais su que tu y étais.

Il accusa le coup sans rien dire.

— Est-ce que tu as au moins une idée de ce que j'ai ressenti lorsque tu es parti ? demandai-je en élevant la voix.

Son visage s'assombrit, je savais qu'il ne parlerait pas.

— Est-ce que tu as pensé à moi une seconde avant de te barrer comme un connard ?!

Je me rapprochai de lui, le cœur battant. Je dus lever la tête pour continuer à le regarder dans les yeux et je maudissais ma faiblesse lorsque son odeur me noua encore plus l'estomac.

— Est-ce que je comptais un minimum pour toi ? lâchai-je dans un souffle.

Les prunelles d'Askel se voilèrent, mais ses traits étaient aussi durs que la pierre.

— Je ne pouvais pas rester, finit-il par dire.

— Ah bon ? fis-je en croisant les bras. Tu as tué Nérisse, tu le savais. Tu savais qu'il n'y avait plus aucun danger. Ta putain d'excuse « je voulais te protéger » ne marche pas.

— Mais est-ce que tu sais ce que moi, j'ai ressenti ?

Sa voix grave et son ton cassant m'ébranlèrent. Une nouvelle étincelle s'alluma dans son regard caramel.

— Est-ce que tu sais ce que j'ai ressenti lorsque j'ai cru que t'étais morte ? Et de savoir qu'en plus, c'était de ma faute ?

Ça avait dû être horrible, je le comprenais, mais il m'avait ensuite retrouvée. Il pouvait être bouleversé, mais pas au point de disparaître comme ça.

Ailes Mortelles - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant