Les jours ont continué à défiler, amenant la pleine lune qui tombait un jeudi soir. Si j'avais pu choisir un pouvoir, j'aurais clairement choisi de contrôler le temps, mais j'en étais malheureusement incapable.
Je n'aimais pas sortir par la fenêtre, au début de la nuit, comme une voleuse dans ma propre maison. Je n'aimais pas trahir ainsi oncle Henri, j'avais toujours cette peur qu'il découvre que je n'étais plus là. Pour lui, cela deviendrait une nouvelle fugue, je perdrais sa confiance une fois de plus et je ne voulais plus jamais revoir ce voile de déception dans ses yeux. Pourtant, je n'avais pas le choix, je ne pouvais pas rester ici.
Peut-être que mon oncle était au courant pour les Chasseurs, si toutefois ma mère en était une, mais je n'arrivais pas à me résoudre à lui poser la question. De 1 parce que lui parler de tout ça me paraissait bien trop bizarre. De 2 parce que si je me trompais, il allait soit me trouver folle, soit avoir peur de moi, et je ne pourrais pas vivre avec cela. Donc je préférais garder le secret, faire comme d'habitude.
Je soulevai ma fenêtre et me glissai silencieusement sur le petit toit devant ma chambre. Sans un bruit, j'atterris sur la pelouse et me dépêchai de disparaître à l'angle de la rue. Comme à chaque fois, j'étais vêtue de noir et mon cœur battait la chamade. Je ne devais plus avoir peur, Nérisse était morte, je ne ressentais rien.
Mais cela était étrange.
Étrange de ne plus entendre sa voix me souffler à l'oreille, étrange de ne plus la sentir remuer, que son pouvoir n'afflue pas peu à peu. Ce soir, j'avais le contrôle, j'étais consciente de tout.
Ce soir, je ne tuerais personne.
Je repérai la voiture de Maxence garée le long du trottoir, les phares éteints. Je m'approchai et toquai à la vitre fermée, Victoria se tourna vers moi en sursautant. J'ouvris la portière arrière et m'installai sur le fauteuil.
— Tu m'as fait peur ! me reprocha la brune.
— Désolée, m'excusai-je avec un petit sourire en coin.
— Comment tu te sens ? me demanda Max.
— Stressée, avouai-je.
Mais curieuse de savoir si quelque chose allait se passer.
— Nous aussi, je crois, fit le rouquin en démarrant.
Vic se tourna vers moi.
— Tu sens quelque chose ?
Je secouai la tête.
— Rien du tout.
— C'est bon signe, sourit-elle.
— Oui.
Je tournai mon regard vers la vitre, regardant le paysage nocturne défiler. Je m'attendais presque à entendre le bruit d'une moto, mais rien ne vint.
J'étais stupide.
Je n'avais plus l'habitude qu'Askel ne soit plus présent durant ces nuits-là. C'était lui qui m'avait le plus rassurée, celui qui organisait des plans pour me protéger. Maintenant, je devais me débrouiller seule.
Non, pas seule.
J'avais des amis qui m'aidaient, qui sacrifiaient leurs nuits de sommeil pour m'épauler. Quitte à avoir une gueule de zombie le lendemain au lycée.
On arriva plus vite que je pensais au chemin de terre qui menait à la cabane, on n'avait pas trouvé d'autre endroit où aller. Normalement, on n'avait plus besoin de m'attacher, je n'étais plus dangereuse.
Normalement...
Une boule de peur ne quittait pas mon ventre. Comment être sûre que tout allait bien se passer ? Comment être sûre que je ne les blesserais pas ?
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Ailes Mortelles - Tome 3
FantastiqueAskel n'as pas réussi à lutter contre ses instincts de Chasseur, l'obligeant à commettre un crime. Il se force alors à s'éloigner de Merit, rongé par la culpabilité. Merit de son côté tente de construire sa vie sans lui, gardant dans son cœur l'amer...