Chapitre 2 - Douleur

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La pluie coulait en abondance sur ma peau, mais je la sentais à peine. La seule chose que je ressentais était la douleur qui me comprimait le torse. J'avançais sans vraiment voir où j'allais, les images qui tournaient en boucle dans ma tête étaient les mêmes.

Je revoyais la peur sur le visage de Merit, le moment où je la tenais contre moi, puis sa transformation... Je me souvenais de l'expression de son visage lorsque la balle l'avait percutée. Lorsque je l'avais tuée.

Mes doigts tremblaient encore du contrecoup du tir, et mes oreilles entendaient la détonation résonner. Puis venait la dernière image, celle de l'ange décédée sur une table en métal. Jamais je n'avais ressenti une telle émotion ni toutes ces sensations qui parcouraient mon corps.

Mon cœur me faisait mal, respirer me brûlait la gorge, mon cerveau était embrumé comme si tout cela ne pouvait pas être réel, et pourtant...

Une flaque me renvoya mon reflet et je croisai un regard qui n'était pas le mien. Je vis ces iris jaunes qui ne m'appartenaient pas, tout comme la force qui parcourait mon corps. Ce feu qui palpitait dans mes veines, qui renforçait mes muscles et mes réflexes. La nuit me paraissait plus claire que d'habitude, les lampadaires trop éblouissants. Et ce regard qui ne voulait pas changer...

La colère monta en moi telle une flèche atteignant sa cible. Sans pouvoir me retenir, j'abattis mon poing contre le mur le plus proche. Je frappais, inlassablement, ignorant la douleur que me criaient mes os. Je libérais ma rage, ma peine, jurant tous les mots que je connaissais, maudissant les Chasseurs. J'utilisais cette nouvelle puissance, découvrant ce qu'elle m'apportait. Je n'en voulais pas, mon propre corps me dégoûtait, car c'était des pouvoirs accordés par un meurtre. Un pouvoir sans honneur.

Et pourtant il dormait en moi depuis toutes ces années.

Mes coups finirent par faiblir et une porte que je pensais scellée éclata. Je n'avais pas pleuré depuis l'abandon de mon frère, lorsque j'étais au collège, et je m'étais juré que ce serait la dernière fois. Mais ma tristesse se déversa contre ma volonté, coupant le peu de force qu'il me restait dans les jambes. Je tombai à genou dans la rue, au milieu de la nuit, et sous une pluie battante. Mes larmes se mêlaient aux gouttes d'eau qui plaquaient mes cheveux contre mon crâne. Mon regard tomba sur mes mains en sang, ces mains qui avaient pressé la détente...

C'est moi le monstre...

***

— Max, il se réveille.

Je serrai un instant mes paupières avant d'ouvrir les yeux. La luminosité me faisait mal, j'avais l'impression d'être passé sous un camion. Je pris conscience que j'étais allongé sur le clic-clac lorsque le rouquin apparut dans mon champ de vision.

— J'te jure que si t'avais pas une gueule aussi affreuse, je t'en aurais collé une, lâcha-t-il en me détaillant.

Je grognai en réponse, voulus me redresser, mais sifflai de douleur lorsque j'utilisai mes mains. Je vis alors que celles-ci étaient toutes deux enveloppées dans des bandages.

— C'est ce qui arrive quand on tape sur n'importe quoi, fit Max d'une voix mordante.

— Ça fait combien de temps...

Ma voix était râpeuse et me brûlait la gorge. Nessah surgit avec un verre d'eau que je finis d'une traite. Le rouquin roula des yeux mais d'un regard, Ness lui intima de se calmer.

— Je t'ai retrouvé dans les vapes, en bas de l'immeuble, vers trois heures du matin ! explosa-t-il. Sous la pluie et sans t-shirt, tu veux mourir d'une hypothermie ?! On est en hiver, putain !

Ailes Mortelles - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant