Chapitre 17 - Rancune

3 0 0
                                    

C'était le second paquet de mouchoirs que je terminais en trente minutes. Je venais de quitter Colin, et je pleurais comme si c'était l'inverse. Emmitouflée dans ma couette, la scène se jouait en boucle dans ma tête. Cole n'avait rien compris à ce qu'il lui arrivait. Je ne lui avais même pas donné de vraies explications au fait d'avoir été si distante depuis mon retour. Je n'avais pas eu la force de lui dire que j'avais embrassé Askel, et encore moins que j'étais perdue par rapport à mes sentiments le concernant. Colin était un gars formidable, qui m'avait soutenue et fait sourire. Mais Vic avait raison : je ne ressentais pas la même chose avec Askel. Je me voilais la face.

J'étais pathétique.

Je n'étais même pas sûre du retour d'Askel, ni si je serais capable de lui pardonner. Mais je ne pouvais pas continuer ma relation avec Colin comme si de rien n'était, et le baseballeur méritait quelqu'un qui l'aimait réellement. Sauf que l'expression de son visage blessé et de ses yeux tristes ne me lâchait pas, le sentiment de culpabilité me poignardait le cœur. Je m'étais attachée à Cole, rester maintenant avec lui aurait été égoïste de ma part.

Alors c'était mieux ainsi.

Je devais me recentrer sur moi-même, me reprendre. Sans petit copain, sans problème. Le lycée était terminé et je devais me concentrer sur mon avenir.

Ça, et rien d'autre. J'avais déjà le souci d'avoir des ailes une fois par mois, cela suffisait.

Mon téléphone se mit à sonner. Surprise, je me redressai et attrapai mon portable posé sur la table de nuit. Le nom de Nessah était affiché.

— Allo ? fis-je en reniflant.

— Merit ? Tu vas bien ?! s'étonna Ness en entendant ma voix enrouée.

— Ça pourrait aller mieux.

— Je voulais te proposer une sortie, mais je pense que tu as besoin d'autre chose. Ça te dit de venir à l'appart ?

— Pourquoi pas, acceptai-je.

— Je t'attends.

Je raccrochai et lâchai un long soupir. Bon, je devais me motiver !

Je traînai mon corps jusqu'à la salle de bain pour prendre une douche. J'enfilai ensuite des vêtements plus présentables que ceux que je portais. Mes yeux étaient toujours rouges et gonflés, j'espérai que cet effet s'estomperait bientôt.

Je demandai à Oncle Henri – qui heureusement ne travaillait pas à cette heure-là – s'il pouvait me déposer chez Nessah. Le trajet de quelques minutes ne le dérangea pas, et je me retrouvai rapidement au bon endroit.

Quelques instants plus tard, je toquai à la porte d'entrée et le visage souriant de Ness m'accueillit. Elle voulut me prendre dans ses bras, mais son ventre, à présent bien rond, l'empêchait de trop s'approcher.

— Comment tu vas ? demanda-t-elle tandis qu'on s'asseyait sur le clic-clac replié en canapé.

— Je viens juste de quitter Colin, avouai-je. Je... je vais bien, mais c'était un peu dur.

— Oh je comprends, fit-elle en me serrant la main.

Je lui étais reconnaissante de ne pas poser de questions sur le pourquoi du comment.

— Et toi, alors ? questionnai-je pour changer de sujet.

— Bah, tu sais, moi, ça change pas trop.

Elle posa ses mains sur son ventre, le gros pull qu'elle portait ne pouvait même plus le cacher.

— C'est pour quand ?

Ailes Mortelles - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant