Le baiser

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Ce réveillon de Noël s'était plutôt bien déroulé pour l'ensemble des élèves. Shana avait donné ses cadeaux et en avait reçu de la part de ses amis : une jolie veste noire qui venait d'André, des boucles d'oreille faites maison offertes par Tonks, une petite poupée joliment cousue de Tulipe et le dernier album de Cheb Khaled que lui avait envoyé sa mère.

Maritza avait bien profité de ce spectacle de Noël, elle avait beaucoup échangé avec Peter, et avait appris qu'il était également fan des super héros. Ils avaient d'ailleurs longuement débattu sur le film de Flash Gordon. Ils avaient ensuite échangé leurs adresses pour pouvoir se contacter lorsque les vacances seraient terminées.

Durant les jours qui suivirent, Angelica avait pris soin d'éviter Felix. Elle ne pouvait pas vraiment fuir Jenny et Alex qui partageaient sa chambre, mais au moment de dormir elle ne leur accordait aucun regard.

Au soir du 30 décembre, Angelica longea les couloirs de l'hôtel pour aller se coucher. Elle devait se dépêcher car elle avait pris un petit peu trop de retard à cause d'une petite fête chez les garçons.

Elle ne devait pas être vue à cette heure là.

⏤ Angelica !

Cette dernière s'arrêta brusquement, presque figée, ayant reconnu à l'instant la voix qui l'avait appelée. À ce moment là, elle aurait préféré que ce soit un enseignant au lieu de cette personne.

⏤ Felix... claqua-t-elle en se tournant vers lui.

⏤ Alors comme ça on enfreint le règlement ? Fit-il d'un sourire narquois.

⏤ Et toi alors ? Répliqua-t-elle. J'aimerais voir la tête des professeurs lorsqu'ils sauront ce que tu fais avec Chapman.

⏤ Tu es donc jalouse... Ricana-t-il.

Celle-ci écarquilla les yeux en se figeant. Il n'était pas en tort... Mais sa réaction pouvait être comprise d'une autre manière. Par exemple, la gêne qu'elle ressentait, ainsi que le culot dont ils avaient fait les frais. Elle n'avait pas oublié qu'ils s'étaient volontairement embrassés sur son lit, c'était une insulte.

⏤ Il faut arrêter de rêver ! Vous l'avez fait sur mon lit !

Il ne répondit pas, mais il semblait rire dans sa barbe.

⏤ Non mais j'hallucine ! Ralla celle-ci. Bon, je m'en vais, je ne veux pas perdre plus de temps avec toi !

Elle s'apprêta à partir, mais Felix la retint par le poignet.

⏤ Tu ne pourras pas m'ignorer pour toujours, chuchota-t-il à son oreille.

Angelica retira bien vite son bras qui était sous l'emprise du jeune homme et partit de la salle ignorant royalement ses dernières paroles.

"Pour qui se prenait-il ?"

Elle marcha d'un pas rapide à travers les couloirs pour s'éloigner de lui.

⏤ Angelica ne le prend pas comme ça, se moqua-t-il.

La concernée l'ignora dignement en marchant d'un pas digne dans les couloirs. Felix secoua la tête exaspéré et courut à sa hauteur, Angelica allait franchir le pas afin de tourner vers un angle mais elle fut tirée par le col de sa veste et plaquée contre le mur. Déroutée, elle ne savait pas quoi dire. Felix posa une main sur sa bouche et lui fit signe de se taire.

⏤ Quelqu'un surveille le périmètre, chuchota-t-il. Il ne faut pas qu'il nous voit ici. Sinon, adieu le voyage.

Angelica hocha la tête perturbée et tout les deux allèrent se cacher dans un placard à balais.

Un membre du personnel de l'hôtel arriva quelques secondes plus tard, la baguette tendue devant lui en scrutant les couloirs pour vérifier qu'aucun élève n'enfreigne le règlement. Cela avait été demandé par les professeurs, augmentant donc sa paie.

Il frôla le placard. Felix et Angelica retinrent leur souffle. Angelica était plaquée contre le fond et Felix se tenait face à elle, les mains des deux côtés de sa tête, ses yeux verts ancrés dans les siens.

La jeune femme n'arrivait plus à respirer. Le parfum de Felix la rendait folle et elle ne pouvait décrocher son regard de ses yeux monstrueusement beaux. Felix avait beau être un imbécile, il n'était pas moche.

Felix s'approcha légèrement et Angelica frémit. L'espace entre leurs visages était mince. Peut-être trois centimètres.

Angelica se mit à fixer ses mains. Elle ne pouvait pas continuer de le regarder de cette façon. Sa fierté en perdrait un coup. Mais le coeur ne suivait pas la raison, elle fut tentée par ses fichus sentiments de s'approcher de lui.

Ses yeux se relevèrent tout seuls vers ses lèvres si fines et si douces. Elle était tentée d'y goûter. Elle devait se retenir. Elle devait résister à la tentation.

Felix se rapprocha encore. Que faisait-il ? Angelica essaya de reculer davantage mais le mur la compressait. Son coeur battait comme un fou à cette sensation.

Elle était en quelques sortes, sous un effet second. Son corps ne lui obéissait plus, sa raison s'était envolée laissant place à ce coeur presque vide.

Angelica remonta les yeux vers Felix et vit qu'il ne l'avait toujours pas quittée des yeux. À quoi jouait-il ? Pourquoi la fixait-il comme l'une des septs merveilles du monde ?

Elle ne pouvait alors que détailler ses beaux yeux verts pales et tranchants, emprisonnée par un tel charisme et perdue dans les océans d'euphorie.

Felix baissa lentement la tête. Leurs nez se frôlaient. Ils n'avaient qu'un pas de plus à faire et leurs lèvres se toucheraient. Angelica avait envie de sauter sur ses lèvres, de le décoiffer, d'humer son parfum et de briser cette fine couche de glace qui les séparait.

Le corps n'obéissant plus à l'esprit elle rompit l'espace qu'ils avaient entre eux.

Angelica goûta à cette sensation divine que lui procura ce geste. À sa grande surprise, Felix ne la repoussa pas. Il répondit à son baiser. Une avalanche de sentiments explosa au fond de sa poitrine et elle crut suffoquer. Elle ferma les yeux et apprécia le goût des lèvres du jeune homme sur les siennes. Ça la tirait dans un monde meilleur. Un monde idyllique et romantique. Elle se sentait légère, très légère. Comme sous un effet second. Son coeur tremblait contre ses côtes, elle frissonnait, tremblait, brûlait de l'intérieur. Ce sentiment était bien plus fort que lors de leur premier baiser, d'il y a des années.

Angelica se sentait incroyablement bien. Tous ses soucis s'étaient estompés. Il n'avait qu'elle et Felix dans ce monde parallèle. Ils étaient seuls dans leurs têtes.

Puis, Angelica libéra le jeune homme de son emprise.

⏤ J'avais raison en fin de compte, tu ne pourras jamais m'ignorer, dit-il avec un sourire narquois.

⏤ Oh non ! Comment j'ai pu ? Se lamenta-t-elle en se rendant compte que sa fierté était totalement détruite.

Il avait gagné.

Le jeune homme releva son menton et Angelica frémit.

⏤ C'est vrai, comment tu as pu ? Répéta-t-il.

Il sourit et Angelica rougit.

Elle se ressaisit à l'instant et sortit directement du placard toute chavirée. Elle ne laissa pas à Felix le temps de parler une dernière fois, beaucoup trop embarrassée par ce qu'il s'était passé. Elle n'arrivait pas à croire que tout ça était réel.

MYSTÈRES À POUDLARD TOME 3 {Priori Incantatum}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant