Chapitre 10

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Mardi 5 juillet, 18h30, voiture de Roman

-Tu pouvais rester en short, tu sais.

-Je n'aime pas les shorts. Répondis-je, tendue sur le siège passager, ma main serrée sur le tissu de mon jean slim.

-Lili, tu as vu la température qu'il fait? Mettre un short ne va pas te tuer.

-Tu peux bien parler... répondis-je dans ma barbe.

C'était la simple réalité, après tout. Je ne l'avais jamais vue porter autre chose que ses pantalons noirs, alors elle n'était pas particulièrement en position de me dire quoi faire de ma tenue. Mais la réalité était que toute cette discussion n'avait pour objectif que de dissiper le stress qui commençait à monter en moi - et en Roman, allais-je finir par croire, tant elle enchainait les sujet badins. Je déglutis une énième fois, la gorge serrée. Il faisait beaucoup trop chaud dans cette voiture noire, et mon jean n'aidait en effet pas... mais étrangement, j'avais plutôt des sueurs froides.

-Tu es sûre que c'est bon, hein? Répétai-je pour la énième fois du trajet.

Roman, assise à côté de moi, sa blouse cette fois-ci enlevée et pliée sur la plage arrière, soupira d'agacement.

-Pour la quinzième fois, Lili, je ne te l'aurai pas proposé si ça me posait un problème.

-Mais quand même... rétorquai-je nerveusement. On se connait à peine, et... fin, c'est ton appartement quoi.

-J'ai vu ton appartement dès notre première rencontre, dois-je te rappeler.

-Ce n'est pas vraiment comparable... fis-je remarquer prudemment.

-Ça l'est. Je ne suis pas juste ta médecin, je suis ton amie, non? Je te rends donc juste la pareille.

Mon coeur sembla se réchauffer légèrement à cette phrase. Je n'étais donc pas juste une patiente comme les autres, à ses yeux? Cela me rassurait un peu, en un sens, car elle semblait tellement s'impliquer dans mon cas que je m'étais demandée à plusieurs reprises si elle ne risquait pas de mourir d'épuisement si c'était ainsi qu'elle s'occupait de tous ses patients. Néanmoins, sa phrase semblait me montrer que ce n'était pas le cas... tout en me laissant perplexe sur les raisons de cette différence de traitement. Je n'osais cependant pas lui demander. Peut être avais-je peur d'entendre que c'était simplement à cause de ma différence qu'elle s'était intéressée à moi.

-Mon appartement à la clim, il y a la place pour que tu puisses t'y installer quelques temps, et je pourrai t'avoir sous les yeux en permanence.

-Si ça peut te rassurer...

-Ce n'est pas qu'une question de ce que j'en pense moi, Lili. Soupira-t-elle. Je te l'ai dit, ça ne me pose aucun problème, mais si tu n'es pas à l'aise à cette idée, je peux encore faire demi-tour. Je sais que j'ai dit que je te considérai comme une amie, mais si je me suis trompée, ou...

-Non, non! J-je le pense aussi, même si j'ai été... surprise que tu me le dise.

-Je ne vois pas de raison de ne pas le dire.

C'était bien elle, ça... cash, quoi qu'il arrive. Mais une relation personnelle entre médecin et patiente, ça ne posait pas quelques problèmes? Je n'en avais à vrai dire aucune idée, mes médecins n'avaient jamais été que des figures éloignées et floues que je ne voyais que rarement. Et je n'avais pas la moindre idée des règles auxquelles ils étaient sensés être soumis.

-De toute façon, c'est soi ça, soi l'hôpital. Finit-elle par trancher, ce qui contrasta quelque peu avec son "je peux encore faire demi-tour". Je ne veux pas risquer de te retrouver inanimée la prochaine fois.

Allo docteure?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant