Dimanche 10 juillet, 16h00, Appartement de Roman et Jelila
La clef tourna dans la serrure, et je me tendis légèrement. Du coin de l'oeil, j'observai Jelila pénétrer dans l'appartement en chantonnant légèrement, vêtue d'une longue et ample robe colorée, ses cheveux bouclés retenus par un foulard multicolore. Elle posa deux sacs de courses le long du mur avant d'enlever ses chaussures, et je battis en retraite dans le salon qui était devenu mon repère.
Je n'en sortais pas beaucoup, à l'exception de lorsqu'il me fallait satisfaire des besoins naturels ou entretenir mon hygiène. Roman ne s'en plaignait pas vraiment. Il faut dire qu'elle n'était vraiment pas souvent là, et le poids de son travail n'en paraissait que renforcée. Jelila non plus, ne s'en plaignait pas. Et ça m'arrangeait bien, parce que je ne pouvais pas totalement oublier l'étrange sensation qui m'avait prise lorsqu'elle était rentrée vendredi soir. Son comportement à mon égard n'avait pourtant pas changé, même s'il était cordial plus qu'amical - ce qui n'avait rien d'étonnant, nous ne nous connaissions pas... mais cette impression tenace que ma présence n'était pas vraiment acceptée me pesait de plus en plus...
Jelila ne travaillait plus. Bon, c'était le week end, donc je m'attendais bien à ce qu'elle ne travaille pas, mais c'était surtout le début de ses vacances. Je m'étais presque attendue à ce qu'elle passe sa journée à l'appartement, et avais craint les longs silences gênants... mais Jelila semblait toujours occupée. Lorsque je me levais, elle était déjà partie. Et elle ne rentrait qu'en milieu d'après midi, comme là, portant quelques sacs de courses. Passait-elle la journée à faire les magasins seule? Je pensais plutôt qu'elle devait retrouver des amies, Jelila avait l'air d'une personne ouverte et sociable. Je ne pouvais m'empêcher de me demander si elle leur avait évoqué ma présence, mon existence... et mon estomac se tordait à nouveau. Elle n'était pas vraiment hostile, mais cette situation devait lui peser, à elle aussi... non? Accepter une inconnue ainsi sous son toit... Roman avait beau m'appeler sa "patiente", je doutais que ce soit à quoi ressemble notre relation aux yeux de sa petite amie. Ma docteure ne semblait pas vraiment s'en inquiéter, ce qui aurait dû me rassurer.
C'était tout à fait l'inverse.
J'en arrivais au point où j'étais presque ravie de savoir que Jelila allait partir pour une semaine voir une amie dès le lendemain. C'était peut être mesquin de ma part de vouloir qu'elle s'éloigne... mais je préférais encore ne pas la voir, plutôt que de découvrir le fond de sa pensée vis à vis de ma présence chez elle. J'étais peut être parano... non, probablement parano. Mais le regard qu'elle m'avait lancée vendredi me restait en mémoire. Comme si j'avais été jaugée, jugée, déshabillée, ausculté. Jelila n'était pas méchante. Tout était sûrement dans ma tête. Pour autant, je préférais réduire au maximum nos contacts... et étant donné que Roman n'allait clairement pas accepter de me reloger ailleurs maintenant... savoir qu'elle allait partir une semaine me rassurait un peu.
Tentant d'ignorer son farfouillage dans la cuisine, je me reconcentrais sur la lecture de mon manga. Cela dura ce qui me sembla être une laps de temps infiniment court, avant que sa voix ne m'interpelle. Je sursautait presque. Tant que Roman n'était pas là, nous n'interagissions pas beaucoup... une floppée de scénarios tous plus ridicules les uns que les autres m'assaillit, et je les balayais d'une main en me levant.
-Oui? Fis-je d'une voix peu assurée en entrant dans la petite cuisine.
-Oh, excuse moi de te déranger. Fit-elle en visant le manga que j'avais oublié de reposer.
-Non, non c'est rien, vo... ne t'inquiète pas.
-C'est rapide, de toute façon. M'assura-t-elle. Tu vois le moule tout en haut du meuble? Est-ce que tu parviens à me l'attraper, s'il te plait?
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Allo docteure?
RomanceÇa y est... Lili y est presque. Après tant d'années, elle touche du doigt son objectif ultime. Cet oral, c'est la dernière étape. Mais... pourquoi se sent-elle... soudain si faible? Elle ne tombe jamais malade, pourtant... Il lui faut appeler un méd...