Chapitre 17

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Vendredi 22 juillet, 7h30, Appartement de Sara et Jelila

-Lili, ça va?

Je relevai la tête. Je me rendis alors compte que j'avais commencé à somnoler, debout, appuyée contre le mur d'entrée de l'appartement de Sara et Jelila. Je secouai rapidement ma caboche, tentant de faire disparaître cette fatigue qui menaçait de me saisir de nouveau.

-Hm... oui, ça va. Rassurai-je Sara d'une voix endormie.

-Tu parles, on dirait une zombie. Soupira-t-elle en s'approchant et en prenant mes joues entre ses mains pour analyser mon teint. Mauvaise nuit?

-Je dois te rappeler jusqu'à quelle heure tu m'as tenue éveillée? Rétorquai-je, piquée au vif.

Elle eut un rire un peu gêné.

-E-excuse moi, j'aurai dû te laisser aller dormir plus tôt...

Ce fut à mon tour de soupirer en m'extirpant avec douceur du toucher envoutant de ses paumes sur mes joues.

-Non, non, c'était cool, j'avais jamais regardé les films du Hobbit, alors... disons que cette nuit était un sacrifice dans l'optique de combler une crevasse dans ma culture.

-Oui... enfin, de mon point de vue, ce n'est pas la crevasse la plus béante. Fit-elle remarquer. Je n'arrive pas à croire que tu n'ai jamais joué à un Final Fantasy.

Je levai les yeux au ciel, mais ne put contenir mon amusement.

-Je suis sûre que je pourrai me laisser convaincre avec les bons arguments. Rétorquai-je, avec une pointe de défi dans la voix.

Mon effet fut cependant réduit à néant par le long bâillement qui ensuivit. Sara, elle, me fixait avec un regard dont je ne parvenais à saisir complètement la signification. Remarquant qu'elle s'était interrompue pour me regarder, elle reprit la confection de son café du matin.

-En réalité, je me suis dit que si tu arrivais là bas épuisée, tu aurai peut être au moins une première nuit reposante à l'hôpital. Admit-elle.

-Je... ne sais pas trop si ça marche comme ça. Répondis-je, troublée par son aveux. En plus, la voiture m'endort...

-Oh, eh bien tu vas avoir l'occasion de bien dormir. Montpellier, c'est pas exactement la porte à côté.

-Hm. Acquiescai-je, ne sachant qu'ajouter.

Un silence tomba. Aucune de nous deux ne savait vraiment quoi ajouter à tout ça. Ou peut être y avait-il au contraire beaucoup trop de choses à dire.  A te dire. A quel point j'avais apprécié cette dernière semaine passée dans ton appartement, depuis mon anniversaire. A quel point nos soirées m'avaient semblé encore plus prenantes, envoutantes, à quel point j'avais adoré partager nos passions un peu plus longtemps à tes côtés. A quel point tu allais me manquer maintenant que j'allais partir pour aller me faire opérer, et que je n'allais plus avoir de raison de rester ici, auprès de toi. A quel point cette semaine m'avait faite brûler de jalousie pour Jelila, malgré tout ce qu'elle faisait pour se faire pardonner de ce qu'elle m'avait dit. A quel point j'enviais sa place à tes côtés, place que, malgré ma présence chez toi durant presque un mois, je n'avais même pas pu effleurer. A quel point j'avais peur, aussi. Peur de passer deux semaines entières à l'hôpital, dans une ville inconnue, entourée de personnes inconnues, sans mes amis, sans toi pour venir me bercer lorsque, en pleine nuit, la frayeur allait inévitablement venir me saisir à la gorge. A quel point j'avais hâte de te revoir, après cette épreuve. Passer cette semaine chez mon père. A quel point j'espérai qu'il s'y passe quelque chose... quoi que ce soit, à vrai dire. Et à quel point j'avais aussi peur que cela arrive.

Allo docteure?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant