Mercredi 12 juillet, 6h00, Appartement de Roman et Jelila
Un violent bruit me tira du soleil, accompagné d'une floppée de jurons retenus. Je m'extirpai du sommeil, encore groggy, pour voir le soleil à peine levant percer au travers de la porte vitrée menant au balcon, la seule fenêtre du salon n'ayant pas de volets. Je mis quelques instants à me resituer, dans le canapé lit deux places aux draps complètement désordonnées, enroulés autour de ma taille et de mes jambes. A moitié somnolente, j'aurai sans doute pu replonger dans les bras de Morphée si un mouvement n'avait pas attiré mon regard. La porte menant à la cuisine s'était entrouverte très légèrement, et la tête de Roman y pointa avec lenteur et précaution, comme essayant de ne pas faire le moindre bruit, ce qui était en contraste assez comique avec le retentissement qui m'avait réveillée en premier lieu. Nos regards se croisèrent. Elle grimaça. Je souris en lui lançant.
-Salut...
Ma voix était encore complètement endormie, ça s'entendait. Mais Roman, elle, semblait déjà être fin prête à partir.
-Salut... je t'ai réveillée ?
-Non, j'ai senti ton regard. Mentis-je.
-Très drôle... désolée, j'ai fait tomber une tasse de café.
-Tu ne t'ai pas blessée ? Demandai-je en me relevant dans mon lit, non sans bailler ostensiblement.
-Non, ne t'inquiète pas. Me rassura-t-elle. Tu peux te rendormir.
J'aurai pu le faire. Mais c'était la première fois que j'étais éveillée assez tôt pour voir Roman avant qu'elle ne parte au travail, et je ne voulus pour rien au monde rater cette occasion. Je m'extirpai donc des draps qui m'enserraient à gestes lents et maladroits, tout en marmonnant un « non, je me lève » bien peu distinct. Je pénétrais dans la cuisine tandis que Roman se saisissait prudemment des morceaux de tasse éparpillés sur le carrelage – blanc, évidemment. Enfin, il ne l'était plus tant que ça, au vu de la large tache noire et fumante qui s'y était répandue. Je fronçais les sourcils.
-Le café était chaud ?
-Oui, et la hanse de la tasse aussi. Soupira Roman. Ça m'a surprise.
-Tu n'es pas brulée au moins, hein ?
Elle releva les yeux pour me fixer, une lueur amusée dans le regard.
-Tu te souviens que je suis médecin, quand même...
Je me sentis un peu stupide, je ne peux pas vraiment le nier. Mais bon, je ne savais pas vraiment si le fait qu'elle soit si attentionnée avec moi signifiait qu'elle en faisait autant avec elle-même, alors je pouvais bien m'inquiéter un peu.
-Excuse moi de m'inquiéter... boudai-je, ce qui lui tira un sourire.
-Eh bien... tu vas bien pouvoir t'inquiéter. C'était la tasse préférée de Jelila, elle va m'écorcher vive. Soupira Roman.
C'était toujours mieux qu'une brûlure.
-Tu pourras lui en racheter une. Lui répondis-je. Attends, je vais t'aider.
-Non, laisse, ne fais rien. M'arrêta-t-elle.
-Rappelle moi à quelle heure tu dois être partie ?
-... dans dix minutes. Admit-elle.
-Alors sers toi une autre tasse et laisse-moi nettoyer ça. Soupirai-je. Je ne vais pas en faire une syncope. Et avant que tu m'interrompes, je sais que ce ne serait pas une syncope.
-Je n'allais rien dire. Fit-elle d'un air innocent.
-Mouais.
Précautionneusement, je me saisis des pauvres fragments de céramique éparpillés et les mettait à la poubelle, tandis que Roman se saisit d'une de ses tasses et se servit une autre rasade de café. J'essuyai ensuite le liquide noir et chaud, en prenant bien soin de ne pas montrer que ce simple geste m'épuisait déjà bien trop pour sa simplicité. Je faisais si peu depuis que j'étais ici que j'en avais presque oublié à quel point j'avais perdu de mon endurance. Mais là, c'en était presque ridicule... éponger une tâche ! Ce n'était pas courir un cent mètre, quand même.
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Allo docteure?
RomanceÇa y est... Lili y est presque. Après tant d'années, elle touche du doigt son objectif ultime. Cet oral, c'est la dernière étape. Mais... pourquoi se sent-elle... soudain si faible? Elle ne tombe jamais malade, pourtant... Il lui faut appeler un méd...