Lundi 27 juin, 3h30, Chambre d'hôpital
Je tentais avec difficulté de reprendre ma respiration. Les couettes m'oppressaient, le silence absolu de la chambre également. Le mouvement des arbres au travers de la fenêtre, éclairés par un lampadaire en contrebas, attirait naturellement mon attention. Mon visage était inondé de larmes, mais j'essayais de ne pas faire le moindre bruit. Malgré mes poumons qui refusaient de fonctionner, malgré ma poitrine qui me lançait terriblement, malgré les hoquets que j'avais du mal à retenir, je tentais de me calmer, de forcer ma respiration à reprendre, mon rythme cardiaque à se stabiliser. Je parvins enfin à prendre une grande inspiration, et laissa échapper malgré moi un grognement. Je me figeai immédiatement. Je doutais qu'il y ait une infirmière de ronde précisément à cet instant devant ma porte, mais je n'avais aucune envie de laisser quelqu'un me voir dans cet état. Quelques secondes passèrent, dans le silence mortel de la chambre d'hôpital. Rien. Je me détendais, et la crise reprit. Pendant quelques minutes, je tentais de me calmer, avant de finalement parvenir à m'extraire de mon lit pour aller rincer mon visage trempé par les larmes. J'avais encore froid, mais ce n'était plus autant lié à ma fièvre, qui avait beaucoup chuté depuis la veille. C'était de la peur. Je sentais le point dans ma poitrine, tout le temps, et il me terrifiait. Les quelques pas qui me menèrent jusqu'à ma petite salle de bain furent presque une torture... j'atteins le lavabo essoufflée. Certes, les pleurs avaient tendance à écourter ma respiration, mais réaliser que rien que ce minuscule effort m'épuisait quand bien même l'infection virale semblait reculer m'effrayait...
Et si le diagnostic s'était trompé? Et si, en réalité, mon problème était plus grave qu'une "simple" insuffisance qui ne me poserait problème qu'en cas de maladie? Cela me faisait peur... je n'avais pas envie de rester une handicapée à vie, incapable de se mouvoir où que ce soit sans une foutue chaise roulante. Je repris mon souffle, légèrement tremblante, face au miroir de la petite salle d'eau. J'avais une sale tête - plus qu'à l'accoutumée. J'étais terriblement pale, et mes boucles blondes retombaient sur le bord de mon visage, collées à ma peau par la sueur autant que les larmes. Mais le pire était mes yeux... rougis comme si j'avais consommé quelque chose, et bordé de cernes impressionnantes. Ce qui n'avait, en soi, pas grand chose d'étonnant. C'était déjà la deuxième nuit successive où je ne parvenais pas à trouver le sommeil, et étais prise de ces soudaines crises de panique. Depuis qu'on m'avait rendu ce diagnostic. Depuis que j'avais compris que je n'allais pas sortir tout de suite de cet hôpital.
Je n'avais pas beaucoup dormi durant ma première nuit non plus, de vendredi à samedi, mais je n'avais pas fait de crise. En même temps, comment réagir en apprenant qu'on cache ce genre de problème de santé? Que c'était en parti causé par mes hormones? Mourir... ne me faisais pas autant peur que continuer à vivre en étant privée de ces foutus médicaments. C'est à eux que je me raccrochais. Roman et Fort avaient dit qu'il n'y avait pas de problème à ce que je continue à les prendre, mais s'ils s'étaient trompés dans leur diagnostic... si d'autres médecins moins compréhensifs... si... si...
Je retins un autre hoquet. Mon anxiété en tenait une bonne couche. Et l'environnement froid de l'hôpital n'aidait pas... au contraire. Tout était si froid. La nourriture était immonde. Rien que d'y penser me donnait aussi envie de pleurer. Je n'avais que mon ordinateur pour m'occuper... heureusement que j'avais pensé à prendre mon chargeur, sinon j'aurai craqué hier. Heureusement, c'était dimanche, et je n'avais eu droit aux visites que de deux infirmières pour venir prendre mes constantes. Mais nous étions désormais lundi... et viendrait ensuite mardi... puis mercredi... je n'allais pas tenir dans cet endroit. J'avais besoin de m'enrouler dans ma couette et mon plaid favoris, de me plonger et me perdre dans mes mangas, de pouvoir jouer tranquillement à mes jeux, d'être laissée tranquille. Ici, n'importe qui pouvait entrer n'importe quand. M'annoncer que j'allais partir faire une autre journée de tests, peut être? Que j'allais passer, combien de temps au juste, dans cet hôpital? Des jours? Des semaines?
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Allo docteure?
RomansaÇa y est... Lili y est presque. Après tant d'années, elle touche du doigt son objectif ultime. Cet oral, c'est la dernière étape. Mais... pourquoi se sent-elle... soudain si faible? Elle ne tombe jamais malade, pourtant... Il lui faut appeler un méd...