Lundi 8 août, 15h40, Gare de la Part-Dieu
-Tu tiens debout, tout va bien?
-Je t'ai dit que je n'ai pas mal. Tu vas finir par me croire, oui?
-Eh, tu ne peux pas dire que tu m'as habitué à dire tout le temps la vérité quand je te demande tes symptômes. Et puis, Sam m'a demandé de vérifier que tu te remettais bien de l'opération.
Je grognai, en m'adossant à l'un des nombreux piliers parsemant le long couloir de la gare, non sans jeter un regard ennuyé à Jonathan.
-Je-vais-bien. Martellai-je, avant de marmonner dans ma barbe. Physiquement...
Jonathan grimaça. Mais n'ajouta rien. Il savait que quoi qu'il dise, ce ne serait probablement pas une discussion agréable. Pourquoi? Parce que nous l'avions déjà eue. Plusieurs fois, en réalité. Et que nos avis étaient trop divergents pour que l'atmosphère ne devienne pas électrique.
L'opération s'était... relativement bien passée, deux semaines plus tôt. Et je dis relativement, dans le sens où les quelques complications subies pendant que j'étais sur la table d'opération n'étaient visiblement pas prévues par la docteure Fererra, et que j'ai eu droit à son attention unique pendant la plus grande partie de mon séjour. Je ne peux que lui en être reconnaissante, étant donné que, Jonathan n'étant pas toujours là, et Sara devant bien travailler avant que ses vacances ne commencent, la solitude m'avait frappée de manière assez brutale, associée à toutes les craintes que ces complications avaient fait naître. Mais, au bout du compte, il semblait que tout était rentré dans l'ordre. Le planning prévu avait pris un peu de retard, mais pas suffisamment pour repousser ma sortie d'hôpital. Et surtout, tant que Sara était disponible pour jouer avec moi quelques heures par soir, ou même juste discuter durant une de ses pauses lorsqu'elle était de garde, je pouvais tenir le coup.
Il était là, le hic, cependant. Passé la première semaine, ses appels s'étaient faits plus rares, et presque anecdotiques. Je m'étais rassurée, en me disant qu'elle savait juste que mon état était maintenant sous contrôle et n'avait plus autant besoin de me garder à l'œil... ou bien que c'était parce que ses vacances avec Jelila avaient débuté, et donc qu'elle devait en profiter au maximum et ne plus avoir autant de temps à m'accorder. Néanmoins, le changement brutal de comportement entre ma première semaine d'hospitalisation et la seconde ne m'avait pas laissée de marbre. J'avais même passé quelques nuits blanches à lutter contre des crises de paniques, ce qui ne m'était pas arrivé quand je m'endormais durant nos discussions.
Je ne lui en avais pas parlé, durant mes appels. Et j'avais expressément demandé à la docteure Fererra de ne pas en piper mot à Jonathan. Si Sara était désormais trop occupée pour me parler, alors je n'allais pas l'inquiéter davantage. Du moins, c'était mon avis sur la question.
Jonathan, lors d'une de ses visites, s'était persuadé que je n'avais presque pas dormi de la nuit, cependant. J'imagine qu'on ne cache pas si facilement ce genre de chose à un médecin - ou peut être qu'il me connaissait déjà suffisamment pour voir au travers de mes mensonges. J'avais été forcée d'avouer que l'arrêt soudain des séances de jeux et des longs appels avec Sara me stressaient un peu, pour justifier de mon état, sans pour autant lui dire que je n'avais pas fermé l'oeil de la nuit. Je ne sais pas ce qu'il lui dit au téléphone, ce soir là. Toujours est-il que dès le lendemain, il était reparti sur sa théorie du complot de "Jelila grande méchante a ordonné à sa soumise de copine Sara d'arrêter de me parler". C'était la raison pour laquelle il évitait le sujet tout autant que moi, désormais. Parce que je considérai qu'il était juste paranoïaque et jaloux, tandis qu'il se persuadait toujours plus de sa théorie stupide. Nous nous étions pris le bec toute la fin de mon hospitalisation, ainsi que le trajet du retour, sur le sujet. Nous étions désormais à Lyon, ma ville natale, depuis la veille. Et aucun de nous deux n'avait abordé le sujet depuis ce terriblement long et lourd voyage en voiture.
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Allo docteure?
RomanceÇa y est... Lili y est presque. Après tant d'années, elle touche du doigt son objectif ultime. Cet oral, c'est la dernière étape. Mais... pourquoi se sent-elle... soudain si faible? Elle ne tombe jamais malade, pourtant... Il lui faut appeler un méd...