Chapitre 9

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Après notre discussion dans la cuisine la soirée se déroule plutôt bien. J'ai couché Dorian dans sa chambre avant que de passer à table pour être un peu plus tranquille. On discute et on rit comme si tout les trois me connaissent depuis des années. Cela me fait un bien fou de passer un moment comme ça, avec des adultes, à m’amuser, me sentir libre et ne pas penser au passé. Du moins pas pour l’instant. Je ne pense à rien d’autre qu’au moment présent, à James à côté de moi qui n’arrête pas de me sourire et de me regarder dès que j’ai le dos tourné, parole de Peter qui me l’a dit en douce quand James s’est absenté dans la cuisine pour récupérer une bouteille.

Mes trois invités sont prêts à rentrer chez eux vers minuit, quand mon fils se met à pleurer voulant probablement un autre biberon ; qui je l'espère sera son dernier avant le plus tard possible le lendemain matin car je suis épuisée. Je soupire en me frottant le visage des mains, avant d'ouvrir la porte aux trois hommes qui sont près de moi.

― Tu veux qu'on reste pour t'aider ? propose Peter alors que les pleurs de Dorian commencent à s’intensifier.

― Je te remercie, mais ça ira ne t'inquiète pas, plus vite je lui aurais donné, plus vite je serais couchée.

― Tu peux aller te coucher et on s'en occupe.

Cette fois c’est Josh qui propose l’idée. Je dois vraiment avoir l’air exténué pour qu’ils veuillent m’aider à ce point, mais je ne veux pas profiter d’eux. Ils ont eux aussi l’air fatigué, alors je leur fais la remarque et les rassure en leur disant que je m’en sortirais. Je pousse gentiment le couple vers la porte en plaisantant et ils sortent à regret sous le porche en attendant James. Je regarde ce dernier qui sourit et qui n’est pas décidé à bouger.

― Je reste, affirme-t-il.

Peter me lance un regard plein de sous-entendus, puis me fais un clin d’œil. Je grogne tandis qu'il se met à rire, puis il finit par attraper la main de Josh, qui me sourit de la même façon que son mari et se retourne avant de partir.

― James...,

Je n’ai pas le temps de faire la moindre remarque qu’il m’interrompt déjà :

― Je ne fais pas ça pour gagner des points ou quoi que ce soit Aisling. Je vois que tu es vraiment fatiguée. Laisse-moi juste lui donner à boire, ensuite je le recouche et je pars pendant que toi tu dors, d’accord ?

L’envie d’accepter est tentante, gagner une bonne demi-heure de sommeil avant de devoir à tous les coups me relever cette nuit ne peut que me faire du bien. J’accepte donc sans trop y réfléchir davantage.

― D'accord. Laisse-moi juste préparer son biberon et tu pourras lui donner.

Je m'exécute pendant que James monte récupérer et calmer mon fils. Il redescend avec Dorian dans les bras, je lui tends le biberon que je viens de terminer de préparer. Il part s’installer sur le canapé, je l’imite et m’allonge pour fermer un peu les yeux. Je préfère attendre que James termine de nourrir Dorian pour pouvoir fermer la porte à clé et monter me coucher. Pour le moment je peux somnoler tranquillement près d’eux.

Je me rends compte que je me suis endormie quand je sens mon corps être soulevé du canapé. Je sens qu’on monte les escaliers. Je ne veux pas être porté, j’ai peur d’être trop lourde, mais je suis en même temps tellement fatiguée que je n’ai pas la force de me plaindre et de me débattre. Alors je me laisse faire, passe mes bras autour du cou de l'homme musclé qui me porte sans difficulté et enfoui ma tête dans son torse.

— Hmm, Jason.

Je sens le corps s’arrêter un instant, j’entends un murmure, je ne distingue pas les mots qui me sont chuchotés, mais j’entends la phrase d’après quand le corps reprend son ascension dans les escaliers.

― Où est ta chambre Aisling ?

La voix qui chuchote dans mon oreille n’est pas celle de Jason. Je pensais que c’était lui, je voulais que ce soit lui, mais c’est James. Même si je suis contente qu’il soit là et qu’il m’aide j’ai tout de même mal et je sens une larme que je n’arrive pas à retenir couler. J’espère qu’il ne la voit pas.

― Côté... Dorian.

Je réussis à murmurer malgré ma gorge serrée. Je sens à nouveau qu’on bouge, puis qu'il ouvre une porte, quelques secondes plus tard je suis posée sur mon lit. Je me rends vaguement compte qu'il retire la couette, il retire le gilet que j’avais enfilé en fin de soirée puis remonte la couverture sous mon menton, je suis de plus en plus emporté par le sommeil, mais je sais que je n’arriverai jamais à dormir confortablement avec mon pantalon. Avec la force qu’il me reste je me tortille pour enlever mon jean et le jette par-dessus la couette. Je ne vois pas la réaction de James mais tant pis, des lèvres viennent se poser délicatement sur mon front, trop légèrement. Je sais qu'il va maintenant partir, mais dans un excès de lucidité je réussis à attraper par le bras l'homme qui m'a aidé.

― James.

Ma voix endormie n’est qu’un murmure et je ne suis pas sûre qu’il m’ait entendu, mais je sens le matelas s’affaisser et son corps s’approcher.

― Oui, Aisling ?  

― Reste.

C’est encore plus doucement que je chuchote, je n’ose pas le dire plus fort, j’ai peur qu’il refuse. Un silence se suit et je pense qu'il est parti sans que je ne m'en rende compte.

― S'il te plaît.

Je tente de le supplier alors que je ne sais pas si je suis à nouveau seule chez moi, je n’ose pas ouvrir les yeux. J’ai peur de cette déception que je pourrais ressentir, peur de voir son regard s’il est toujours là, peur que mes larmes s’échappent si je le vois près de moi et me rend compte que je demande à un autre homme que Jason de partager mon lit, notre lit. Mais cela fait tellement longtemps qu'on ne s’est pas occupé de moi comme cela, que j'ai senti la présence d'un homme si proche de moi que je ne veux pas que cela s'arrête maintenant. Je veux continuer à sentir sa présence, sentir son odeur et ses bras chaud et rassurant m'entourer comme quand il m'a porté. J’ai besoin de ne pas être seule cette nuit, je ne veux pas craquer, je veux juste une présence avec moi, quelqu’un qui juste un moment prenne soin de moi.

Après ce qu'il me semble être une éternité, je sens la couette se soulever et un corps chaud se coller contre moi. Ses jambes nues se calent contre les miennes et son bras s'enroule autour de ma taille dans un geste affectueux.

― Je suis là, dors maintenant, dit-il avant de m'embrasser la nuque d'un léger baiser.

― Merci.

Je sais que je pleure durant la nuit, je sais que je rêve de Jason, que mes rêves sont remplacés par des cauchemars rouge, toujours plus de rouge comme beaucoup de nuit, mais je sens surtout qu’un bras vient me serrer pour m’amener contre un torse chaud. J’entends qu’on me murmure des mots rassurant, qu’on me dit que ça va aller. Et je sombre à nouveau dans le sommeil sans plus me réveiller.

Debout (Spin Off Relève moi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant