Charles Francis Coghlan est l'enfant d'une pauvre famille d'immigrants irlandais, habitant
un petit village canadien sur l'ile du Prince Edward. Selon la légende, il aurait rencontré au
cours de son adolescence une vieille femme qui prédisait l'avenir en lisant les cartes et les lignes de la main. Elle lui aurait prédit fortune et célébrité, mais que son âme ne pourrait dormir
en paix qu'une fois au coté des siens, sur sa terre natale.
Le jeune Charles impressionnait beaucoup de par son intelligence et sa vivacité d'esprit,
tellement que les gens du village se cotisèrent afin de lui payer une bonne éducation en
Angleterre. Il devint un célèbre comédien et fit le tour du monde. Sa popularité s'étendait
partout dans le monde. Alors qu'il voyageait au Texas, il eut un malaise et mourut subitement.
C'était la fin d'un grand acteur, mais le début d'une bien étrange histoire.
Le 27 août 1900, loin dans l'Océan Atlantique, à
mi-chemin entre l'Afrique et les Antilles, une tempête tropicale naissait. Le temps d'atteindre
les Antilles, elle avait pris les dimensions d'un véritable ouragan. En arrivant dans le golfe du Mexique, les rafales atteignaient près de 200
miles (320 km) à l'heure. Lorsque l'ouragan
toucha la ville, le 8 septembre, il fut accompagné d'un raz de marée de plus de 6
mètres de hauteur. Rien qu'à Galveston même,
on compta plus de 6 000 morts (près d'un habitant sur six),
plus de 30 millions de dollars
de dégâts, près de 5 000 immeubles détruits,
soit par le vent, soit par la mer. C'était - et c'est encore - l'ouragan le plus destructeur qui n'ait jamais frappé une ville d'Amérique.
Lorsque la vague de 6 mètres reflua, elle emportait avec elle non seulement des débris de
maisons, des arbres, des véhicules et des objets
personnels, mais les corps de ceux qui avaient péri dans la catastrophe, et des morts arrachés à leur sépulture : des cimetières entiers avaient
été emportés par la mer, parmi lesquels celui où Charles Francis Coghlan avait été inhumé.
Des cercueils entraînés par les flots déchaînés,
certains finirent par être rejetés sur les plages ou dans les marais qui bordent le golfe du
Mexique et les Antilles occidentales. Mais beaucoup ne furent jamais retrouvés. Certains
coulèrent sans doute, d'autres durent flotter à
la dérive pendant des années.
En octobre 1908, la première tempête de
l'hiver, qui avait balayé la côte est de
l'Atlantique Nord, s'était calmée. Les bateaux
de pêche, cloués au port depuis plus d'une
semaine, reprirent la mer l'un après l'autre.
Dans tout le golfe du Saint-Laurent, ils jetaient
hâtivement leurs filets pour essayer de rattraper
le temps perdu la semaine précédente. Un
groupe de bateaux qui pêchaient au large de
l'île du Prince-Édouard rencontra une boîte
oblongue saturée d'eau et qui flottait à peine.
Elle était complètement incrustée de coquillages
et presque invisible sous les vagues qui la
recouvraient. Sans avoir la moindre idée de ce
dont il pouvait s'agir, mais se doutant qu'elle
devait avoir une certaine importance, les marins
l'amarrèrent à l'arrière d'une de leurs
chaloupes et finirent de poser leurs filets. Après
quoi, ils ramenèrent leur « prise» à terre.
Après en avoir gratté presque toute la surface,
ils s'aperçurent que c'était un cercueil, contenant des restes humains. Lorsque la bière eut été nettoyée, ils découvrirent une plaque de métal gravée fixée au cercueil.
On y lisait :
«Charles Francis Coghlan, né en 1841 dans l'île du Prince-Édouard (Canada). Mort en 1899 à Galveston (Texas). »Charles Francis Coghlan était rentré chez lui.