Chap 1

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Pdv extérieur

Tu étais une jeune fille de dix-sept ans et, dans moins de deux mois, tu en aurais dix-huit. Tu habitais dans une petite ville entourée de forêts, ce qui était très agréable, du moins c'était censé l'être. Il y avait un seul lycée dans ta ville, tout comme un seul collège, une seule école primaire, une seule maternelle et une seule crèche. Donc, si tu n'aimais pas quelqu'un ou que quelqu'un ne t'aimait pas, vous deviez vous supporter toute votre scolarité, à part si l'un de vous deux déménageait. Il y avait aussi un orphelinat dans lequel tu vivais, car tes parents t'avaient lâchement abandonnée à la naissance.

Tu n'avais jamais été adoptée. Malheureusement, il était rare que des enfants se fassent adopter dans votre ville. D'ailleurs, vous étiez un peu la risée de votre ville et personne ne vous aimait. Les parents empêchaient leurs enfants de venir jouer avec vous et, par conséquent, ces enfants ne vous aimaient pas. Vous vous retrouviez donc seules entre vous, alors que vous n'aviez jamais demandé à naître ou à être abandonnée. Tu n'étais pas la plus vieille de l'orphelinat, il y avait une autre jeune fille qui allait avoir dix-huit ans dans une seule semaine et qui, par conséquent, se retrouverait à la rue.

Oui, ce qui vous attendait à vos dix-huit ans, c'était la rue. Vous n'aviez aucun avenir et peu de personnes pouvaient vous aider. Il était rare que des orphelins de votre ville s'en sortent, sauf ceux qui avaient été miraculeusement adoptés par des nouveaux arrivants en ville ou des personnes n'habitant pas en ville. Les anciens racontaient que tous les orphelins étaient maudits et, étant une ville très croyante, tout le monde croyait à ces histoires à dormir debout. Le seul endroit calme était la forêt, mais personne n'avait le droit d'y entrer, car personne ne ressortait vivant ou mort.

Tu n'étais pas la meilleure de ta classe, mais tu n'étais pas non plus la mauvaise. Tu voulais montrer à ta ville que tu pouvais réussir, même si le fait d'être orpheline ne changeait pas grand-chose à ta capacité à naître avec ou sans parents. Si on s'en donnait les moyens, on pouvait réussir. Tu ne demandais pas à être médecin ou avocate, mais tu voulais un métier qui te rapporterait un peu et que tu aimerais. Le problème, c'est qu'il était rare que des étudiants de votre ville soient acceptés ailleurs que dans la minuscule université de votre ville, et jamais un orphelin n'y était entré, car on les recalait.

Mais toi, tu savais que cette année, peu d'élèves souhaitaient aller à l'université et que, si on te refusait, tu avais tous les droits de déposer plainte. Et si les policiers de ta ville ne voulaient pas la prendre, tu avais tous les droits de la déposer dans une ville voisine. Mais tu savais que tu n'en aurais pas besoin. Malgré le harcèlement incessant de tes camarades de classe, tu avais un objectif fixe en tête : être diplômée de l'université de ta ville.

La dame qui s'occupait de l'orphelinat était une personne âgée, une des seules à te voir comme tu étais vraiment, un enfant gentil et attendant d'être adoptée. Mais cette gentille dame allait bientôt partir à la retraite et tu avais déjà rencontré la nouvelle gérante de l'orphelinat, et ça n'allait pas le faire. Elle était restée une heure et avait frappé presque tous les enfants en bas âge. Tu ne la laisserais pas faire, du moins tant que tu serais encore là. Si tu étais admise à l'université, tu avais le droit de rester à l'orphelinat jusqu'à ce que tu sois diplômée, mais il fallait déjà que tu sois acceptée. De toute façon, tu comptais bien postuler dans plusieurs universités.

Tu étais une jeune fille qui avait un caractère assez fort. Tu voulais toujours protéger les plus faibles que toi et tu essayais d'aider tout le monde, quitte à t'oublier toi-même. Mais tu savais aussi être méchante. Tu ne pardonnerais jamais à une personne qui te planterait un couteau dans le dos alors qu'elle se disait être ton amie. Tu ne te laissais pas harceler, et ça, les autres élèves n'aimaient pas trop. Mais tu devais être forte pour montrer à tous les plus jeunes que, dans la vie, rien ne se perd, tout se gagne, et ça marchait plutôt bien.

Tu étais donc en terminale et tu n'allais pas tarder à passer ton bac. Mais tu ne stressais pas trop malgré les moqueries. Tu n'allais pas lâcher ton objectif principal : tu voulais leur montrer à tous que c'était possible. Mais avant tout, il fallait que tu aies ton bac avec la mention très bien pour que l'université de ta ville ne puisse te dire non et soit presque dans l'obligation de t'accepter.

Plus personne ne te fera du malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant